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Le personnage de Stepan dans Les Justes de Camus

Publié le 12/09/2015

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STEPAN

 

Rien n’est défendu de ce qui peut servir notre cause. [...]

 

Des enfants ! Vous n’avez que ce mot à la bouche. Ne comprenez-vous donc rien ? Parce que Yanek n’a pas tué ces deux-là, des milliers d’enfants russes mourront de faim pendant des années encore. Avez-vous vu des enfants mourir de faim ? Moi oui. Et la mort par la bombe est un enchantement à côté de cette mort-là. 

CAMUS # Mais les camps d’esclaves sous la bannière de la liberté, les massacres justifiés par l’amour de l’homme, désemparent, en un sens, le jugement. Le jour où le crime se pare des dépouilles de l’innocence, par un curieux renversement qui est propre à notre temps, c’est l’innocence qui est sommée de fournir ses justifications. L’ambition de cet essai serait d’accepter et d’examiner cet étrange défi. 

Une action révolutionnaire qui se voudrait cohérente avec ses origines devrait se résumer dans un consentement actif au relatif. Elle serait fidélité à la condition humaine. Intransigeante sur ses moyens, elle accepterait l’approximation quant à ses fins et, pour que l’approximation se définisse de mieux en mieux, laisserait libre cours à la parole.

camus

« STEPAN Rien n'est défendu de ce qui peut servir notre cause.

[ ...

] Des enfants! Vous n'avez que ce mot à la bouche.

Ne comprenez-vous donc rien? Parce que Yanek n'a pas tué ces deux-là, des milliers d'enfa11ts russes mourront de faim pendant des années encon!.

A vez-vous vu des enfants mourir de faim? Moi oui.

Et la mort par la bombe est un enchantement à côt~' de cette mort-là.

» ._ Pascal, au XVIt siècle, avait déjà montré, en res­ tant dans le domaine de la morale individuelle, que l'enfer peut être pavé de bonnes intentions.

Les jésuites de l'époque avait une conception de la morale chré­ tienne assez relâchée puisqu'ils admettaient l'idée que la pureté de l'intention peut annuler la faute.

Ainsi, celui qui tue un homme en duel contrevient à l'un des dix commandements (« Tu ne tueras point»).

Mais, disait le jésuite évoqué par Pascal, s'il ne le tue pas avec l'intention -manifestement mauvaise -de le tuer, mais avec l'intention -éminemment llouable- de ven­ ger son honneur, il n'y a plus péché.

Pascal se moque de ces raisonnements artificieux dans les Provinciales (1656-1657).

Avec Dostoïevski (1821-1881) et les écrivains du xx• siècle, le problème se pose un peu différemment et prend une dimension politique.

Raskolnikov, le per­ sonnage central de Crime et châtiment (1866), un roman de Dostoïevski, se pose lui aussi la question en fonction d'un problème précis.

S'il tuait une vieille usurière malfaisante et lui prenait son argent, il pour­ rait semer le bonheur autour de lui :. »

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