La Poésie Est-Elle Par Essence Lyrique ?

« gamme est extrêmement variée et va des sentiments les plus positifs aux plus négatifs.

(exemple) Outre l'amourdéjà évoqué chez Éluard par exemple, on peut trouver la mélancolie chez Verlaine dans « Chansons d'automne », ledésespoir sous sa forme si particulière dans « Spleen » de Baudelaire, le registre élégiaque chez Ronsard qui pleurela perte de la femme aimée dans « Comme on voit sur la branche », etc..

(explication) Ses qualités intrinsèques demusicalité, de variété, son caractère métaphorique, font donc de la poésie un genre extrêmement adapté aulyrisme. (argument) Mais c'est peut-être aussi la condition même du poète et de la création poétique qui fait de la poésieest un genre intrinsèquement lyrique.

En effet, l'état d'insatisfaction générale de l'âme ressentie par de nombreuxpoètes, est écrite particulièrement XIXe siècle, le sentiment de manque et d'inachèvement propre au poète(exemple) tel que le Baudelaire le décrit dans « L'Albatros » ou Musset dans « La Nuit de Mai » crée une souffrancequi semble propre à produire l'inspiration.

(explication) Selon eux, il existe une différence fondamentale entre lepoète le commun des mortels : celui-ci voit ce que les autres ne voient pas, recense que les autres ne ressententpas, ce clivage profond le coupe de l'humanité est amène à aspirer à un idéal qui demeure cependant inaccessible.C'est cette souffrance qui permet au poète d'être un être supérieurement sensible, c'était aussi qui lui donnel'inspiration nécessaire.

(exemple) Le « frappe toi le cœur, c'est là que le génie » de Musset le dit assez bien : sanssouffrances, pas de talent.

« Les chants désespérés sont les chants les plus beaux.

».

Baudelaire évoque égalementdans le poème « Élévation », (explication) le désir d'ascension vers un idéal, l'incapacité à l'atteindre, et lasouffrance créatrice qui en découle. La poésie serait donc (1) traditionnellement plutôt tournée vers le lyrisme, (2) mais dans sa construction même, elleserait propice à l'expression (3) d’une large palette de sentiments personnels : sa forme, sa musicalité, l'abondancedes images, (4) mais également les conditions mêmes de l'inspiration et de la création qui mènerait le poète à écriresemblerait être plutôt tourné vers l'intimité et l'intériorité. Mais le poète, en parlant de lui, va du particulier au général.

Il se sert certes de son expérience personnelle, maisc'est également pour partager cette expérience qu'il écrit.

Sa poésie est donc bien une fenêtre sur l'âme mais aussisur le monde extérieur, d'autant plus qu'elle peut avoir d'autre but que la simple expression de sentiments. (thèse) Certes, le lyrisme tient une grande place en poésie, mais ce genre littéraire reste en lien avec le monde,surtout lorsque que le poète tente de rendre son propos plus universel, (plan) que ce soit pour (1) décrire, (2)enseigner, (3) ou pour combattre.

En effet, (4) les qualités de la poésie en font également un genre efficace. (argument) La poésie peut donc être en prise directe avec le monde : elle peut s’en faire l’écho, accordant unelarge place aux paysages, à la description, trouvant dans le poème en prose à partir du XIXe un support privilégié.(exemple) Dans Les Fleurs du Mal, de Baudelaire, une section s’intitule « Tableaux parisiens ».

(explication) Il ydécrit un Paris pittoresque, porteur de spleen ou source d'inspiration poétique (…) Suite du développement sur le même modèle que le I… Pas de transition après la dernière partie. Ainsi, l'une des fonctions premières de la poésie semble bien être l'expression des sentiments personnels.

Tout l'ypousse : (I) une certaine tradition littéraire, son caractère intime et personnel, une efficacité réelle quant àl'expression des émotions, voire même les conditions de sa création, et l'image que le poète a de lui-même.

(II) Maismême si cette fonction reste primordiale est encore très usitée, la poésie peut avoir d'autre but : elle s'avèreextrêmement efficace lorsqu'il s'agit d'enseigner, ou de convaincre.

L'engagement poétique a été vécu, surtout auXXe siècle, comme une nécessité, comme quelque chose de salvateur.

De simplement intime et intérieure, elledevient donc universelle et générale, et s'adapte aux aléas du monde extérieur comme elle savait le faire des aléasde l'âme humaine.

(III) Mais envisager la poésie uniquement sous l'angle du lyrisme serait effacer l'une de sesparticularités : elle permet de rénover notre regard sur le monde afin de dévoiler la vérité.

Le poète n'est plus alorsun être particulier qui s'adresse à un lecteur particulier pour lui livrer ses émotions ou un quelconque message, maisun réel voyant, un être qui sait voir au-delà du quotidien la beauté du monde et nous la livre dans ses écrits, à nousqui sommes incapables de la voir.

Le poète est, pour Victor Hugo, le « rêveur sacré », celui qui « seul a le frontéclairé ».

Il écrit donc pour les autres, pour ses lecteurs, et pas seulement pour les mêmes expressions de sessentiments personnels. Finalement envisager la poésie sous l'angle des sentiments personnels dépend grandement de la définition que l'onfait du lyrisme, car dans tout poème, le lecteur est face à l'expression d'une conscience, d'une âme, qu'elle soitamoureuse, révoltée, visionnaire et qui parle à sa propre intimité.... »