L'AUTRE MONDE COMME UNE SCÈNE DE QUIPROQUO (LITTERATURE)

Dans la littérature arthurienne, l’Autre Monde est un espace à géométrie variable. Il constitue à ce titre un motif typiquement romanesque ; sa signification, quels que soient les échos celtiques, chrétiens ou gréco-romains qu’il laisse entendre, relève du champ symbolique. Or ce dernier varie d’une œuvre à l’autre en dépit des thèmes, des personnages et des schémas narratifs communs qu’atteste tout récit particulier. En ce sens la lecture du motif de l’Autre Monde devrait prêter attention simultanément à deux ordres de signification : typologique et textuel. Chaque roman opère une rencontre de ces deux ordres. Il s’en fait le lieu de convergences, mais aussi de tensions, de conflits conscients et inconscients d’interprétation. Ainsi, pour être reconnaissable dans chacun de ses avatars romanesques, l’Autre Monde n’en apparaît pas moins altéré, contaminé par le tissu de l’œuvre, assujetti à une intention narrative particulière.

         Nous aimerions, pour commencer, formuler l’ordre typologique auquel appartient le motif de l’Autre Monde à travers quatre points qui, cela va de soi, n’ont nullement la prétention à l’exhaustivité. Leur utilité consisterait essentiellement à tracer un type idéal (au sens wébérien), c’est-à-dire un modèle abstrait qui, en tant que tel, n’existe dans aucun texte particulier, mais qui permettrait de voir dans quelle mesure un récit s’inscrit ou ne s’inscrit pas dans cet horizon commun de sens.