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Le « Conte du paysan »

Publié le 21/12/2014

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conte
Celui qui a une requête aime davantage être écouté que soit réellement exaucé ce pour quoi il est venu. » Le paysan donne par ailleurs quelques définitions concises de la maât. « Une action parfaite re¬vient forcément à sa place d'hier. Cela revient à com¬mander à soi-même : "Agis pour celui qui a agi afin qu'il agisse [à son tour]". Cela re¬vient à louer le dieu pour ce qu'il fait. Cela revient à éviter une chose néfaste avant qu'el¬le ne s'abatte. » Et ailleurs : « C'est en pratiquant la maât que le pays demeure stable. » A l'issue de ses discours, le paysan quitte Rensi non sans le prévenir : si la justice des hommes ne peut rien pour lui, il s'en remettra à Anubis, le dieu des morts. Ces derniers mots ont été diversement in¬terprétés, certains auteurs y voyant l'annonce du suicide prochain de Khoueninpou, ce qui n'est semble-t-il pas le cas. Le plaignant veut simplement s'en référer à la justice de l'au-delà, peut-être par l'in-termédiaire d'un de ses ancê-tres. Mais, qu'on se rassure, le beau parleur n'aura pas à en arriver à cette extrémité et aura finalement gain de cause.
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« ou de la x • dynastie, qui ne régna i ent plus que sur une infime partie de l'Égypte de­ puis leur capita le Héracléopo ­ lis.

Khoueninpou est un sim­ ple paysan qui vit en marge de l'Égypte, dans le Ouadi Natroun, au nord.

Manquant de provisions, il décide de se rendre en Égypte pour ac ­ quérir le nécessaire et part avec des ânes chargés de pro ­ duits qu'il espère troquer.

Hé­ las, son ch argemen t su scite la convoitise d'un certain Nem ­ tynakht, qui use d'un strata­ gème pour l e dépoui ller .

Il éta le sur l'étroit c h em in des étoffes lui appartenant et in­ terdit au paysan de les fouler aux pieds.

Khouneinpou déci­ de alors de couper à travers un champ d'orge, mais Nem­ tynakht l'empêche encore de passer .

Entre -temps, un des ânes mange une bouchée d'orge, et Nemtynakht en profite pour confisquer, à titre de compensation, les biens du malheureux Oasien .

Respecter le plaignant D épité, mais sûr de son bon droit, Khoueninpou de­ mande audience au grand in­ tendant Rensi et expose son cas avec ferveur.

Rensi ne tran­ che pas mais en réfère au roi : «Seigneur, j'a i déco u vert l'existence d'un paysan à la parole vraiment parfaite.

Ses biens ont été dérobés ( ...

) et vois, il est venu s'en plaindre à moi.

» Intéressé, le pharaon demande à l'intendant de ne pas statuer immédiatement sur l'affaire, mais d'en faire durer le règ lement de sorte que le paysan ait à répéter sa plaidoirie.

Les dispositions né­ cessaires sont prises pour que Khoueninpou et sa famille ne manquent de rien.

L'homme revient donc à plusieurs repri­ ses plaider sa cause, notam­ ment en blâmant Rensi pour son inaction coupable, de mauvais augure selon lui pour l'avenir du pays.

Au total, il se présente neuf fois devant le fonctionnaire et énonce neuf plaintes enregistrées par le scribe pour le pharaon .

Le ton du paysan est particulière­ ment amer, tant il est déçu de voir un représentant de l'État bafouer si ostensiblement les règles les plus élémentaires de la vie en société.

Un exposé théorique sur la « maât » L es suppliques du paysan deviennent ainsi de véri ­ tables exposés sur le respect de la maât et les devoirs des hommes, en particulier des fonctionnaires.

Ce qu 'il re ­ proche à Rensi, c'est de ne pas même écouter le plai ­ gnant qui se présente devant lui .

Ce thème se retrouve, sur un ton beaucoup plus cyni­ que, dans !'Enseignement de Ptahhotep : « Si tu es un di­ gnitaire, sois avenant en écoutant les paroles d' un plaignant .

Ne le congédie pas avant qu 'il ait dit tout ce qu 'il. »

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