La Pléiade (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)
Publié le 14/11/2018
Extrait du document
LA LANGUE FRANÇAISE DANS LA FRANCE DU XVIe SIÈCLE
Au xvie siècle, la pratique du français n'est pas aussi généralisée qu'aujourd'hui. Au plan linguistique, la France populaire se compose alors d'une mosaïque de dialectes régionaux et de langues, certaines romanes (occitan) d’autres non romanes (comme le breton, le basque...). Les parlers d'oïl, pratiqués dans le nord du pays, sont perçus comme des variantes du français. Les parlers d'oc prédominent dans le sud (gascon, provençal, etc.) Tous ces parlers ou patois sont considérés par les poètes du xvie siècle, ceux de la Pléiade notamment, comme un riche réservoir où il leur est loisible de puiser. La France des élites est partagée entre le français, langue des rois et de l'île de France (berceau de la royauté), et le latin, langue des savants et des lettrés. Plusieurs décisions royales
UN RENOUVELLEMENT DE LA POESIE FRANÇAISE
Le xvie siècle est une période faste pour la poésie française. Dans le contexte de la Renaissance et de l'humanisme, elle se renouvelle, s'épanouit et s'impose comme une des formes majeures de l'art littéraire, notamment grâce aux jeunes artistes de la Pléiade, qui vers 1550 se retrouvent autour de goûts communs, tels que l'amour des modèles antiques, et de hautes ambitions comme celle d'être investi d'une mission sacrée. Parmi ces poètes, deux figures éminentes se détachent : Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay.
UN CÉNACLE DE JEUNES
ARTISTES NOVATEURS
Au début du xvie siècle, le grand poète français est Clément Marot (V196-1544), lié à la cour du roi François Ier et à sa sœur Marguerite de Navarre. Il pratique les genres à forme fixe comme le rondeau et joue avec toutes sortes de brillantes recettes d'écriture (jeux sur les mots, sur les rimes, développements allégoriques, etc.), prolongeant ainsi le lyrisme médiéval. La Pléiade va marquer une rupture avec cette tradition « marotique ».
Les acteurs, les lieux, le nom
Avant que n'émerge le mouvement de la Pléiade, une première école novatrice s'est développée à Lyon autour du poète Maurice Scève, influencée par la philosophie platonicienne et la poésie italienne de Pétrarque (xive siècle). Deux femmes se rattachent à cette école : Louise Lobé (1524-1566) et Pernette du Guillet (1520-1545), que Scève surnomme Délie dans ses poèmes d'amour.
• C'est vers 1550 que se retrouvent à Paris, autour de savants érudits.
un certain nombre de jeunes gens, pour la plupart gentilshommes et provinciaux. Ils s'enthousiasment pour la culture des Anciens, l'Antiquité gréco-latine. Parmi ces savants, Dorat (1508-1588) professe dans un établissement du Quartier latin, le collège Coqueret, que fréquentent Ronsard, du Bellay et Bail. Un autre lettré, Marc-Antoine Muret (1526-1585), exerce son magistère au collège Boncourt où il a pour auditeurs Jodelle et Belleau. Ces cercles intellectuels se familiarisent avec la beauté des chefs-d'œuvre grecs et latins, toujours vivace à leurs yeux. Conscients d'être liés par des intérêts littéraires, des goûts et des dégoûts communs, un appétit pour tout connaître depuis Homère jusqu'à l'astronomie et aux mathématiques, ils choisissent de faire cause commune et Dorat imagine de les regrouper sous l'appellation militaire de « Brigade ». En 1556, Ronsard, qui s'est imposé comme chef de file, lui substitue le nom de Pléiade. C'est une référence au nom d’un groupe de sept étoiles, que des poètes grecs de l'Alexandrie du ni' av. J.-C. avaient déjà choisi pour affirmer leur désir d'immortalité.
Sept noms donc : Ronsard, du Bellay, Baïf, Jodelle, Belleau, Pontus de Tyard et Dorat, figure tutélaire.
Un manifeste fondateur Joachim du Bellay, en 1549, publie Défense et illustration de la langue française. L'ouvrage fixe les ambitions de la Pléiade.
Un héritage antique prodigieux. Il convient de rompre avec l'héritage du Moyen Âge, de renouveler en profondeur la poésie française, d'égaler le génie des Anciens et de parvenir, grâce à la langue française, à cette perfection littéraire jadis atteinte avec le grec et le latin. Les modèles sont, chez les Grecs, Homère, Pindare, les trois grands tragiques (Eschyle, Sophocle et Euripide), l'auteur de comédies Aristophane et le philosophe Platon. Chez les Latins, les modèles sont Horace, Virgile, Catulle... Le souci des artistes de la Pléiade est de lire ces auteurs pour se nourrir de leurs créations, les imiter, leur emprunter genres, thèmes et procédés. Dignité et richesse de la langue. Le manifeste de du Bellay, en forme de pamphlet, s'inscrit dans un large mouvement de revalorisation du français. Jusqu'au xvie siècle, lettrés et savants pratiquaient surtout le latin et le grec, appréciés pour leur universalité. Désormais, on fait confiance au français et pour que cette langue, réputée pauvre et vulgaire, se perfectionne dans son vocabulaire, ses tournures et affirme son excellence et son efficacité, on travaille à l'embellir, à la vivifier. Ainsi, par l'ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539, il avait été décidé que les actes de justice seraient « prononcés, enregistrés et délivrés en langage maternel français et non
«
Il
renoue, dans ses Amours d'Hélène, en LES ACADÉMIES DE
condisciple -tous deux suivront leur
1578, avec son inspiration première, le LA RENAISSANCE
maitre au collège de Coqueret.
lyrisme amoureux, mais c'est désormais
là s'installe entre les deux poètes une
l'amour d'un homme mûr, conscient Sur le modèle de l'Académie (lieu où
amitié qui va durer toute leur vie (Ba·rl
de la fragilité des réalités terrestres et
enseignait le philosophe grec ancien mourra
en 1589).
Extrêmement érudit,
qui cherche à jouir d'elles avant qu'elles Platon), des académies fleurissent il compose des poèmes inspirés des
ne lui échappent.
Des vers restés dans l'Italie du quattrocento : ce sont Anciens (les Météores s'inspirent des
immortels témoignent de cet état des cercles savants, concurrents de Géorgiques de Virgile, les Mimes du
d'ame, tels ceux concluant le sonnet
l'Université, réunissant des lettrés, grec Hésiode).
Baïf fréquente la cour
Comme on voit sur la branche...
artistes ou musiciens, animés d'un
et passe presque toute sa vie à Paris,
« Ainsi, en ta première et jeune appétit
de réflexion philosophique dans une belle demeure des faubourgs
[nouveauté, et d'un désir de renouveau esthétique.
où, en 1570, il fonde une académie
Quand la terre et le ciel honoraient 1--------------1
sur le modèle de celles qui fleurissent
[ta beauté, en
Italie.
Dans le cadre de l'académie
la Parque t'a tuée, et cendre tu de
Rome et le souvenir de sa grandeur de musique et de poésie, qui est
[reposes.
passée.
�évocation est savante, nourrie sa principale réussite, il multiplie les
Pour obsèques reçois mes larmes et de références littéraires et historiques.
recherches formelles sur les vers
[mes pleurs, En même temps, elle est enrichie par
mesurés à l'antique en s'inspirant de
Ce vase plein de lait, ce panier plein des accents d'une gravité sincère.
la métrique et de la prosodie grecques ;
[de fleurs, • Les Regrets nous livrent des impressions il compose ainsi plus de deux cents
Afin que, vif et mort.
ton corps ne plus personnelles sur la vie du poète chansons mises en musique par les
[soit que roses.
» dans la Rome présente.
C'est une sorte grands artistes de son temps (Claude
les derniers vers sont l'occasion de
journal intime, rendu sublime par
le Jeune, Roland de lassus, Joachim
d'évoquer avec simplicité, gravité, le
travail littéraire, la sincérité et la Thibault de Courville, Jacques Mauduit).
parfois légèreté, la fin des choses, la
diversité des émotions.
les poèmes
vieillesse, la fatigue de vivre, mais aussi d'inspiration élégiaque nous font
la beauté qui semble pouvoir vaincre la partager les confidences faites à des
mort, comme une promesse d'éternité.
proches ; ils expriment la lassitude,
JOACHIM DU BELLAY
Du Bellay (1522-1560) eut une vie
brève, marquée par l'adversité et la
mélancolie.
Pourtant, s'il n'a pas connu
les réussites mondaines de son ami
Ronsard, il a laissé un œuvre poétique
considérable.
en Anjou, au
château de
la Turmelière,
près de liré,
du Bellay est
d'une santé
fragile et à la
suite d'une maladie, il reste à demi
sourd comme Ronsard.
Il rencontre
ce dernier en 1547 près de Poitiers
et l'accompagne à Paris.
li y suit avec
passion les cours de Dorat qui fortifient
son goût pour la poésie et les modèles
antiques.
C'est à lui que revient
l'honneur de défendre les idées qu'il
partage avec ses collègues de la Pléiade
dans le pamphlet de 1549, Défense
et illustration de la langue française.
la même année, il publie ses premiers
textes : des odes inspirées du poète
latin Horace et les sonnets de l'Olive
(prénom de la femme aimée),
composés dans le goût raffiné
et précieux de Pétrarque.
SÉJOUR ROMAIN
En 1553, il entame une carrière
diplomatique : il est le secrétaire de
son oncle, le cardinal Jean du Bellay,
envoyé par le roi Henri Il en ambassade
à Rome, auprès du pape.
Loin de la
France, malade, contraint à des tâches
subalternes dans une société qu'il
méprise pour ses mesquineries et
ses intrigues, il est rapidement déçu.
Il reste à Rome jusqu'en 1557.
DEUX MONUMENTS
le séjour à Rome, vécu comme un long
exil.
est à l'origine de deux grands
recueils poétiques, publiés en 1558
à son retour à Paris.
Il s'y impose
comme un génie du sonnet.
• Les Antiquités de Rome sont une
méditation sur le spectacle des ruines le
sentiment de solitude, la peur de
perdre l'inspiration, la nostalgie du pays
natal.
Ainsi le fameux sonnet 31 :
« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un
[beau voyage,
Ou comme cestui-là qui conquit la
[toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et
[raison,
Vivre entre ses parents le reste de son
[âge!
Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit
[village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre
[maison,
Qui m'est une province, et beaucoup
[davantage? »
les poèmes d'inspiration satirique
déploient avec beaucoup de verve
les bassesses de la vie romaine
où grouillent flatteurs, intrigants,
imposteurs et corrupteurs
UNE MORT PRtMATURI:f
À Paris, du Bellay signe une troisième
œuvre, Divers Jeux rustiques {1558),
qui contient un émouvant " Hymne à
la surdité » adressé à son ami Ronsard.
Mais le retour en France ne lui apporte
pas la gloire qu'il escomptait et, surtout,
il perd ses meilleurs soutiens, le roi
Henri Il qui meurt en 1559 et sa sœur,
Marguerite de France, qui part la même
année pour la Savoie.
Du Bellay, épuisé
par la maladie, meurt en 1560.
AUDES RGUIES
Moins connus, les quatre autres poètes
de la Pléiade sont des artistes aux
destins tout aussi singuliers que
leurs œuvres.
lean Antoine
de Bai1 est né
en 1532 à Venise,
d'une mère
italienne et d'un
père alors en
poste comme
���:!'!���(�_A ambassadeur
de François 1", le grand humaniste
Lazare de Ba·rl À douze ans, il a comme
précepteur Dorat, et Ronsard comme JODELLf
ET Lf THtATRE
ltiennelodelle
(1532-1573) est
sans doute la
personnalité la
plus tourmentée
du groupe.
Certains pans
de son existence
restent dans
l'ombre et une partie de son œuvre
écrit a été perdue.
Il est né à Paris et,
au début des années 1550, il fréquente
le collège de Boncourt.
Ses débuts
littéraires sont précoces et éclatants :
en février 1553, à vingt ans, il fait
représenter devant le roi et la cour, à
l'hôtel de Reims, sa Cléopâtre captive,
une tragédie en cinq actes et en vers.
le succès est immense et la pièce
aussitôt reprise au collège de Boncourt.
Pourtant, après des débuts fulgurants,
l'existence de l'écrivain prend une
allure chaotique.
�homme est d'un
tempérament exalté, intransigeant
volontiers instable.
Il est pétri d'aulan!
de dons (à la fois poète, musicien,
peintre, architecte) que de désirs
contradictoires (tenté par la vie
militaire, il rêve également d'une retraite
studieuse, la Réforme protestante
suscite son inlérêt puis sa hargne ...
).
En février 1558, pour son retour à Paris,
il compose un divertissement pour fêter
la victoire du duc de Guise sur les
armées impériales : ce sera un échec
cuisant.
Jodelle, malgré de puissantes
protections et les louanges que lui
adressent ses collègues (Ronsard,
Du Bellay ...
), ne se relèvera jamais
complètement de ce désastre.
En 1564,
pour des raisons obscures, il est
condamné à mort et quitte Paris.
Il y réapparaît trois ans plus tard et
y fréquente le salon de la maréchale
de Retz, le plus élégant du moment.
Favorable au roi Charles IX, il reçoit
de nouvelles commandes ainsi qu'une
riche dotation en 1572, ce qui ne
l'empêche pas de mourir dans la
misère l'année suivante.
Au plan littéraire, ce poète est un grand
novateur dans le domaine dramatique.
On lui doit la première comédie
bourgeoise du théâtre français,
l'Eugène {1552); elle met en scène un
abbé libertin, amant de la jeune Alix,
qui trompe sans états d'âme son mari
Guillaume ; la paix du trio est menacée
par le retour imprévu d'un ancien amant
d'Alix, que l'abbé Eugène réussit
à jeter dans les bras de sa propre
sœur ...
Cette comédie originale puise
aussi bien dans les traditions de la farce
française (motif de l'adultère) que dans
la comédie érudite d'inspiration
italienne et dans l'héritage antique
de la comédie latine (la construction
de la pièce doit à Plaute et à Térence).
Jodelle se distingue surtout comme
un pionnier dans le domaine de la
tragédie.
Sa Cléopâtre captive (1553)
est la première grande tragédie
française sur un sujet profane.
Une
expérience qu'il renouvelle en 1560
avec Didon se sacrifiant où, pour la
première fois en français, l'alexandrin
est systématiquement utilisé.
Dans
ces deux tragédies avant tout lyriques,
l'action est réduite au minimum :deux
femmes héroïques, Cléopâtre et Didon,
ont fait le choix de se donner la mort ;
deux femmes animées par la passion,
s'opposant à des héros (Octave, Énée)
dont les actions sont motivées par
des ambitions politiques.
BELLEAU ET LA NATURE
Rémi Belleau {1528-1577) fréquente,
vers 1550, le collège de Boncourt où
il se lie d'amitié avec Étienne Jodelle.
Après le succès de Cléopâtre captive,
qui est l'occasion de la formation du
groupe de la Pléiade, Belleau devient
un proche de Ronsard.
Ce dernier le
surnomme avec justesse « peintre
de la nature ».
Ce talent particulier
s'exprime dans trois chefs-d'œuvre :
-les Petites Inventions {1555), qui
décrivent avec lyrisme et saveur les
beautés du monde matériel comme « le
Papillon », « l'Huître », " le Ver luisant »,
« l'Ombre >>, « le Pinceau » ; dans cette
entreprise littéraire très singulière,
Belleau préfigure le poète moderne
Francis Ponge {1899-1988) et son
Parti pris des choses {1942);
-la Bergerie {1565-1572), texte
d'inspiration pastorale qui, de façon
virtuose, insère des poèmes dans une
prose poétique et fluide évoquant
le château de Joinville ;
-les Pierres précieuses (1576), où
Belleau célèbre les minéraux, perles,
diamants, rubis, etc., autant pour leur
beauté concrète que pour les vertus
magiques et les récits mythiques se
rattachant à ces objets.
PONTUS DE TYARD ET LA SCIENCE
Sa longue vie (1521-1605) n'a pas servi
sa gloire posthume.
C'est sans doute
parce que ce membre de la Pléiade
était avant tout un solitaire.
Né en
• •}..
Bourgogne dans � une famille de
� vieille noblesse,
Pontus de Tyard
fait ses études à
Paris et se voue
• à la carrière
�'l ecclésiastique
(il est fait chanoine en 1552, puis évêque
de Chalon-sur-Saône en 1578).
Dans sa
jeunesse, il fréquente les cercles lettrés
et savants de lyon (où il fait la
rencontre de Maurice Scève) et, plus
tard, à Paris où il réside assez peu,
il est intégré à la Pléiade et fréquente
notamment l'Académie de musique
et de poésie de Ba·rl À côté de poèmes
relevant du lyrisme amoureux (Les
Erreurs amoureuses, 1549-1555 -le
mot est à prendre au sens d'errances),
il consacre une grande partie de son œuvre
à la philosophie et à la science.
Des ouvrages comme le Discours du
temps, de l'an et de ses parties {1556)
ou comme l'Univers ou Discours des
parties et de la nature du monde
{1557) témoignent d'un savoir et
d'une imagination encyclopédiques.
POSTÉRITÉ DE LA PLÉIADE
Si les poètes de la Pléiade, Ronsard
en premier, établissent de manière
incontestable leur réputation dans
l'Europe de leur temps, dès les années
1600, ils sont très attaqués, voire
méprisés par les tenants de l'esthétique
classique à venir : Malherbe (1555-
1628) sous le règne de louis Xlii et
Boileau (1636-ln1) sous le règne de
Louis XIV.
Malherbe impose des règles
très rigoureuses dans la « fabrication »
des vers ; il ne croit pas à l'inspiration
ou à la « fureur » poétique mais au
seul travail sur le langage ; il s'illustre
comme un technicien du vers, et
développe cette qualité dans des
poèmes d'une grande rigueur formelle.
Plus tard, Boileau, dans son Art
poétique {1674), fait une lecture très
schématique de la tradition poétique
française, hissant Malherbe au rang
de novateur, plongeant Ronsard et ses
compagnons dans un injuste mépris.
les poètes de la Pléiade ne sont plus
lus.
C'est à l'époque romantique,
notamment grâce à Théophile Gautier,
qu'ils retrouvent une place éminente
dans notre histoire littéraire.
LE SONNET
Une des grandes innovations
formelles de la Pléiade est d'utiliser
assez systématiquement le sonnet,
un poème à forme fixe.
Il s'agit en réalité d'un emprunt à l'Italie
du quattrocento, mais surtout au poète
Pétrarque {1304-1374), auteur d'un
recueil de poèmes d'amour rédigés
en toscan (langue vulgaire, par
opposition au latin, langue savante) :
le Conzoniere.
Pétrarque y célèbre une
dame d'Avignon prénommée Laura,
dans des sonnets délicats, riches en
figures de style trés étudiées qui
magnifient sans les dénaturer toutes
les nuances expressives du lyrisme
amoureux.
Imité au 't!l' siècle par ceux
qu'on appelle les néo-pétrarquistes
italiens, le Canzoniere inspire toute
l'Europe artiste du XVI' siècle, et en
France les poètes depuis Maurice
Scève jusqu'à Agrippa d'Aubigné.
le sonnet se compose de quatorze vers
répartis en quatorze strophes : quatre
quatrains suivis de deux tercets, qui
constituent en réalité un ensemble de
six vers.
Le mètre retenu est l'alexandrin
(vers de douze syllabes.) la disposition
des rimes y est codée : la plus courante
est abba abba ccd ede (deux sortes de
rimes pour les quatrains, trois pour les
tercets.) Elle est soumise au principe
de l'alternance entre rime masculine et
rime féminine (celle-ci étant terminée
par un e muet).
Aprés avoir été acclimaté dans la poésie
française avec beaucoup d'éclat par
Ronsard et surtout du Bellay, le sonnet
a été remis en usage et brillamment
renouvelé au xrX' siècle par Baudelaire
(les Reurs du maO et Mallarmé,
au XX' siècle par Desnos, Aragon,
Queneau ou Guillevic..
»
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