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LAMARTINE : L'HOMME ET L'OEUVRE

Publié le 30/06/2011

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lamartine

 

Lorsque Lamartine mourut, Louis Veuillot écrivit un article respectueux enfin, et grave. Le style en était beau, la pensée presque équitable : « M. de Lamartine, depuis plus d'un an déjà, n'était plus de ce monde. La mort n'a fait que fermer son cercueil. Il semblait qu'il lui fallût du temps à emporter une si grande poussière... « Cette vie, disait-il encore, « apparaît comme un gaspillage immense. Il n'y a de beau, dans son œuvre, que des fragments... C'est une douleur d'explorer cette Ninive aux proportions colossales, riche de métaux précieux encombrés d'argile... « ; « vieux, humilié, infirme, et le pied dans cette antichambre de la mort où il devait rester si longtemps et si loin de la gloire humaine, il s'est enfin souvenu ; il s'est reconnu ; et par une grâce longtemps refusée peut-être, il a tiré son âme du naufrage de toutes ses splendeurs. «

lamartine

« traits et de ce regard ; et il nous le montre: Avec son bras derrière, et son œil d'un tel bleuQu'en vérité, blessé d'un trait mortel au flanc,On dirait un vieil aigle en sa gloire et son ireDressant sur l'infini son bec dru au chef blanc. Son « ire » ? Oui, il y a bien une sorte de terrible colère et d'amertume désespérée dans les dernières années deLamartine.

Des mots âpres partent de ses lèvres.

Encore sont-ils bénins auprès de ceux qu'il tait mais qu'on devinetrop bien sous la violence bridée des phrases.

En 1860, dans l'Entretien LU du Cours familier, Lamartine évoque enfrémissant les derniers jours de Machiavel : « Comme on y sent, dit-il, s'appliquant en secret à lui-même ce qu'ilécrit de son héros, comme on y sent contre la fortune ce juste et muet mépris qui est la vengeance éternelle deshommes écrasés par l'iniquité de leurs contemporains » ; puis il rappelle les paroles fameuses de Marius à l'esclave :« Va dire à Rome que tu as vu Marius assis dans la boue des marais de Minturnes, c'est toujours Marius ! »« On me reconnaîtra après moi » ; ces mots qu'il inscrit, le 16 août 1847, dans une lettre à ses nièces, le momentest venu pour nous de les recueillir et de leur donner l'accomplissement.

Lamartine fut un homme qui prit le vie ausérieux.

« Il était très secret », dit de lui Legouvé ; parole profonde et que confirment encore ces signesindéchiffrables, ces séries d'initiales mystérieuses que nul n'a pu traduire jusqu'ici, qu'on ne traduira jamais, jepense, et qui se lisent en tête de ses grands manuscrits.

Une seule chose est sûre : ces initiales figurent desprières ; ces mots que nous ne pourrons jamais lire n'étaient dits qu'à Dieu.

Sur le premier feuillet de la Chute d'unAnge, avant les signes intraduisibles, ceci, en lettres hautes : A.

M.

D.

Gloriam, et ceci, après : Vent CreatorSpiritus ! Depuis le retournement de son âme en 1819-1820, Lamartine a voulu que toute sa vie, à chaque souffle,ne fût employée qu'à cela : ad majorem Deigloriam.

Si l'on ne veut pas s'en convaincre, Lamartine nous échapperaet nous ne l'interpréterons plus qu'en le trahissant.

Ce n'est pas un personnage que nous puissions réduire à nospropres dimensions.

Il faut en prendre notre parti.

C'est un homme plus grand que son œuvre, déjà si grande.

Unetête-brûlée du Dieu inconnu.. »

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