La vision épique Dans Les Châtiments de Hugo

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Il -ÉPOPÉE ET SIMPLICITÉ Épopée et féminité Implicitement s'exprime dans Les Châtiments une opposition entre les armées prestigieuses de la République et de l'Empire et les citoyens et civils qui, plus de trente ans après, se sont élevés contre la tyrannie par leur protestation et leur cou­ rage de dire non.

Il y a là une communauté de valeurs mais des attitudes très diffé­ rentes, qui montrent l'évolution des mœurs, tandis que la tyrannie, pour sa part, ré­ pète aveuglément ses gestes barbares.

On pourrait aussi dire que dans Les Châtiments la « douceur » se fait épique tandis que la femme devient un de ses emblèmes (Livre V, 11 ; Livre VI, 8 ; Livre VII, 7 ; Note V).

L'anonymat Si la vision épique se concentre habituellement sur des grands noms pour laisser dans l'ombre le bruit aux prises avec la fureur, il y a aussi, dans Les Châtiments, une valorisation de l'anonymat (en regard d'une stratégie burlesque autour du nom propre, voir exposé n° 3).

Qui sont en effet les héros des Châtiments ? « Femmes dans les cachots, enfants dans les pontons,/Bagnes, sénats, proscrits, cadavres, gémonies»(« Floréal», Livre VI, 14).

Enfin la victoire de ces héros simples et anonymes ne s'inscrit pas de la même manière que « Eylau, Ulm, Arcole, Austerlitz », car, à ces victoires, il faut opposer Waterloo ! La victoire des gens simples s'inscrit dans l'ordre des faits moraux, elle n'a pas le pouvoir de se manifester dans l'histoire immédiate certes, mais elle est vision révélée par le poète: «l'avenir est aux peuples! Paix, gloire,/ Liberté reviendront( ...

).

/Ce crime qui triomphe est fumée et mensonge ;/Voilà ce que je puis affirmer, moi qui songe/ L'œil fixé sur les cieux»(« Lux») .

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Ill -LE STYLE ÉPIQUE Tableaux et récits Le poète utilise les récits et les tableaux descriptifs qui peuvent avoir des lon­ gueurs très variables.

Le tableau descriptif utilise souvent le détail visuel fonc­ tionnant comme emblème ou symbole à valeur morale : les soldats de retour de Moscou apparaissent comme« Une procession d'ombres sous le ciel noir» (Livre V, 13).

Les récits ont des schémas narratifs simplistes dont les étapes sont mar­ quées par des verbes d'action à valeur dramatique ou des « mots » dramatiques restitués au discours direct.

Hyperbole et simplification Tout ce qui favorise l'ordre visuel, c'est-à-dire essentiellement l'exagération, l'agrandissement, l'hyperbolique, mais aussi, par contraste, l'unicité du motif, re­ lève ici de l'épique.

Il en va de même dans l'ordre du rythme et des sonorités: énu­ mérations, anaphores ...

(Voir les exemples cités ci-dessus.) Conclusion.

Dans Les Châtiments on peut dire que l'épique possède deux visages antithétiques mais complémentaires (épopée napoléonienne et épo­ pée des gens simples); c'est sans doute ce qui fait aussi du XIXe siècle, dans la perspective hugolienne, le plus grand des siècles.. »