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LE CLASSICISME

Publié le 02/09/2013

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LA dilection si particulière accordée par la France, et surtout par la France du xxe siècle, à sa littérature classique, l'originalité déroutante de ce classicisme, presque aussi différent de l'antiquité gréco-latine que des classicismes fort approximatifs d'autres littératures modernes, sont pour beaucoup d'observateurs étrangers une source de constant étonnement. Le classicisme français du xviie siècle constitue en effet un phénomène fort singulier.

A un moment où les splendeurs littéraires de l'Italie et de l'Espagne connaissaient, après la Renaissance et le Siglo de Oro, un rapide déclin; où l'Allemagne, dévastée par la guerre de Trente ans, ne comptait guère en Europe; où l'Angleterre, en proie aux guerres civiles, traversait la période la plus troublée de son histoire et produisait une littérature de pensée politique, de satire, de comédie fort libre et de lyrisme individualiste, la France de Richelieu et de Louis XIV tentait, seule, d'endi¬guer le flot désordonné de la Renaissance qui avait emporté l'ordre unitaire du moyen âge. Elle était lasse de ses dissensions religieuses, de ses nobles jaloux du pouvoir royal, de sa Fronde. Elle voulut substituer quelque clarté à la confusion de l'âge précédent, dompter ce que l'on a depuis lors appelé son romantisme latent, ramener les êtres et les choses à leurs éléments intelligibles. C'est vers 166o que l'on s'accorde à voir le vrai triomphe des valeurs dites classiques. Vers 1685, plusieurs signes indiquent que cet équilibre éphémère que fut le classicisme était déjà ébranlé. Les guerres malheureuses au-dehors, la funeste Révocation de l'Edit de Nantes, les hardiesses croissantes des libertins et des dissidents ont mis fin à l'harmonieuse synthèse classique.

Le moment classique fut donc bref : un quart de siècle environ. Encore est-il traversé de courants secondaires contraires. Mais dès le début du xviie siècle Malherbe, Descartes, Corneille, Chapelain et d'autres théoriciens, les précieux eux-mêmes par leur esprit social et mondain, leur ingéniosité

à sonder les replis du coeur féminin, avaient préparé le classicisme. Descartes, Guez de Balzac,

Chapelain, Vaugelas, Voiture, Poussin, François Mansart et Claude Lorrain naquirent un peu avant i600. D' Aubignac, Corneille, Méré, Rotrou, Scarron, puis, coup sur coup, La Rochefou¬cauld, Retz, Saint-Evremond, Le Nôtre apparurent aux alentours de 161o. Une riche génération, née vers 1620 environ, va donner Le Brun, Cyrano, Furetière, La Fontaine, Molière, Pierre Puget, Pascal, un peu plus tard Mme de Sévigné, Bossuet, Nicole. Plus tard encore, entre 163o et 1639, naîtront les classiques les plus authentiques, sinon les plus innovateurs, et les seuls que l'on peut considérer comme devant à Louis XIV une partie de leur succès : Boileau et Racine surtout, et Bour¬daloue, Fléchier, Pradon, Lulli, Mme de La Fayette, Quinault, Malebranche. Après 164o, leurs cadets apparaîtront, qui cesseront d'être en sympathie avec le contenu de pensée et de sentiment, et

« LE CLASSICISME LA dilection si particulière accordée par la France, et surtout par la France du :xxe siècle, à sa littérature classique, l'originalité déroutante de ce classicisme, presque aussi différent de l'antiquité gréco-latine que des classicismes fort approximatifs d'autres littératures modernes, sont pour beaucoup d'observateurs étrangers une source de constant étonnement.

Le classicisme français du xvue siècle constitue en effet un phénomène fort singulier.

A un moment où les splendeurs littéraires de l'Italie et de l'Espagne connaissaient, après la Renaissance et le Siglo de Oro, un rapide déclin; où l'Allemagne, dévastée par la guerre de Trente ans, ne comptait guère en Europe; où l'Angleterre, en proie aux guerres civiles, traversait la période la plus troublée de son histoire et produisait une littérature de pensée politique, de satire, de comédie fort libre et de lyrisme individualiste; la France de Richelieu et de Louis XIV tentait, seule, d' endi­ guer le flot désordonné de la Renaissance qui avait emporté l'ordre unitaire du moyen âge.

Elle était lasse de ses dissensions religieuses, de ses nobles jaloux du pouvoir royal, de sa Fronde.

Elle voulut substituer quelque clarté à la confusion de l'âge précédent, dompter ce que l'on a depuis lors appelé son romantisme latent, ramener les êtres et les choses à leurs éléments intelligibles.

C'est vers 1660 que l'on s'accorde à voir le vrai triomphe des valeurs dites classiques.

Vers 168 5, plusieurs signes indiquent que cet équilibre éphémère que fut le classicisme était déjà ébranlé.

Les guerres malheureuses au-dehors, la funeste Révocation de l' Edit de Nantes, les hardiesses croissantes des libertins et des dissidents ont mis fin à l'harmonieuse synthèse classique.

Le moment classique fut donc bref : un quart de siècle environ.

Encore est-il traversé de courants secondaires contraires.

Mais dès le début du xvue siècle Malherbe, Descartes, Corneille, Chapelain et d'autres théoriciens, les précieux eux-mêmes par leur esprit social et mondain, leur ingéniosité à sonder les replis du cœur féminin, avaient préparé le classicisme.

Descartes, J.-L.

Guez de Balzac, Chapelain, Vaugelas, Voiture, Poussin, François Mansart et Claude Lorrain naquirent un peu avant 1600.

D 'Aubignac, Corneille, Méré, Rotrou, Scarron, puis, coup sur coup, La Rochefou­ cauld, Retz, Saint-Evremond, Le Nôtre apparurent aux alentours de 1610.

Une riche génération, née vers 1620 environ, va donner Le Brun, Cyrano, Furetière, La Fontaine, Molière, Pierre Puget, Pascal, un peu plus tard Mme de Sévigné, Bossuet, Nicole.

Plus tard encore, entre 1630 et 1639, naîtront les classiques les plus authentiques, sinon les plus innovateurs, et les seuls que l'on peut considérer comme devant à Louis XIV une partie de leur succès : Boileau et Racine surtout, et Bour­ daloue, Fléchier, Pradon, Lulli, Mme de La Fayette, Quinault, Malebranche.

Après 1640, leurs cadets apparaîtront, qui cesseront d'être en sympathie avec le contenu de pensée et de sentiment, et. »

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