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La poétique de René Char

Publié le 30/03/2012

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Le Nu perdu ( 1971 ), Fureur et Mystère ( 1948), Recherche de la base et du sommet ( 1955), L'Effroi la Joie, Commune Présence ( 1964), A une sérénité crispée ( 1951 ), La Parole en archipel ( 1962) : ainsi rassemblés avec tout l'arbitraire que donne l'a posteriori et le mépris de la chronologie, ces quelques titres de recueils suffisent, peutêtre, dans leur tension, à donner un raccourci de la trajectoire de René Char à travers l'aventure double de la parole et de la contiguïté aux hommes....

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« ---- -------------------------------~ 664 HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE réinstaurer dans notre vingtième siècle ; mais bien la manière, le ton, plus précisément le style, empreinte dans l'écriture d'une singularité biologique, historique, mythologique et culturelle.

Ce n'est pas par hasard si Char (« A deux mérites » dans « Partage formel ») se place délibérément dans la double filiation des œuvres d'Héraclite et de Georges de La Tour.

Deux œuvres réduites à quelques traces cohérentes et fulgurantes, appuyées au réel, tournées vers l'essentiel, intentionnelles, saturées de style (au sens défini plus haut).

Héraclite « met l'accent sur l'exaltante alliance des contrai­ res », La Tour peignant le réel avec une spiritualité sans emphase «maîtrisa les ténèbres [ ...

] avec un dialogue d'êtres humains ».

L'un et l'autre entraînent notre interrogation hors de l'insécurité d'un réel insatisfaisant vers une réflexion essentielle et opérante.

« Je vous sais gré, leur dit Char, d'avoir rendu agile et recevable ma dislocation » : lucidité sans renoncement, gage d'avancée, « à chaque effondrement des preuves, le poète répond par une salve d'avenir».

L'œuvre de Char semble mûrie, pesée, définie dès Seuls demeurent, poèmes datés de 1938-1944, où « Partage formel» donne l'entier d'une conception de la poésie comme: résultant d'un travail conscient sur l'inconscient (« Le poète doit tenir la balance égale entre le monde physique de la veille et l'aisance redoutable du sommeil»); inséparable de la rencontre avec la rigueur du réel (« Terre mouvante, horrible, exquise et condition humaine hétérogène se saisissent et se qualifient mutuellement.

La poésie se tire de la somme exaltée de leur moire ») ; lieu du risque permanent (« Le poète est l'homme de la stabilité unilatérale ».

« Magicien de l'insécurité, le poète n'a que des satisfactions adoptives.

Cendre toujours inachevée.

») ; lieu de clairvoyance (« Le poète peut alors voir les contraires - ces mirages ponctuels et tumultueux - aboutir, leur lignée immanente se personnifier, poésie et vérité, comme nous savons, étant synonymes»); l'un des rares moyens d'une possible victoire («Aux uns la prison et la mort, aux ·autres la transhumance du verbe », « Salut à celui qui marche en sûreté à mes côtés, au terme du poème.

Il passera demain debout sous le vent »).

Seuls demeurent occupe une position axiale.

C'est, en amont, l'influence du surréalisme (Char fut membre du groupe surréaliste de 1930 à 1935), dont il a reconnu l'apport fondamental, une investigation profonde du champ de la pensée et de l'écriture entraînant leur libération, une agression. »

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