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LE CHATIMENT DES PAIENS (vers 2397-3674)- LA CHANSON DE ROLAND

Publié le 02/05/2011

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La poursuite de Charlemagne (vers 2.397-2.569). — Charlemagne, en toute hâte, a repassé les monts. Mais quand, enfin, après tellement d'efforts pour arriver à temps, après tellement d'impatience et d'angoisse, il parvient à Roncevaux, le silence et la mort règnent sur le champ de bataille. Les chemins et la lande sont jonchés de corps sans vie ; pas une aune, pas un pied de terrain où ne gise un Français ou un païen. Dans la désolation de la plaine muette, Charles appelle ses vaillants chevaliers, ceux qu'il a laissés là pour l'arrière-garde. Mais à quoi bon? Personne ne lui répond !

CLXXVII Charles s'écrie : n Où êtes-vous, beau neveu ? Où est l'archevêque ? Où le comte Olivier ? Où est Gérin et son compagnon Gérier ? Où est Oton ? Et le comte Bérenger ? Et Ivon et Ivoire, que j'aimais tant ? Qu'est devenu le gascon Engelier ? Et Samson le duc ? Et le vaillant Anséïs ? Où est le vieux Gérard de Roussillon ? Où sont-ils, les douze pairs que j'avais laissés ici ? « Mais à quoi sert son appel quand pas un ne répond ?

« s'attaquent aux Français.

Les Français lui crient : a Charlemagne, à notre aide ! » Mais il est empêché de lessecourir : car un grand lion sort d'une forêt, féroce, menaçant, et bondit sur lui.

Ils combattent corps à corps.

EtCharles ne peut savoir lequel des deux a finalement le dessus.Après ce songe lui en vient un autre.

Il rêve qu'il est en France, à Aix, sur un perron, et qu'il tient un ours enchaînépar deux chaînes.

De la forêt d'Ardenne il voit venir encore trente autres ours, qui parlent comme des hommes et quidisent : « Sire, rendez-le-nous ! Il n'est pas juste que vous le reteniez davantage.

Nous devons secourir notreparent.

» Mais, de son palais accourt un lévrier qui s'attaque à l'ours le plus grand.

Entre eux se livre un combatprodigieux.

7.2,t Charles ne peut savoir lequel des deux est finalement vainqueur.Charles, sans s'éveiller, a dormi jusqu'au lendemain.

Ses songes sont venus et s'en sont allés : les a-t-il retenus ?les a-t-il compris ? en a-t-il perçu le sens prémonitoire? Il est clair, en tout cas, que Dieu, sans le ménager, luiprépare de nouvelles besognes et réclame de lui de nouveaux services.

C'est qu'en effet, d'abord, à la tête d'uneimmense armée va survenir le terrible émir Baligant, Baligant en qui s'incarnent tout l'orgueil et toute la puissance dupaganisme et avec lequel l'empereur, au cours d'une grande bataille, sera engagé de sa personne dans un duel àmort. ** * Baligant au secours des païens (vers 2.5702.844) — Depuis longtemps déjà les païens l'attendaient.

Dès la premièredes sept années que Charlemagne devait passer en Espagne, Marsille lui avait adressé ses brefs, le requérant de luivenir en aide à Saragosse et ajoutant que, s'il y manquait, force lui serait à lui-même d'abandonner les dieux de sareligion, de recevoir la loi chrétienne et de conclure la paix avec les Francs.

Et combien, maintenant, les Sarrasinsauraient besoin qu'il arrivât ! Le malheur s'est abattu sur eux et ils ne savent plus vers quelle espérance se tourner.Marsille, leur roi, est revenu de Roncevaux le poing tranché.

Descendu de cheval, à peine débarrassé de ses armes,il s'est écroulé sur l'herbe du pré.

On l'a emporté, perdant son sang, dans la chambre de son palais.

Tous les sienspoussent des lamentations déchirantes.

Les païens maudissent Charles, maudissent la France et ils vont, cessinguliers fidèles, jusqu'à maudire leurs dieux : ils courent aux statues qu'ils ont dans leurs sanctuaires ; ils lescouvrent d'injures ; ils dépouillent leur Apollin de son sceptre et de sa couronne, l'abattent de son piédestal, lepiétinent, le brisent à coups de bâton; ils traitent de même Tervagant ; et quant à Mahomet, 'ils le précipitent dansune fosse où il sera foulé et déchiré par les porcs et les chiens.

La reine Bramimonde unit ses cris de désespoir à larage de vingt mille Sarrasins.

Or, l'émir avait entendu l'appel du roi Marsille ; et s'il n'y avait pas aussitôt répondu, c'est que lointaine était sarésidence, et qu'immense était l'empire dont il avait à convoquer les rois, et que longue était la route pour venir délà-bas, du fond des terres de l'Orient.

Mais, après avoir rassemblé les hommes de quarante royaumes, il les avaitembarqués dans le port d'Alexandrie et, aux premiers beaux jours de l'année, en mai, il avait lancé sur la mer toutesses armées.Voici qu'alors une flotte innombrable de vaisseaux de toute espèce fait force de voiles et de rames vers l'Occident.Au sommet des mâts et des hautes proues brillent à profusion les escarboucles et les lanternes.

La nuit, la mer enest tout illuminée.

Quand les païens atteignent les côtes d'Espagne, ils n'ont pas besoin d'autre lumière pour leurrendre la terre visible ; et quand, quittant la mer, ils entrent clans les eaux douces de l'Ebre pour en remonter lecours, c'est assez pour éclairer leur navigation.Les escadres abordent finalement non loin de Saragosse.

L'émir sort de son vaisseau, en somptueux équipage, suivide dix-sept rois et d'une foule de comtes et de ducs.

Il réunit ses hommes pour leur signifier ses intentions.

Aumilieu de la plaine, sous un laurier, on a jeté un tapis de soie blanche et dressé un siège d'ivoire.

C'est là que leSarrasin prend place, tandis que tous ses chevaliers restent debout autour de lui.

Il parle, et les premières parolesqui sortent de ses lèvres peignent son Insolent orgueil.

Il proclame qu'au roi Charles, l'empereur des Français, ilrefuse le droit de manger sans sa permission.

Il ira, dit-il, le chercher en France, jusqu'à Aix, s'il le faut ; et il n'auracesse, dût-il y passer sa vie, qu'il ne l'ait mis à mort ou réduit à s'avouer vaincu.

En gage de sa résolution il frappeson genou de son gant droit.

Puis il s'occupe d'informer Marsille de son arrivée.

Et dans le bref qu'il lui adresse parses deux messagers Clarien et Clarifan, il répète sa résolution de tout faire plier devant sa volonté.

Qu'en signe deson engagement Marsille reçoive le gant et le bâton d'or qu'il lui envoie ! Et que le roi vienne aussitôt lui fairehommage de sa terre ! Quant à lui, il ira porter la guerre en France : si Charlemagne, dit-il, ne vient passpontanément se coucher à ses pieds pour implorer sa merci, s'il n'abdique pas la loi chrétienne, il saura lui arracherla couronne de la tête ! * * * A Saragosse, ce sont de sombres nouvelles que recueillent Clarien et Clarifan.

Quand ils ont franchi les dix portes etles quatre ponts de la cité, naguère si redoutée, ils arrivent, à travers le bourg, au palais qui domine et qui retentitde lamentations.

Tout le peuple sarrasin est là, criant son désespoir, pleurant son roi mutilé, pleurant Jurfaleu leBlond, décapité, pleurant l'Espagne, qui va devenir la proie de l'ennemi.Les messagers mettent pied à terre et s'avancent, solennels, au milieu de la foule consternée, fiers, pour leur part,de la puissance de leur maître.

Ils laissent leurs chevaux sous un olivier, où deux Sarrasins les prennent par les. »

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