La négritude selon Senghor
Publié le 09/08/2014
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Dans « Négritude et Humanisme « et « Négritude et Latinité « (in Liberté I, 1964), il définit la négritude comme « l'ensemble des valeurs culturelles du monde noir « et comme « la personnalité collective négro-africaine «, traduite par un commun rapport au monde : l'émotion. En effet, « la négritude est un sentir et penser nègres « : elle est donc un mouvement et non un état. C'est pourquoi le suffixe « -itude « (qui traduit une dynamique) a été préféré au suffixe « -ité « (qui traduit un état) pour rendre compte de ce qui caractérise le Nègre.

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E X P 0 S É S F C H E S
Senghor et la négritude philosophique
L'approche de Senghor est moins politique : il se place sur un plan philoso
phique et psychologique, dans
la droite ligne des thèses de Frobenius sur la civili
sation africaine.
Dans «L'humanisme et nous : René Maran », il définit la négritude
comme
le métissage « de la raison occidentale avec l'âme nègre » et récuse la
notion de pureté raciale défendue par Césaire.
La négritude doit être, pour lui, « le
rendez-vous du donner et du recevoir » et permettre le dépassement des antagonis
mes entre Noir et Blanc.
Il y a là une dimension essentielle de la pensée et de la poé
tique
de Senghor, perceptible aussi dans Éthiopiques («Le Kaya-Magan »,p.
105).
Il -l.A NÉGRITUDE SELON SENGHOR
APPROCHE THÉORIQUE ET POÉTIQUE
De 1935 à 1977, Senghor n'a cessé de définir et d'illustrer la négritude, tant
dans son œuvre poétique que dans ses écrits théoriques.
L'émotion nègre
Dans « Négritude et Humanisme » et « Négritude et Latinité » (in Liberté !,
1964 ), il définit la négritude comme « l'ensemble des valeurs culturelles du monde
noir
» et comme « la personnalité collective négro-africaine », traduite par un
commun rapport au monde :
l'émotion.
En effet, « la négritude est un sentir et
penser nègres» : elle est donc un mouvement et non un état.
C'est pourquoi le
suffixe« -itude »(qui traduit une dynamique) a été préféré au suffixe« -ité »(qui
traduit un état) pour rendre compte de ce qui caractérise le Nègre.
L'universalité
Une autre notion fondamentale de la négritude selon Senghor est l'unité : unité
de l'homme et de la nature, unité de la famille et unité du monde.
La négritude
a donc ses racines dans !'animisme africain, qui attribue une force vitale à tout ce
qui existe.
C'est par l'émotion et la connaissance intuitive que le nègre entre en
sympathie avec le monde.
On trouve dans « Congo » une illustration de ce proces
sus :
« Donc que je sois le fût splendide et le bond de vingt-six coudées/ dans
l'alizé, sois la fuite de la pirogue sur l'élan lisse de ton ventre./ Clairières de ton
sein îles d'amour, collines d'ambre et de gongo
»(p.
102).
L'image poétique su
perpose ici -au risque de l'hermétisme -les domaines de la nature élémentaire et
de la sensualité humaine, pour exprimer la force vitale unique qui anime le vivant.
Le rythme
Le rythme est donc au cœur de la civilisation et de!' art de la négritude : il est la
réalité sensible qui donne forme au mouvement même de la vie.
Le
« rythme pre
mier» que le poète cherche à reproduire, c'est« le rythme du sang» (p.
116) par
lequel
s'exprime« le pouls profond de!' Afrique».
Conclusion : La négritude telle que la conçoit Senghor repose donc sur
une union des hommes, que
le poète voit se réaliser dans la civilisation de
!'Universel, dont l'humanisme négro-africain serait Je ferment.
Il s'agit
donc de faire de la négritude un nouvel
humanisme, ancré non plus en
Europe, mais en Afrique, et qui permettrait de réconcilier
l'homme avec
lui-même
et avec le monde..
»
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