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LA RÉSOLUTION DES CONTRADICTIONS

Publié le 28/03/2015

Extrait du document

Ce qui signifie, en d'autres mots, que le surréalisme ne vise à rien d'autre qu'a un homme réunifié comme l'a parfaite­ment expliqué Maurice Blanchot dans La Part du feu (Gal­limard, 1949) :

 

«Le surréalisme est une de ces tentatives par lesquelles l'homme prétend se découvrir comme totalité : totalité inachevée et cependant capable, à un instant privilégié (ou par le seul fait de se voir inachevée), de se saisir comme totalité. Comme il est à la fois mouvement ins­piré et mouvement critique, il brasse toutes sortes de vues, de postulats, de recherches conscientes et confuses, mais l'intention principale est claire ; le surréalisme est à la recherche d'un type d'existence qui ne soit pas celui du "donné", du tout fait (il ne sait pas très bien si cette existence "autre" peut être atteinte par l'analyse, par des expériences investigatrices, comme celle de l'incon­scient, du rêve, des états anormaux, par un appel à un savoir secret enfoui dans l'histoire, ou si elle doit être réalisée par un effort collectif pour changer la vie et le cours des choses). Et en même temps il est à la recherche d'un événement absolu, où l'homme se manifeste avec

« 52 I Le rôle de la littérature .

0 l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, le haut et le bas cessent d'être perçus contradictoire­ ment.

Or, c'est en vain qu'on chercherait à l'activité surréaliste un autre mobile que l'espoir de détermina­ tion de ce point.

» .....

On trouverait sans peine dans l' œuvre de Breton, et, à un degré moindre dans celles de ses proches, de nombreux textes où s'exprime cette conviction de parvenir en un lieu de l'esprit où s'abolissent les contradictions.

Dans L 'Amour fou ( 193 7), Breton nommera ce lieu le «point sublime», le comparant à un site exceptionnel logé dans la montagne.

«J'ai parlé d'un certain "point sublime" dans la mon­ tagne.

Il ne fut jamais question de m'établir à demeure en ce point.

Il eût d'ailleurs, à partir de là, cessé d'être sublime et j'eusse, moi, cessé d'être un homme.

Faute de pouvoir raisonnablement m'y fixer, je ne m'en suis du moins jamais écarté jusqu'à le perdre de vue, jusqu'à ne plus pouvoir le montrer.

J'avais choisi d'être ce guide, je m'étais astreint en conséquence à ne pas démériter de la puissance qui, dans la direction de l'amour éternel, m'avait fait voir et accordé le privilège plus rare de faire voir.

Je n'en ai jamais démérité, je n'ai jamais cessé de ne faire qu'un de la chair de l'être que j'aime et de la neige des cimes du soleil levant.» Cette image qui traverse donc toute l' œuvre de Breton semble avoir une double origine.

Elle est explicitement empruntée, tout d'abord, à l'œuvre du philosophe allemand Hegel dont la pensée exerça une influence décisive sur Breton.

Celui-ci s'en est expliqué dans les Entretiens qu'il accorda en 1952 à André Parinaud: «Il va sans dire que ce "point", en quoi sont appelées à se résoudre toutes les antinomies qui nous rongent et qui nous désespèrent et que, dans mon ouvrage L'Amour fou, je nommerai le "point suprême", en souvenir d'un admirable site des Basses-Alpes, ne saurait aucunement se situer sur le plan mystique.

Inutile d'insister sur ce. »

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