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La rencontre des canotiers: de << "C'est prêt" >> à << sans table ni sièges >> - Une partie de campagne de Maupassant

Publié le 14/09/2018

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maupassant
La rencontre des canotiers: de << "C'est prêt" >> à << sans table ni sièges >> - Une partie de campagne de Maupassant. " C'est prêt ", dit la servante qui apparut à l'entrée. On se précipita ; mais voilà qu'à la meilleure place, qu'en son esprit Mme Dufour avait choisie pour s'installer, deux jeunes gens déjeunaient déjà. C'étaient les propriétaires des yoles, sans doute, car ils portaient le costume des canotiers. Ils étaient étendus sur des chaises, presque couchés. Ils avaient la face noircie par le soleil et la poitrine couverte seulement d'un mince maillot de coton blanc qui laissait passer leurs bras nus, robustes comme ceux des forgerons. C'étaient deux solides gaillards, posant beaucoup pour la vigueur, mais qui montraient en tous leurs mouvements cette grâce élastique des membres qu'on acquiert par l'exercice, si différente de la déformation qu'imprime à l'ouvrier l'effort pénible, toujours le même. Ils échangèrent rapidement un sourire en voyant la mère, puis un regard en apercevant la fille. "Donnons notre place, dit l'un, ça nous fera faire connaissance. " L'autre aussitôt se leva et, tenant à la main sa toque mi-partie rouge et mi-partie noire, il offrit chevaleresquement de céder aux dames le seul endroit du jardin où ne tombât point le soleil. On accepta en se confondant en excuses ; et pour que ce fût plus champêtre, la famille s'installa sur l'herbe sans table ni sièges.

Narration : le jeu des regards

 

La famille Dufour ayant été longuement - mais inégalement - décrite dans la séquence initiale, le narrateur doit maintenant présenter les personnages nouveaux. Jusque dans la séquence suivante (C), ils vont rester anonymes, indistincts et n’exister que comme les représentants d’un type sociologique (le canotier de 1880) et comme les détenteurs d’un rôle (le séducteur). Pour le lecteur de Maupassant (et pour le lecteur d’aujourd’hui, qui a pu trouver dans la littérature l'expérience de cette époque révolue), leur comportement restera, jusqu'à l’épilogue (E), conforme à leur fonction.

 

Le texte donne d’abord la vision limitée des Dufour sur les propriétaires des yoles (c’est ce qu’indique le modalisateur << sans doute >>). Il s’agit plutôt de la vision de la mère, la première à s’avancer vers la place qu’elle voudrait occuper : elle s’intéresse au teint, à la (relative) nudité et à la musculature des deux hommes, c’est-à-dire à tout ce qui les distingue de son << bonhomme » de mari. Ces qualifications les rapprochent des ouvriers (<< des forgerons ») et les rendent, aux yeux d’une bourgeoise, inquiétants (l'ouvrier appartient à une classe inférieure, dangereuse) et désirables (l'ouvrier détient une puissance virile dont le bourgeois est dépourvu). Cette vision est à la fois objective (les caractéristiques physiques des canotiers sont bien exactes), subjective (le regard de Mme Dufour n'est pas neutre) et incomplète (on ne sait rien d’autre d’eux).

 

L'emploi du démonstratif (<< cette grâce ») et la formulation d’une observation plus générale (valeur du << on » et du présent)

maupassant

« signalent ensuite le regard du narrat eur.

Lucide, il reconnaît la part de pose dans l'attitude des canotiers tout en célébrant leur beau té, fruit d'un volontaire bien différent du travail asservissant de l'ouvrie r.

C'e st dire que la pratique du sport est ici indissociable du désir de séduction.

Enfin, la composition, par un procédé comparable à la figure du champ-contrechamp au cinéma, présente ensuite la vision des canotiers, ou plutôt leur réaction devant les deux femmes : la mère, que l'on sait énorme et ridicule, fait naître > moqueur, la fille, mince et ravi ssante, d' admirati on.

Elles semblent déjà constituer un de ces couples contrastés que le cinéma aime mettre en scèn e1.

Les deux camps sont maintenant constitu és: d'un côté la fa mille Dufour, à nouveau désignée globalement par le > qui la fixe dans sa nature petite-bourgeoise, de l'autre les deux canotiers, interchangeables (>) , qui ont vu arriver les femmes et qui s'entendent à demi-mots pour mener l'a ttaque .

Psychologie : un autop ortrait critique Le comportement des deux groupes de personnages est évo­ qué de manière critique.

Les Parisiens vont manger sur l'herbe, comme Mlle Dufour l'a voulu, et même >: le programme de la partie de campagne exige une rupture comp lète avec les habitudes.

Quant aux canotiers, qui culti­ vent soigneusement l'image de leur virilité, ils jouent la comé­ die de la galanterie avec d'évidentes arrière-pensées.

Le regard acerbe de l'écrivain se tourne aussi vers lui-même qui, avec un humour chevaleresque, s'était octroyé le titre de >.

> (1 885) évoque avec nostalgie , avec. »

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