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LE PERSONNAGES DES SHADOKS

Publié le 22/02/2012

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C'est en 1968 qu'apparut pour la première fois à la télévision française un dessin animé mettant en scène de drôles d'oiseaux méchants et bêtes, au langage limité à quatre mots et à la logique absurde. Très vite fameux, ces « Shadoks » firent parler la France entière, partagée en « pro- » et « antiShadoks ». Employant de façon régulière une pompe à bras pour effectuer un travail épuisant et par ailleurs totalement inutile, ils donnèrent naissance à une expression encore utilisée aujourd'hui sur un mode ironique : «Et les Shadoks pompaient... »

« Au total, l'ORTF reçut plus de 5 000 lettres de spectateurs, négatives et positives.

Jamais une émission téléviséen'avait fait naître un tel débat, suscité une telle adhésion ou provoqué un tel rejet.Avec le recul, il semble que Les Shadoks ait été pour les téléspectateurs français une occasion de cristalliser lessentiments contradictoires qui, à cette époque, agitaient l'ensemble de la société et allaient trouver une expressionviolente en Mai 68.

On trouve en effet, d'une part, des gens prêts à se laisser séduire par la nouveauté, à accepterle charme du farfelu, du bizarre et du « nonsense »; et, d'autre part, ceux qui refusent (parfois violemment) deperdre leurs repères et de voir bouleverser leurs habitudes.De ce point de vue, Les Shadoks et le débat qui l'a entouré a été, non pas bien sûr un détonateur, mais unsymptôme de l'évolution qui s'annonçait dans les mentalités. Les origines Les Shadoks s'inscrit dans la lignée d'une forme particulière d'humour appelée, d'après le mot anglais, le nonsense, lenon-sens.Le principe fondamental du nonsense est de retourner les choses les plus banales, en particulier celles auxquelles lesgens ont l'habitude de croire, pour faire naître de ce retournement un effet comique.

Ainsi les exemples les plusfameux de nonsense sont-ils des textes sans queue ni tête, qui perdent leurs lecteurs et refusent de suivre undéroulement logique.On trouve aussi des fausses histoires qui ne finissent pas, des pseudo-dictionnaires, des citations truquées ouimaginaires, des parodies d'articles d'encyclopédies...

Le nonsense prend toujours le lecteur au piège de ce qu'ilattend, pour l'emmener vers l'impensable.

C'est un genre d'humour que l'on aime ou que l'on déteste.Les grands classiques du nonsense sont des écrivains anglo-saxons comme Lewis Carroll (1832-1898), le fameuxauteur d'Alice au pays des merveilles, Edward Lear (1812-1888) qui composa des poèmes absurdes appelésLimericks, les Américains Mark Twain (1835-1910), James Thurber (1894-1961), Groucho Marx (1895-1977), RobertBenchley (1889-1946), le Canadien Stephen Leacock (1869-1944).

A notre époque, le nonsense est bien représentépar des gens comme Woody Allen ou les Monty Python.L'une des cibles favorites du nonsense est la logique, souvent pervertie et retournée dans des raisonnementsineptes à l'apparence imparable.

Dans cet exercice, les Shadoks sont particulièrement performants, partant despostulats les plus couramment admis pour, en jouant sur les mots, arriver à des résultats ahurissants.

Exemple : «Plutôt que de regarder où l'on va, il est beaucoup plus intéressant de regarder où l'on ne va pas pour la bonneraison que là où l'on va, il sera toujours temps d'y regarder quand on y sera.

» Toute la bizarrerie provient ici des deux sens du mot « regarder », qui signifie à la fois contrôler (sa route) etcontempler (le paysage).Mais au-delà de ce jeu sur le nonsense, Les Shadoks présentait aussi l'aspect d'une critique sociale.

Le film montraitune population d'oiseaux stupides, passant leur temps à actionner une gigantesque « cosmopompe », travailépuisant pour un résultat quasiment nul.

Beaucoup de spectateurs y virent, comme en témoignent leurs lettres, unedénonciation du rythme absurde du «métro, boulot, dodo » qui allait connaître quelque temps plus tard, en mai 68,l'une de ses plus violentes contestations.. »

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