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LA SATIRE A TRAVERS LES EPOQUES DE L'HISTOIRE

Publié le 31/07/2011

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La satire se charge de ramener les croyants à une vision plus réaliste, dénoncer le phénomène de la superstition ainsi que le pouvoir exagéré de l'Église. La satire sociale se confond alors avec la satire religieuse. Le Roman de Renart, d'auteur inconnu, n'hésite pas à se moquer des pèlerins partis en croisade, et cela par la bouche du roi, qui conseille à Renart de partir et de rester bien loin: «À son retour, il serait pire / Comme tous ceux qui y vont / On part bon, on en revient méchant »...
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« L'INTRUSION DE LA SATIRE DANS LA PRESSE Asir LA SATIRE SUR SCENE Alors que la satire provient du theatre grec, d'un «pot-pourri o scenique regroupant plusieurs formes d'expression (musique, danse, chant, declamation), elle s'achemine rapidement vers une mise en forme uniquement textuelle.

C'est a l'arrivee de pieces comme celles de Moliere as xvne siecle, oh le ridicule de certains types de personnages est montre sur scene, que la satire envahit ce domaine, renouant quelque peu avec ses origines.

Melee au comique, la satire ne cesse d'affleurer chez Moliere, au travers du Bourgeois gentilhomme, de L'Avare, de L'Ecole des femmes.

Tousles sujets sont abordes par I'auteur, et tous les comportements sont passes a la moulinette de la satire: l'hypocrisie des devots, la sottise des puissants, la cupidite de l'homme.

On retrouve en partie cette denonciation des vices humains quelques siecles plus tard, de maniere bien plus brutale, chez des auteurs du xxe siecle comme Alfred Jarry et Eugene lonesco.

Dans sa piece Ubu roi (1896), Alfred Jarry se livre a une satire guidee par rabsurde de la soil de pouvoir.

Une surenchere de betise et de cruaute anime ses personnages, a tel point qu'on ne sait plus si les personnages sont excessifs dans l'horreur ou si I'auteur n'exagere qu'a peine la realite.

Eugene lonesco se montre plus feroce que Jarry, mais depeint a sa maniere les rapports absurdes qu'entretiennent les hommes entre eux au travers de pieces comme La Cantatrice chauve, Oil deux couples passent une soirée ensemble sans rien avoir a partager.

Si ces deux auteurs sont qualifies d'ecrivains de l'absurde, ils ont integre dans leurs oeuvres la satire afin de denoncer le desordre et !Incoherence du monde. et jaloux, le nail ou le jeune homme a ragreable toumure de corps et d'esprit Les humanistes tels que Rabelais integrent en partie la satire dans leurs ecrits pour mieux ridiculiser certains travers de la societe, comme le jargon incomprehensible de quelques professions.

Dans le Tiers Livre, Rabelais fait derouler Rondibilis une serie interminable d'exposes pour expliquer comment venir a bout du desk charnel avant d'arriver a la conclusion que le dernier remede est de l'assouvir, le tout afin de devoiler l'illogisme et le ridicule de certains praticiens. LES BUTS DE LA SATIRE Cette exploitation du genre satirique, hors de toute convention formelle, procure une nouvelle dimension a ce genre litteraire.

L'auteur &nonce toujours des faits, des attitudes, manie rironie, envoie des fleches piquantes. Cependant, it ne sImplique pas personnellement: it ne vise pas une personne en particulier mais un tout, un ensemble, comme les medecins chez Rabelais.

Le comique n'est ainsi jamais un hasard dans la satire. Les humanistes, en adoptant en partie ce ton dans leurs oeuvres, montraient leur refus d'adherer a ce monde Oil selon leurs criteres la verde et l'ordre se trouvaient bafoues et trahis.

Ce refus aboutit alors a une attaque via une arme de bon sens, le rire.

Les personnages deviennent des caricatures: les scenes de banquet representent un theme de predilection dans les satires, et ('image du moine ripailleur date de cette epoque.

C'est ainsi qu'en grossissant les vices et les debuts, en poussant la derision A ['extreme, les satiristes estimaient devoiler rincoherence du monde, le discrediter.

Mais si le rire dans Ia satire peut are meprisant, jamais it n'implique la passion : le detachement et la distance de l'auteur sont deux constantes du genre. LES DENONCIATIONS PAR LES AUTEURS Ces traits de la satire en perpetuelle evolution sont repris par les grands auteurs du Nue siecle : Boileau, Moliere ou encore La Fontaine et Voltaire, les utilisent pour denoncer des travers de leurs contemporains. Boileau s'illustre particulierement dans son emploi. II debute sa carriere Werke par ses premieres Satires et s'attire des inimities puisqu'il n'epargne pas ses confreres et leur mauvais gout.

Sa quote de verde et de simplicite passe par une moquerie railleuse de la litterature futile at affectee. II parvient a discipliner le rire en le chargeant de livrer la cible designee a la risee publique.

II existe aussi chez Boileau une utilite morale a la satire: elle est le miroir revelateur des vices. Moliere emploie tout autant la satire dans ses pieces: certaines tendent a refieter fidelement la realite, ce qui accentue encore le ridicule de certains personnages (Les Precieuses L E TARTVFFE o v L1MPOSTEVR.

COMEDIE. PAR I S P.

DE MOUSSE ttrx.- -I ,,,,,,, ey ., ridicules ou Le Tartuffe). Les comedies se transforment alors en miroir public, et le rire satirique remplit parfaitement sa fonction. LA SATIRE DANS LE ROMAN MODERNE Le ridicule fait rentrer la satire dans les romans.

Sans cesse en mouvement, elle s'adapte parfaitement a recriture en prose.

La peur du ridicule propre au xvir siecle a persiste au wile et s'est inscrite dans le mode LE ROUGE T LE NOIR CIIRONIQVII DU XI NEC..EAR M.

DE STENDHAL. IMO'limn. de pensee des auteurs, qui l'emploient a bon escient Le Rouge et le Nair de Stendhal (1830) est un bon exemple de cette utilisation. Son hems, Julien Sorel, tente de s'inserer dans la haute societe parisienne, que l'auteur fustige en la presentant comme une sorte de cour Oil it faut rester «d'une nullite parfaite D.

Won Stendhal, deux ridicules coexistent: celui du heros, original at depourvu de conventions; et celui du personnage satirique, inconsistant En !'occurrence, dans son roman, Julien Sorel find par emporter !'adhesion des lecteurs, qui se gaussent des manieres absurdes de la societe mondaine. Flaubert, avec Bouvard et Pecuchet, son dernier roman (1881), presente deux hews atteints d'une betise fondamentale qui tentent par tous les moyens d'avoir acces A la science et qui evidemment n'y parviennent pas.

Son livre est en quelque sorte une satire du heros romanesque: ici, ['intrigue n'existe presque pas et les protagonistes sont ridicules.

Les personnages satiriques deviennent recurrents dans les differentes oeuvres: par le melange de la satire et du realisme, on retrouve des types comme le bouc emissaire ou le nail.

Ce dernier fonctionne de la sorte: par le regard innocent quit porte sur son environnement, it en fait apparaltre les travers, comme le Candide de Voltaire, precurseur de ce type de personnage. La creation de ces galeries de personnages, la profusion d'ouvrages au xor siecle et racces a la culture pour une part plus large de la population ont Made rarrivee de la satire dans les journaux de repoque.

La multiplication des titres, explorant tous les domains intellectuels, change la vie des Francais. La satire, pour etre comprise et pour dedencher le rire, a besoin de s'appuyer sur un certain nombre de referents. Au havers de la presse, les lecteurs decryptent mieux le quotidien, I'univers des puissants, se cultivent Tout peut devenir matiere a critique: les journaux pamphletaires LE Iiii1ETON sont legion, Wig WAcomme Le Hanneton, tree en 1868, presente comme satirique et litteraire», et les redacteurs ont souvent des plumes acerees epaulees par le talent de dessinateurs dont la liberte de ton fait la renommee de publications comme Le Rire, Psst..!, Le Canard sauvage ou encore L Assiette au beurre. Un hebdomadaire comme La Caricature de Charles Philipon, fonde en 1830, etait un journal redoute tant son ton etait mordant.

Les ecrivains succes comme Balzac ou Zola sont egalement nombreux a &ire dans ces journaux. La satire renoue finalement a cette epoque avec la tradition lucilienne, reprenant les faits d'actualite a la facon rageuse d'un Juvenal ou avec le sourire d'un Horace.

Le Canard enchaine s'inscrit dans cette vein; des dessins de presse jusqu'aux titres a double sens, it necessite de Ia part du lecteur un effort d'interpretation et suscite le rire par la denonciation de travers contemporains, quel que soil le domaine touche. LA SATIRE COMME MODE DE REFLEXION Encore plus proches de nous, les ecrivains du xte siecle ont metamorphose la satire pour I'amener a devenir un outil de reflexion, une facon de lire le monde sur deux niveaux.

Le mode comique est toujours la, la caricature egalement.

Mais I'auteur glisse de la denonciation detach& a une reflexion poussee sur les mecanismes de la societe contemporaine, bien plus engagee. Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley (1932) decrit avec ironie une societe parfaite, oil les individus vivent conditionnes, incapables de penser par eux-memes et donc contents de leur sort, jusqu'au jour oit deux d'entre eux se « reveillent D... Cette critique et satire tout a la fois du consumerisme at de remballement des decouvertes scientifiques revel aujourd'hui un caractere encore plus troublant qu'a repoque: elle remet en cause les fondements memes de la societe moderne. En 1945, George Orwell publie La Ferme des animaux, une satire des regimes dictatoriaux qui pretendent faire le bonheur du peuple.

Des ecrivains tels que Jacques Prevert ou Marcel Ayme, de facon moins radicale, ont aussi pousse leurs lecteurs s'interroger sur !'essence des rapports humains, au travers aussi bien de nouvelles que de romans ou de poemes. De la satura antique a la satire moderne, ce genre n'aura jamais cesse de faire reflechir les hommes en mettant en lumiere leurs &taut. SATIRE, PAMPHLET, PARODIE...

QUI FAIT QUOI ? La satire constitue une representation a la fois critique at comique d'un debut, d'une attitude observee dans la realite, dans quelque domaine que ce sort, autant politique que moral ou social, le but etant de faire rire d'une part et de corriger le monde de l'autre.

La satire nest pas le seul genre qui se targue de denoncer des vices: le pamphlet et la parodie s'emploient egalement a cette fonction, mais de facon bien distincte. Le pamphlet, comme la satire, est dirige vers une cible exterieure at attaque violemment les personnel, les institutions.

II est le genre le plus engage qui puisse exister; mélange d'invective, d'essai, de polemique, it tente de reveler toutes les defaillances du monde, de mettre au jour son incoherence.

Par son implication personnelle, Ia passion mise dans ses ecrits, le pamphletaire se distingue du satiriste.

La parodie utilise les memes procedes de caricature, de miroir deformant et d'ironie que la satire.

En revanche, le propre de la parodie est d'imiter avec humour un texte, de s'en saisir at d'en faire ressortir tous les defauts, de se moquer du style de I'auteur.

Les cibles favorites de la parodie sont des textes classiques, des auteurs qui font autorite.

Si la satire se nourrit du monde qui I'entoure, la parodie est dependante des textes qu'elle attaque et ne peut exister sans eux.. »

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