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L’art de raconter dans la Fable

Publié le 12/09/2019

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On conte qu'un serpent voisin d'un Horloger

 

(C'était pour l'Horloger un mauvais voisinage) ...

 

(Le Serpent et la Lime, V, 16.)

 

Un Loup rempli d'humanité

 

(S'il en est de tels dans le monde).

 

(Le Loup et les Bergers, X, 5.)

 

Son détachement à l'égard d'un récit qu'il se garde de prendre au sérieux ne peut qu'amuser. C'est une des formes de l'humour (pour d'autres exemples, voir p. 147).

 

Il joue avec l'équivoque établie par le genre de la fable entre l'animal et l'homme. De fines parodies, pimentent les dialogues. \"Sa Majesté Lionne» (VIl, 6) transpose l'expression \" Sa Majesté le Roi \"• en vigueur dans les usages mondains et diplomatiques. À l'inverse, un danger crée-t-il un mouvement de panique ?

 

Mais le danger s'oublie, et cette peur si grande

 

S'évanouit bientôt. Je revois les lapins

 

Plus gais qu'auparavant revenir sous mes rnains2. Ne reconnaît-on pas en cela les humains ?

 

(Discours à Mo nsieur fe duc de La Rochifoucauld, X, 14.)

 

La transposition fait sourire.

 

Un vocabulaire ennemi de la monotonie

 

La langue de La Fontaine s'avère par ailleurs d'une telle richesse qu'elle n'engendre jamais la monotonie. Lire les Fables ne lasse pas, pour qui se montre attentif aux choix des mots et aux registres du vocabulaire. Pour faire parler chaque personnage dans la langue de sa classe sociale ou de son métier, le fabuliste recourt à tous les procédés possibles.

 

Des formules se rattachent à la langue populaire : \" Par ma barbe\" (Ill, 5) ; « Crier haro sur le baudet '' (VIl, 1), \" tirer [les] marrons du feu» (IX, 17). La langue juridique abonde comme il convient dans les

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« Ta ntôt le discours devient solennel, comme dans la bouche du « Paysan du Danube , : Romains, et vous Sénat assis pour m'écout er.

(Le Paysa n du Danube, XI, 7.) Dans une même fable, le dialogue varie d'un interlocuteur à un autre.

Aucun animal ne s'exprime comme son congénère.

Dans /!Homme et la Couleuv re (X, 1), le Serpent parle sur un ton ferme et tranchant ; la Vache est plus prolixe ; quant au Bœuf, il « rumine , en sa tête et se perd en d'interminables détours.

Aussitôt les personnages s'individual isent et prennent vie.

Le plai­ sir de les suivre dans leur univers, le temps d'une fable, s'accroît.

Donner à voir La Fontaine multiplie en outre les notations visuelles, qui d'emblée frappent l'esprit.

La description physique des animaux participe de cette technique : ils sont saisis dans leur mouvement ou dans J'une de leur s caractér istiques corporelles.

Ce qui vaut pour les bêtes vaut pour les humains.

Quatre vers suf­ fisent au fabuliste pour camper la silho uette de la Laitière : Perrette sur sa tête ayant un Pot au lait Bien posé sur un coussinet, Préte ndait arriver sans encombre à la ville.

Légère et court vêtue elle allait à grands pas.

(La Laitière et le Pot au lait, VII, 9 .) Le portrait du " Paysan du Danube » additionne les détails sug­ gestifs : Son menton nourrissait une barbe touffue, To ute sa personne velue Représentait un Ours, mais un Ours mal léché.

Sous un sourcil épais il av ait l'œil caché, Le regard de travers, nez tordu, grosse lèvre.

(Le Paysan du Danube, XI, 7.) Les indications sont si précises qu'on pourrait le dessiner .

De même dans cette scène champêtre où un Loup voit :. »

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