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Le progrès de la Science doit-il entraîner la dispariition de la Poésie?

Publié le 09/02/2012

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Le savant Henri Poincaré, successeur, à l'Académie, du poète Sully Prudhomme, posait, dans son discours de réception (1909), cette même question : « La Science triomphante doit-elle tuer la Poésie? Sa lumière brutale va-t-elle dessécher cette fleur délicate qui ne prospérait que sous l'ombre des futaies obscures? « Beaucoup d'autres ont exprimé des craintes pareilles. Les sciences, en effet, et nommément les sciences physiques et naturelles - sinon la Science deviennent de plus en plus envahissantes et paraissent vouloir tout absorber, tout matérialiser....

« douloureux, par la grâce ou la ·splendeur des images, par la musique des mots et le rythme des vers.

La conséquence naturelle de l'extension de l'esprit scientifique serait dans la diminution de l'esprit poétique.

Pour le savant, la rosée est un phénomène de condensation; il sourira de pitié quand on lui parlera de.s « pleurs de la nuit ».

D'Alembert, après la représentation d'Athalie demandera : « Qu'est­ ce que cela prouve? ...

» La poésie? dira Newton, « niaiserie ingénieuse ».

Et, inversement, le poète maudira la mémoire du savant qui ravit sa magie à l' « écharpe d'Iris »; il s'élèvera contre l'utilitarisme, fruit des progrès scientifiques, qui tue le goût des jouissances supérieures et désintéressées ...

Simple malentendu! Tout homme découvre en lui une double aspiration : le besoin de savoir et de comprendre ne lui est pas plus naturel que le besoin d'aimer, de s'évader du réel sur les ailes du rêve.

C'est la spécialisa­ tion à outrance qui comprime ou atrophie l'un ou l'autre.

L' « honnête homme », qui a développé harmonieusement ses facultés, dont la culture générale tempère les effets de la spécialisation et atténue le « pli profes­ sionnel », n'est pas exclusif.

Géomètre, chimiste, médecin, il goûte la musique et la poésie; poète, il suit avec sympathie l'évolution triomphale des sciences.

Nous connaissons tous de ces types d'humanité.

Ils sont la preuve vivante que le conflit entre la Science et la Poésie est plus apparent que réel.

" ** D'ailleurs Science et Poésie sont non seulement compatibles, mais appe­ lées à se rendre de mutuels services.

La Science, par ses merveilleuses inventions, par la connaissance profonde qu'elle donne de son objet, par les grandes hypothèses qu'elle conçoit, par l'enthousiasme qu'elle met au cœur de ceux qui se consacrent à elle, est capable d'inspirer le poète.

Les machines perfectionnées, locomotives, transatlantiques, automobiles, avions, nous frappent par leur puissance, la rapidité de leurs mouvements, leur docilité envers l'homme; les aménagements gigantesques permettant de transformer la « houille blanche » en électricité, les grandes centrales élec­ triques, les usines monstres ont leur poésie particulière; les formidables bouleversements du globe, révélés par la géologie, ébranlent l'imagination du poète, qui reconstitue les temps préhistoriques.

Un Rostand chante la gloire des Ailes, un Verhaeren peint en tableaux puissants les tableaux de la vie industrielle, un Goudeau écrit la « Chanson de la Houille », un Pierre de Nolhac songe au bord des cratères éteints.

La connaissance intime que la Science donne des choses fait d'elle une source de poésie.

Qu'est-ce, pour le vulgaire, qu'une étoile? Un point étin­ celant dans le ciel nocturne.

Pour le savant, c'est une merveille; c'est le centre d'un système planétaire obéissant à des lois immuables, évoluant dans les espaces infinis avec une admirable régularité.

Le nombre des étoiles, leur distance prodigieuse de la terre, autant de notions fournies par la Science.

et qui étendent le champ de nos rêves; et un V.

Hugo, un Sully Prudhomme célèbrent le « rendez-vous ~ que le savant donne aux astres.

Comme le télescope nous révèle des abîmes de grandeur, le microscope nous dévoile des abîmes de petitesse.

Une goutte de sang, qu'est-ce pour l'ignorant? Examinée par un œil exercé, elle plonge dans l'admiration.

Ces globules évoluant dans le plasma, eet échange mystérieux du système digestif et du systéme sanguin, cette circulation, cette.

purification du sang veineux dans les poumons, autant de sujets d'étonnement.

La Science, qui bannit le faux merveilleux, nous en révèle un vrai dans les choses mêmes.

L'harmonie cachée des lois physiques, les hypothèses générales par les­ quelles la Science cherche à expliquer l'Univers ~ lois de la gravitation, nébuleuse primitive, évolution, ouvrent à l'esprit des perspectives illimitées, le fascinent commé de grandioses visions poétiques.

C'est en pensant à ees vastes et lumineux horizons que Chénier éc.rivait :. »

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