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Le mythe de la« fin'amor »

Publié le 04/08/2014

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L'innovation la plus spectaculaire du nouveau genre littéraire qu'on

appelle le roman est l'introduction dans le récit de personnages féminins

destinés à jouer un rôle important, et la mise en place de l'amour comme

ressort essentiel de l'action, en vertu de principes idéologiques originaux

récemment apparus en France du Nord.

« E X P 0 S É S F C H E S Les données de base restent les mêmes : inégalité fondatrice entre les amants, supériorité de la dame, obéissance absolue de l'ami.

Toutefois, ce service s'ex­ prime désormais sous la forme de prouesses chevaleresques, et la courtoisie se greffe sur le fonds de légendes celtes qui concèdent une large place à la magie et au surnaturel .

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Il -ÎRISTAN ET Y SEUT Archétype atypique Avec ces rectificatifs, le couple courtois par excellence devient celui de Tristan et Yseut.

À l'origine pourtant, un« handicap» considérable: la réciprocité de la passion qui unit les deux amants, et même, selon les prototypes celtiques, l' anté­ riorité du désir féminin sur l'amour du partenaire masculin.

En outre, entre les amants de Cornouailles, il ne saurait être question d'une relation platonique : l'adultère est consommé, et à ce premier péché vient s'ajouter celui de trahison, que commet Tristan à l'égard du roi Marc, son seigneur et son oncle, ainsi que le soupçon d'inceste (au sens très large que le Moyen Âge donne à cette notion).

Malgré ces écarts par rapport à la norme courtoise, Tristan et Y seut apparaissent dans d'innombrables textes comme les incarnations de l'amour qu'on dit courtois.

Tristan et Y seut chez Chrétien Chrétien de Troyes semble avoir été fasciné par le mythe de Tristan et Y seut ; mais c'est chez lui une fascination négative, dans la mesure où l'ensemble de son œuvre manifeste un effort pour se dégager du modèle tristanien, et proposer une autre issue à l'équation amoureuse qui oppose« fin'amor »adultère et mariage sans amour.

On peut se demander quel traitement le romancier champenois réservait au mythe de Tristan dans le roman qu'il dit lui avoir consacré.

En tout cas, C/igès se présente explicitement comme un anti-Tristan.

L'héroïne Fénice, mariée contre son gré à l'empereur Alis, et éprise du neveu de celui-ci, le jeune Cligès, refuse nommé­ ment d'être une« nouvelle Yseut »,c'est-à-dire de partager ses faveurs entre les deux hommes.

Il s'ensuit une série complexe d'aventures qui aboutissent, grâce à la mort opportune de l'usurpateur Alis, à un dénouement heureux.

Lancelot et Guenièvre Dans ces conditions, on imagine mal ce qui - à part la « commande » - a poussé Chrétien de Troyes à entreprendre le Chevalier à la charrette: l'argument de ce roman est en effet la glorification de l'amour courtois, et adultère, en remplaçant le couple « classique » des amants de Cornouailles par un couple nouveau, sans précédent littéraire : la reine Guenièvre, épouse du roi Arthur, et un chevalier totalement inconnu, Lancelot du Lac.

Cette entreprise a connu d'emblée un im­ mense succès : Lancelot et Guenièvre ont peu à peu supplanté Tristan et Yseut, sans doute en raison de leur plus grande conformité au strict code courtois : en effet, Lancelot est l'incarnation du « fin' amant » soumis jusqu'à I' ab­ jection au moindre désir de sa dame, et celle-ci est l'image achevée de la dame cruelle et insensible, qui accule presque son ami au suicide pour une peccadille.

Conclusion : En fait, le Chevalier à la charrette constitue pratiquement le premier roman qui illustre les principes de la nouvelle idéologie à la mode, à savoir la courtoisie, qui prend le contre-pied du point de vue féodal, en plaçant la dame en position de supériorité radicale par rapport à son« ami ».. »

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