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Le laid et le beau

Publié le 07/09/2018

Extrait du document

[ ... ] Vous ne savez pas, vous autres, pourquoi ils ne dévorent pas les os de votre tête, et qu'ils se contentent d'extraire, avec leur pompe, la quintessence de votre sang. Attendez un instant, je vais vous le dire: c'est parce qu'ils n'en ont pas la force. Soyez certains que, si leur mâchoire s était conforme à la mesure de leurs vœux infinis, la cervelle, la rétine des yeux, la colonne vertébrale, tout votre corps y passerait. Comme une goutte d'eau. Sur la tête d'un jeune mendiant des rues, observez, aveç un microscope, un pou qui travaille; vous m'en donnerez des nouvelles. Malheureusement ils sont petits, ces brigands de la longue chevelure. Ils

10 ne seraient pas bons pour être conscrirs1 ; car, ils n'ont pas la taille néces-saire exigée par la loi. Ils appartiennent au monde lilliputien2 de ceux de la courre cuisse, et les aveugles n'hésitent pas à les ranger parmi les infiniment petits. Malheur au cachalot qui se battrait contre un pou. Il serait dévoré en un clin d'œil, malgré sa raille. Il ne resterait pas la queue

15 pour aller annoncer la nouvelle. [éléphant se laisse caresser. Le pou, non. Je ne vous conseille pas de tenter cet essai périlleux. Gare à vous, si votre main est poilue, ou que seulement elle soit composée d'os et de chair. C'en est fait de vos doigts. Ils craqueront comme s'ils étaient à la torture. La peau disparaît par un étrange enchantement. Les poux sont incapables

Xl de commettre autant de mal que leur imagination en médite. Si vous trouvez un pou dans votre roure, passez votre chemin, et ne lui léchez pas les papilles de la langue. Il vous arriverait quelque accident. Cela s'est vu. N'importe, je suis déjà content de la quantité de mal qu'il te fait, ô race humaine; seulement, je voudrais qu'il t'en fit davantage. [ .. ]

> QUESTION

En quoi ces poèmes sont-ils provocateurs ?

Vous justifierez votre réponse à l'aide d'éléments précis pris dans les

différents textes.

> TRAVAIL D'ÉCRITURE [16 pts]

I — Commentaire

Vous ferez le commentaire du poème de Lautréamont {texte 2).

II — Dissertation

La laideur peut-elle être une source d'inspiration pour un poète au même titre que la beauté ?

Vous répondrez dans un développement organisé, en vous appuyant sur les textes du corpus, les poèmes étudiés en classe et vos lectures personnelles.

III — Écrit d'invention

Les Chants de Maldoror ont été mal accueillis à leur parution. Dans un courrier de lecteurs, un admirateur d'une telle esthétique du laid défend l'idée qu'il n'existe pas d'objet poérique privilégié. Vous rédigerez cette lettre.

COUP de POUCE

ANALYSE DU CORPUS

n Les textes du corpus

Le corpus compte quatre poèmes. Leurs auteurs sont diversement connus. Vous connaissez sans doute Victor Hugo (1802-1885), romancier, dramaturge et poète romantique. Les Contemplations regroupent plus de cent poèmes

 

lyriques, dans lesquels le poète évoque, entre autres, sa fille léopoldine, morte dans un accident. Dans « l'aime l'araignée P. il met sen enthousiasme lyrique à défendre des créatures marginales, l'araignée et l'ortie. Les autres poètes sont moins connus, ils ont surtout été ignorés de leur vivant et leur talent n'a été reconnu qu'après leur mort. Lautréamont (1846-1870) publie Les Chant de Ma!dorcv à compte d'auteur et ce sont les surréalistes qui contri¬buent à la notoriété du recueil. Tristan Corbière (1845-1875) publie également Les Amours jaunes à compte d'auteur. De son +/niant, on Je connaît davantage pour ses excentricités (il promena un porc vêtu en cardinal lors d'un carnaval à Rome) que pour son talent littéraire. Enfin, Germain Nouveau (1851-1920), très proche de Rimbaud et Verlane dans sa jeunesse, connaît en 1891 de violentes crises mystiques qui le poussent à mener une vie de mendiant et de pèlerin. Il interdit alors la publication de ses oeuvres. Ce n'est qu'après sa mort qu'on les découvre. Ces quatre poèmes présentent des formes poétiques différentes le texte de Lautréamont est un poème en prose, tandis que !es trois autres sont des poèmes versifiés (le poème de Hugo est hétérométrique, les deux autres isométriques, composés d'octosyllabes).

« Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie; Tout veut un baiser.

Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie De les écraser, zs Pour peu qu'on leur jerre un œil moins superbe', Tout bas, loin du jour, La mauvaise bête et la mauvaise herbe Murmurent : Amour ! 1.

Ici : méprisant.

• Texte 2: LAuntÉAMONT (1846-1870), «le Pou "• Les Chants de Maldoror, chant Il, 9 (1869) Le pou [ ...

] Vous ne savez pas, vous autres, pourquoi ils ne dévorent pas les os de votre tête, er qu'ils se contentent d'extraire, avec leur pompe, la quintessence de votre sang.

Attendez un instant, je vais vous le dire : c'est parce qu'ils n'en ont pas la force.

Soyez certains que, si leur mkhoire s était conforme à la me.mre de leurs vœux infinis, la cervelle, la rétine des yeux, la colonne vertébrale, tout votre corps y passerait.

Comme une goune d'e au .

Sur la tête d'un jeune mendiant des rues, observez, aveç un microscope, un pou qui travaille; vous m'en donnerez des nouvelles.

Malheureusement ils sont petitS, ces brigands de la longue chevelure.

Ils 10 ne seraient pas bons pour être conscrirs1 ; car, ils n'ont pas la taille néces­ saire exigée par la loi.

Ils appartiennent au monde lilliputien2 de ceux de la courre cuisse, et les aveugles n'hésitent pas à les ranger parmi les infiniment petits.

Malheur au cachalot qui se battrait contre un pou.

Il serait dévoré en un clin d'œil, malgré sa raille.

Il ne resterait pas la queue 15 pour aller annoncer la nouvelle.

[éléphant se laisse caresser.

Le pou, non.

Je ne vous conseille pas de tenter cet essai périlleux.

Gare à vous, si votre main est poilue, ou que seulement elle soit composée d'os et de chair.

C'en est fait de vos doigts.

Ils craqueront comme s'ils étaient à la torture.

La peau disparaît par un étrange enchantement.

Les poux sont incapables Xl de commettre autant de mal que leur imagination en médite.

Si vous trouvez un pou dans votre roure, passez votre chemin, et ne lui léchez pas les papilles de la langue.

Il vous arriverait quelque accident.

Cela s'est vu.

N'importe, je suis déjà content de la quantité de mal qu'il te fait, ô race humaine ; seulement, je voudrais qu'il t'en fit davantage.

[ ..

.

] 1.

Conscri! : recrue faiswr son scrvict militaire.

2.

Lilliputien : microscopique.. »

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