Devoir de Philosophie

La Religieuse (Diderot)

Publié le 11/06/2011

Extrait du document

diderot

Dans La mort au siècle des Lumières, Robert Favre s'exprimait ainsi :  « Dénonciation et appel, La Religieuse est toute entière frémissante de vulnérabilité tendue et de volonté inflexible. Dans sa longue lutte pour échapper à l'abîme du désespoir quand « il y a des puits partout «, Suzanne incarne l'esprit des Lumières où se mêlent courage et besoin de puissante protection, ingénuité et habileté, lucidité et vertige devant les gouffres «.  Vous commenterez cette citation.   

diderot

« lumières, de l'esprit, de la gaieté ».

Il est intrinsèquement lié à la genèse de l'oeuvre.

Il s 'agit donc de créer uncontact privilégié avec la marquis qu'elle nomme d'emblée « son protecteur » pour s'assurer une bonne captatiobenevolentiae.

La situation finale étant pleine de dangers (Suzanne, affaiblie physiquement se cache de la police àParis après s'être enfuie du couvent d'Arpajon) fais apparaître en filigrane l'image du Marquis.b.

Ainsi en vue de ce texte entièrement tourné vers cet homme des lumières, Suzanne crée son éthos de victime.

Ils'agit d'une vrai mise en scène de soi en vue de son destinataire.

L'héroïne met en place une véritable rhétorique ouson rôle de martyre se dessine.

Son autoportrait dans l'incipit est en fait un éloge ou elle souligne ses attraitsphysiques et spirituels.

Son innocence est d'ailleurs le motif permanent qu'elle tisse tout au long de son récit mémélors des scènes sulfureuses avec la mère d'Arpajon.

Ainsi elle anticipe les probables futurs reproches que le marquispourrait lui adresser.

Lors de la scène de sa prononciation des vœux, elle fait apparaître en filigrane le mythechristique,l'emblème-même du martyre.

De plus, elle présente à de nombreuses reprises une entité (la famille, lecouvent, l'autorité policière ...) menaçant sa singularité.

Suzane est un stratège sa propre narration.c.

Ainsi pour convaincre le Marquis de devenir son adjuvant, elle crée une écriture des sens.

La religieuse s'adresseà l'affect du marquis en faisant référence à sa foi de chrétien, à son « âme sensible » d'ou les accents pathétiquesque le texte déploie parfois.

L'écriture épidermique tend par extension à émouvoir le lecteur; Diderot avouait mêmepleurait lorsqu'il rédigeait son roman.

Les envolées lyriques se multiplient comme lors des prières de Suzanne avec lamère de Longchamps.

Au lieu du roman psychologique de l'époque dont La Princesse de Clèves de Lafayette estl'emblème Diderot propose avec sa Religieuse un roman matérialiste et spirituel.A travers la forme épistolaire, l'héroïne Suzanne Simonin se dessine comme un personnage vertueux en proie auxpersécutions d'autrui.

Le romanesque de Diderot joue vase la tonalité pathétique. *3.Par la réunion de ces motifs de la déconstruction critique du monde et du texte sensible et patthétique deSuzanne au marquis, Diderot réinvente le romanesque; La Religieuse est une oeuvre expérimentale narrant larencontre du monde et de la conscience d'une jeune femme.

A travers ces expériences, Suzanne devient pleinementune héroine des Lumières.a.

Le roman est le récit de la formation de la conscience de Suzanne Simonin et de l'affirmation de sa singularitéface aux aliénations.

De la situation initiale à la situation finale, la protagoniste entreprend progressivement de seservir de son propre entendement.

Elle refuse de se plier aux aliénations d'autrui et affirme sa volonté de vivrelibrement.

Son évolution au fil du roman se lit ainsi: d'une jeune inexpérimentée dont le début de la vie est narré à lamanière d'un conte de fées à une femme adulte dont le sort reste tragiquement en suspens.

Ainsi Kant définnissaitles Lumières comme « la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il est lui-méme responsable ».b.

De plus, Suzanne s'inscrit en pleine tradition des personnages romanesques des Lumiéres,en oscillant entre unedistante ironique face au monde et l'ingénuité essentielle.

Ces deux aspects font la richesse du roman comme del'héroine en pemettant un regard critique sur le réel, « les gouffres ».Ce procédé est d'ailleurs utilisé par Voltairedans son conte philosophique Candide et par Montesquieu dans les Lettres persanes ou des persans découvrent laFrance et Paris, et analysent, déconstruisent cette culture qui leur inconnue.Lors des scénes érotiques du roman ,Suzanne joue dece regard candide lors des scénes érotiques.

Face à la perversité, elle conserve ainsi sa vertu, son innocence.c.

Diderot crée ainsi une véritable forme-sens qui agence la force du récit de l'expérience individuelle à la viséephilosophique.

Selon Henri Coulet, La Religieuse est le seul roman de Diderot ouses deux aspects s'équilibrent.

Leromancier désirait en effet dans cette oeuvre, à la manière de Richardson créer « une maxime en action », à savoirun roman aux dimensions philosophiques empli de moralisme.

Il lui faut donc fournir au lecteur une matière qui amènela réflexion d'autant plus forte su'elle se fond das le récit des péripéties.

La vocation forcée n'est en effet pasdécortiquée à la maniére d'un traité mais mis en acte, en perspective dans une narration et des personnages.La foce du roman est le tissage entre romanesque et philosophique.

Le modèle de cette recherche de forme et defond est Richrdson comme le constate Eric Walter: « Avec R ichardson, le roman apparaît recentré, légitimité danssa mission philosophique: fournir une connaissance morale de la vie.

»***La Religieuse s'organise autour d'un démantèlement critique du réel comme dans le contexte épistolaire ou SuzanneSimonin joue de son habile candeur.

Le génie de Diderot est d'unir ces motifs dans un roman expérimental centréautour d'une héroïne représentative des Lumières.Le philosophe des Lumières a ainsi fait une peinture réaliste, sensible et utile à la connaissance des hommes et aréussi son projet initial.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles