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LA VISION DE ROME DANS PORCIE DE ROBERT GARNIER

Publié le 02/10/2014

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LA VISION DE ROME DANS PORCIE DE ROBERT GARNIER PLAN I - La décadence de Rome Nostalgie de la grandeur de Rome La chute de Rome Un empire divisé II- Une réflexion sur le pouvoir politique La dénonciation du despotisme Les bienfaits possibles de la monarchie Quelle issue pour le peuple ? III- Une pièce sombre Un monde en proie à des tourments dignes de l'enfer Les Romains : punis ou abandonnés par les dieux Une pièce didactique qui offre une vision de la France Porcie, première tragédie écrite par Robert Garnier en 1568, prend pour sujet la république romaine finissante et présente les conséquences funestes des guerres civiles. Porcie, l'épouse de Brute, incarne le martyre de la république mourante. L'auteur présente ici une vision de la Rome antique en plein déclin. Dès l'acte I, la furie Mégère vient annoncer que Rome sera punie de son orgueil par le déchaînement des guerres civiles. Brute, l'époux de Porcie, est pourchassé par Octave, Lépide et Antoine, les membres d'un triumvirat véritablement tyrannique, pour avoir assassiné César au nom de la république et de la liberté des citoyens romains. Constatant sa défaite lors de la bataille de Philippes, Brute préfère se suicider plutôt que de tomber entre les mains de ses ennemis. Apprenant cette terrible nouvelle, Porcie, déplorant les caprices de la Fortune et s'en prenant aux dieux, préfère elle aussi la mort à une vie sous le joug de trois tyrans. Elle avala des charbons ardents sous le regard impuissant de sa nourrice qui se suicida à son tour. Dans quelle mesure la pièce de Robert Garnier propose-t-elle, en plus d'être une tragédie sur la destinée malheureuse d'une femme, une réflexion sur le pouvoir politique et sur la chute d'un empire laissant apparaître en filigrane une vision de la France déchirée par les guerres de religion ? Il sera tout d'abord pertinent de présenter les aspects qui illustrent la décadence de la Rome antique. Cela nous permettra ensuite de montrer que le contexte des guerres civiles est propice à une réflexion sur le pouvoir politique. Enfin, on analysera les éléments qui contribuent à faire de Porcie une pièce d'une grande noirceur et on montrera que la pièce s'inscrit dans une perspective didactique. ************ I - La décadence de Rome Nostalgie de la grandeur de Rome Même s'il est certain que la pièce de Garnier offre une vision de la décadence de la Rome antique sous le triumvirat d'Octave, Antoine et Lépide, on notera qu'il est aussi quelquefois fait allusion à la grandeur passée de Rome de manière nostalgique. À l'acte II, la Nourrice évoque l'ancienne puissance guerrière de Rome et rappelle que la cité a réussi à conquérir le monde. Cette évocation est d'autant plus forte que la ville est personnifiée, apparaissant telle une guerrière à la conquête du monde, et que la Nourrice s'adresse à elle par l'apostrophe, avec l'anaphore « toy » : « Toy qui dessous ton joug a l'Afrique rangee » (v. 420), « Toy qui sous ton Empire as guerriere soumis / Les sauvages deserts des Getes ennemis » (v. 425-426), « Toy, toy, qui vaillamment brandissois ton espee / Par tous les quatre coings de la terre occupee » (v. 431-432). La nostalgie s'exprime également par les répétitions de l'adverbe de temps « jadis », renvoyant à la Rome prospère, notamment aux vers 409-410 (« Rome, te vienne voir : il verra des pasteurs / Avoir été jadis tes premiers fondateurs ») ou aux vers 457-460 (« Hé Dieux! tout est perdu, si les bons citoyens, / Qui nous restent encore aux champs Thessaliens, / N'exercent plus heureux leur salutaire espee, / Qu'ils ne firent jadis sous nostre grand Pompee »), qui contraste avec les nombreuses occurrences de l'adverbe « ore (s) », notamment en anaphore dans la tirade du Choeur à l'acte II (v. 291, 295, 299, 303, 331), qui lui renvoie à la situation présente, à la Rome détruite par les guerres. La nostalgie s'exprime aussi par le recours à la tournure « Heureux qui... », aux vers 283-286, dans la tirade du Choeur (« Heureux qui d'un soc laboureur, / Loin de la civile fureur, / Avec ses boeufs cultive / Sa paternelle rive »). Ce beatus ille, qui vient de la deuxième épode d'Horace et que l'on retrouve chez Du Bellay, exprime le regret collectif des citoyens romains. La nostalgie du Choeur s'accompagne d'un sentiment de mélancolie provoqué par les guerres civiles, état qui se traduit par la tristesse et l'amertume. En effet, la tirade du Choeur, des vers 233 à 402, introduite par « Heureux qui », par la tonalité élégiaque, traduit la plainte douloureuse des citoyens romains. Le propre de la rêverie mélancolique est précisément d'aiguiser la conscience du malheur, en exagérant par contraste le bonheur passé ou celui d'autrui. Il s'agit ici d'opposer le souvenir d'un bonheur primitif à la situation actuelle, c'est-à-dire les massacres des guerres civiles. Ainsi, le Choeur, pour exprimer ce bonheur primitif, fait apparaître sous les yeux du lecteur-spectateur une terre féconde sans la guerre avec l'image de la vigne (« il estend les rameaux / D'un sep vineux sur les Ormeaux », v. 291-292, « Descouvre le raisin pourpré », v. 312), de l'élévage (« il voit paistre en la plaine / Son troupeau porte-laine », v.297-298), de l'apiculture (« Ores pour le miel doucereux / Il emmaisonne desireux / En ruches encirees / Ses avettes dorees », v. 299-302) et de l'agriculture ( avec la référence à Cérès, la déesse des Moissons, aux vers 303-306, et au verger aux vers 308-310,  « cueillant dans un verger fertile / De ses nouvelles antes / Quelques pommes flairantes »). Le choeur procède également à une énumération des animaux avec le chant des oiseaux (v. 319, 336), et avec la référence au cerf (v. 331), au sanglier (v.332), au lièvre (v. 333), aux boeufs (v. 343) ou encore aux brebis (v. 347). Le bonheur primitif transparaît donc ici dans un cadre champêtre, pastoral, où la campagne féconde se déploie sous les yeux du lecteur-spectateur, avec l'évocation d'une nature foisonnante (« coustaux bocagers », v.295, « un ruisseau fontenier », v. 316, « la tendre feuillee / D'une forest taillee », v. 317-318, « l'esbat des champs », v. 327, « la plaine », v. 342, « campagnes herbuës », v. 350), ce que l'on retrouve aussi dans les propos du philosophe Arée aux vers 737-742, « Les chemins lors estoyent ouverts à tout chacun, / Le monde universel n'avoit qu'un bien commun, / Et la terre aux saisons produisoit fourmentiere, / De son sein liberal une moisson entiere, / Sans que sur les sillons la gresle bondissant / Decoupast renversé le tuyau jaunissant ». Cette évocation nostalgique d'un passé primitif transparaît également, dans une moindre mesure, dans les propos de la Nourrice lorsqu'elle déclare, aux vers 409-414,  « Rome, te vienne voir : il verra des pasteurs / Avoir été jadis tes premiers fondateurs, / Qui pour l'antique honneur de glorieux ancestres / Receurent un amas de canailles champestres : / Lors qu'en leurs dures mains le baston pastoral / Tourna sa rude forme en un sceptre Royal ». Tout ceci montre bien que ce cadre primitif, idyllique, où on ne craint pas « la trompette animant l'assaut » (v. 287) ou « le danger de l'alarme » (v. 290) rend les citoyens romains nostalgiques. b) La chute de Rome Mais cette image de Rome n'est déjà plus qu'un lointain souvenir, elle est de l'ordre du songe, ce que révèle le vers 361, « entretenus d'un songe ». En effet, ce bonheur primitif n'est plus. La tragédie expose les conséquences d'un événement initial funeste, situé en amont de la représentation, l'assassinat de César. Ce point de départ a des incidences dramatiques : les guerres civiles. Ce sont elles qui sont à l'origine de la chute de l'empire romain. La deuxième partie de la tirade du Choeur, aux vers 355-402, constitue alors un retour à la réalité, un retour au constat des ravages causés par les guerres civiles. La rupture entre le songe et la réalité, entre l'homme heureux qui ne connaît pas les guerres civiles et celui qui ne connaît plus que cela, est marquée aux vers 355-358 par l'emploi de la négation qui vient nier toute comparaison possible entre les deux (« Non pas comme entre-nous espoins / De mille tyranniques soins, / Qui nous rendent amere / La viande ordinaire »). On notera également une distance entre le beatus ille du début et celui qui subit les conséquences des guerres civiles par l'emploi du « nous » des vers 355 à 402 qui renvoie aux malheureux citoyens romains. Le sujet de la pièce n'est pas la grandeur passée de Rome mais la république romaine finissante et les ravages causés par les guerres civiles. Le sous-titre de la pièce, « la cruelle & sanglante saison des guerres civiles de Rome : propre & convenable pour y voir depeincte la calamité de ce temps »  place d'emblée la pièce dans cette perspective et l'inscrit dans l'esthétique de la tragédie humaniste fondée sur la pitié, la d...

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Porcie, l’épouse de Brute, incarne le martyre de la république mourante.

L’auteur présente ici une vision de la Rome antique en plein déclin.

Dès l’acte I, la furie Mégère vient annoncer que Rome sera punie de son orgueil par le déchaînement des guerres civiles.

Brute, l’époux de Porcie, est pourchassé par Octave, Lépide et Antoine, les membres d’un triumvirat véritablement tyrannique, pour avoir assassiné César au nom de la république et de la liberté des citoyens romains.

Constatant sa défaite lors de la bataille de Philippes, Brute préfère se suicider plutôt que de tomber entre les mains de ses ennemis.

Apprenant cette terrible nouvelle, Porcie, déplorant les caprices de la Fortune et s’en. »

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