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L'ART POUR L'ART (Histoire de la littérature)

Publié le 14/11/2018

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L'ART POUR L'ART. C’est dans la veine épurée du romantisme, celle qui se fait jour dans les Odes et Ballades (1826), puis dans les Orientales (1829), que se situe la tendance (car il ne s’agit pas d’une école) de l’art pour l’art, et l’admiration de Gautier pour Hugo en témoigne. La préface de Mademoiselle de Maupin (1834), qui fait figure de manifeste de l’art pour l’art, reprend la préface d'Albertus (1832), le deuxième recueil de poèmes de Gautier; manifeste qui n’en est pas tout à fait un, d’ailleurs : l’auteur, comme dans le roman, s’y amuse (parfois sérieusement), et le même élan, la même « impertinence » (le mot est de Serge Fauchereau dans son essai sur Gautier en 1972) s’y trouvent, la même fougue aussi. Mais il s’agit ici, comme dans un roman de cape et d’épée, de pourfendre l’adversaire : le bourgeois, qui, décidément, après les événements sanglants de 1830, tient le pouvoir et voudrait bien bâillonner les jeunes insolents, ceux qui forment le Petit Cénacl, tels Gautier, Nerval ou Petrus Borel. La préface raille les critiques de tout poil, et en particulier les critiques moraux, ces « Tartufes » qui flairent partout l’indé

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« On parle beaucoup actuellement de littérature « engagée », c'est-à-dire de cette littérature qui prend parti, soitpour les défendre, soit pour les attaquer, pour ou contre certaines tendances politiques, sociales ou religieuses del'époque.

Certains pensent que la littérature ne peut que gagner à rester complètement étrangère à ces diverscourants.

Que vous en semble? Une telle attitude est-elle d'ailleurs possible pour ceux qui écrivent? Ou bien, commel'assurait A.

France, «une littérature est-elle l'œuvre du public aussi bien que des auteurs » ? Introduction.

— Le temps du dilettantisme semble bien passé.

L'homme · moderne ne peut guère se contenter d'assister en spectateur indifférent ou amusé aux luttes qui se livrent autour de lui.

On le somme de prendre parti etd'entrer dans la bataille.

Le littérateur ne fait pas exception.

Il se voit refuser le droit de se consacrer au serviceexclusif de l'art et du beau.

Son art doit être utile à la cause pour laquelle on veut l'enrôler.Que penser de cette conception de l'œuvre littéraire ? La littérature peut-elle s'engager à fond pour la réalisationd'un certain, ordre politique, social ou religieux ? I.

La notion d'engagement. — Avant de répondre à cette question, il convient de préciser ce qu'il faut entendre par « engagement » et par « littérature engagée ».Les mots « engagée » et « engagement » dérivent de « gage ».

Le gage, nous dit Littré, est le « dépôt qu'on fait dequelque objet entre les mains d'autrui, pour sûreté d'une dette, d'un emprunt ».

Par extension, ce mot désigne aussi« tout ce qui est assimilé à un gage comme garantie »; « donner des gages » ne consiste pas nécessairement àdéposer entre les mains d'un autre quelque objet de valeur, mais à poser des actes qui « engagent » l'avenir, c'est-à-dire rendent difficile sinon impossible une reprise de sa liberté.La notion d'engagement semble donc bien claire : l'engagement est l'acte par lequel on contracte une obligation ouencore l'obligation contractée par une détermination personnelle.

C'est bien la signification de ce mot dans des casfort nombreux : nous parlons de contracter un engagement .le trois ou de cinq ans — sous-entendu : à l'armée —;un industriel enrage à l'essai ou définitivement un ingénieur qui, de son côté, s'engage au service de l'entreprise deson patron; le mariage, lui aussi, constitue un engagement à l'égard du conjoint.Mais, à côté de cette sorte d'engagement, qu'on peut appeler l'engagement actif, il y a un engagement passif : onse trouve engagé sans l'avoir voulu.

Nous ne sommes pour rien dans notre naissance, qui nous a fait venir au mondeau XXe siècle, dans une famille de paysan ou dans une famille d'avocats.

Du fait de notre naissance, nous avonsdes intérêts, une éducation, une conception de la vie qui nous distingue et nous situe vis-à-vis des autres : noussommes engagés sans nous être jamais engagés.

L'engagement ne peut donc pas être défini comme l'acte par lequelon contracte une obligation; on peut se trouver engagé sans aucun acte personnel.Sans doute, le fait d'être nés dans une classe sociale déterminée ne nous contraint pas d'adopter toutes les idéesde cette classe.

Nous pouvons, réfléchissant sur l'éducation reçue et soumettant à la critique les opinions de notremilieu, parvenir à des conceptions personnelles à la défense desquelles nous nous engageons alors par un actepersonnel.

Nous passons alors de la catégorie de ceux qui se trouvent engagés sans l'avoir voulu à celle de ceux quise sont engagés volontairement.

Il y a donc bien deux sortes d'engagement.De là l'ambiguïté du terme de « littérature engagée » et des termes analogues.Dans un certain sens — au sens de l'engagement passif — est engagée toute activité littéraire au service d'unecause : littérature engagée, les campagnes de pamphlets ayant pour but de déconsidérer un ennemi personnel;littérature engagée, la production d'un journaliste qui vend sa plume au plus offrant.Mais en parlant de « littérature engagée », on songe ordinairement à la forme active de l'engagement.

On sereprésente un écrivain qui, ayant pris conscience de la noblesse et de l'importance d'une cause, décide de lui vouersa vie, non par intérêt ou par impulsion aveugle, mais par amour réfléchi du bien.Après ces distinctions préliminaires, nous pouvons revenir à la question et nous demander ce qu'il faut penser de lalittérature engagée.

Pour y répondre, nous la subdiviserons en nous plaçant successivement au point de vue dulittérateur ou de l'écrivain et au point de vue de la littérature. II.

L'engagement du littérateur.

— La production littéraire est l'œuvre de l'écrivain.

Par suite, se demander s'il est bon oui mauvais que la littérature soit engagée, c'est poser la question de rengagement de l'homme de lettres.Celui-ci doit-il planer au-dessus de la mêlée dans laquelle se débattent ses contemporains ou, au contraire, mettresa plume au service d'un parti ou d'une cause ?Pour faire à cette question une réponse de principe, il suffira de rappeler que l'écrivain, lui aussi, est un homme, etcomme tel soumis aux obligations de tout être doué de réflexion et de liberté.

II n'a pas le droit, au nom de l'art oude la littérature, de rester à l'écart des préoccupations de ses contemporains et de refuser son concours auxcauses qu'il estime justes et bonnes.

Mais pour porter un jugement qui ne soit pas commandé par ses préjugés etses passions, il lui faudra d'abord se dégager, prendre un certain recul, faire abstraction de ses préférencesspontanées et de ses intérêts personnels, pour ne voir que le bien général.

Alors seulement il pourra ou même devras'engager, mais il ne le devra que dans la mesure où, par son engagement, il compte pouvoir contribuer au progrèshumain.Il ne saurait donc être question, pour tout écrivain, de militer pour une conception politique, sociale ou religieuse.Tout d'abord, pas plus qu'un autre, l'écrivain ne peut se mentir à lui-même et aller au-delà de ses certitudes.

Pours'inscrire à un parti politique, il faut être convaincu que là se trouve la vérité et l'avenir Bu pays.

La conviction doitêtre plus ferme encore quand il s'agit de faire partager ses idées aux autres, et la loyauté interdit de se constituerle propagandiste de doctrines dont on n'est pas certain.Ensuite, il y a d'autres manières que l'engagement dans un parti de s'intéresser au progrès de l'humanité.

Tout lemonde admettra que le chirurgien qui fait avancer son art et le chimiste qui travaille à la découverte de nouveauxprocédés de synthèse rendent service aux hommes.

Ne peut-on pas en dire autant du romancier, qui, en marge des. »

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