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LE CLASSICISME

Publié le 29/03/2012

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Une certaine image a longtemps régné sur l'histoire littéraire du XVIIe siècle. Sous la haute et active protection de Louis XIV, un groupe d'amis, Molière, La Fontaine, Racine, aurait, sous la direction de Boileau, élaboré et appliqué une doctrine, la doctrine classique, fondée, pour l'essentiel, sur la souveraineté de la raison, l'obéissance aux règles et l'imitation des Anciens. Cette doctrine, déjà pressentie par les grands écrivains de la première moitié du siècle, aurait, dans la seconde moitié, entraîné l'adhésion quasi unanime du monde littéraire - public, critiques et écrivains - et donné naissance, en dehors des oeuvres des écrivains déja nommés, à celles de La Rochefoucauld, de Mme de Sévigné, de Bossuet, de Mme de La Fayette ... De cette image, nous le verrons d'abord, il ne reste à peu près rien aujourd'hui....

« 72 MANUEL D'HISTOIRE LITTERAIRE DE LA FRANCE de Sophocle qu'à La Porte étroite de Gide, par exemple -que nous appelons aussi "classiques"· Ce sont ces traits qu'il nous faudra, ensuite, tenter de définir.

* Louis XIV n'a pas suscité, ni commandité, ni même protégé de manière continue et consciente l'œuvre de nos grands classiques.

Au début du règne, certes, la liberté de mœurs du jeune roi, sa relative liberté d'esprit, ont pu encourager certaines hardiesses de Racine ou de Molière, et Louis XIV soutient celui-ci - avec une efficacité d'ailleurs douteuse - contre les assauts des dévots.

Son goût de la pompe et de la grandeur, d'autre part - voir Versailles -, doit se plaire au déploiement majestueux de la tragédie.

Mais, pour l'essentiel, Louis XIV et Colbert protègent la litté­ rature dans la mesure où elle sert l'éclat des fêtes royales ou la politique de prestige du régime, les écrivains dans la mesure où ils sont de bons courti­ sans.

Aussi Louis XIV sacrifiera-t-il Molière à Lulli quand celui-ci l'amusera davantage (1672).

Et lorsque Boileau et Racine se furent introduits dans les hautes sphères de la cour - non par l'éclat de leurs œuvres, mais par leur adresse à s'insinuer dans le cercle de Mme de Montespan, maîtresse du roi, et de Mme de Thiange, sœur de celle-ci 1 - Louis XIV s'attacha les deux écrivains comme histo­ riographes, ce qui les obligeait de ce fait à renoncer à toute autre activité littéraire 2 • Plus tard, le roi, qui, 1.

Primi Visconti nous parle de • Mme de Thiange, laquelle prisait beaucoup Racine parce qu'il avait une belle carrure, et res­ semblait à M.

de Marcillac, qu'elle avait aimé autrefois •· 2.

JI faut dire que Racine, dont la renon­ ciation à la tragédie nous choque particu­ lièrement, ne semble avoir nourri à cet égard aucun regret, pas plus, à une ou deux exceptions près, que l'ensemble de ses contemporains.. »

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