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Le retour des amants - Une partie de campagne de Maupassant

Publié le 14/09/2018

Extrait du document

maupassant
Ils étaient bien pâles, tous les deux, en quittant leur lit de verdure. Le ciel bleu leur paraissait obscurci ; l'ardent soleil était éteint pour leurs yeux ; ils s'apercevaient de la solitude et du silence. Ils marchaient rapidement l'un près de l'autre, sans se parler, sans se toucher, car ils semblaient devenus ennemis irréconciliables, comme si un dégoût se fût élevé entre leurs corps, une haine entre leurs esprits. De temps à autre, Henriette criait : " Maman ! " Un tumulte se fit sous un buisson. Henri crut voir une jupe blanche qu'on rabattait vite sur un gros mollet ; et l'énorme dame apparut, un peu confuse et plus rouge encore, l'œil très brillant et la poitrine orageuse, trop près peut-être de son voisin. Celui-ci devait avoir vu des choses bien drôles, car sa figure était sillonnée de rires subits qui la traversaient malgré lui. Mme Dufour prit son bras d'un air tendre, et l'on regagna les bateaux. Henri, qui marchait devant, toujours muet à côté de la jeune fille, crut distinguer tout à coup comme un gros baiser qu'on étouffait.

Sur l'autre couple, le narrateur adopte un point de vue à la fois limité et précis. Rejetant l'omniscience et l'analyse psychologique, il délègue ses pouvoirs à Henri mais la présence de modalisateurs* (« Henri crut voir», « peut-être », « Henri [ ...] crut distinguer ») ne doit pas faire illusion : le jeune homme sait à quoi s'en tenir sur le comportement des femmes et sur celui de son ami, il est donc capable de repérer les indices qui permettent de deviner ce qui vient de se passer entre Mme Dufour et le canotier et même les sentiments qui

de« Ils étaient bien pâles >> à << qu'on étouffait >>.

d'atteindre une forme d'idéal qui lui est, par nature, inaccessible. Les « désirs infinis de bonheur», les << révélations de poésies surhumaines >> ne peuvent que conduire Henriette à la déception au moment de la retombée dans la réalité. On peut conclure que la jeune fille vient de faire une expérience existentielle en découvrant les limites de la condition humaine, toujours soumise à la loi de la nature. N'oublions pas, toutefois, que le récit n'est pas achevé et que la dernière séquence fournira d'autres indices pour l'interprétation.

 

La situation de sa mère est tout autre. Rien n'indique qu'elle ait été abusée par ses sens ni qu'elle ait idéalisé l'aventure, au contraire. « Les petits cris >> qu'elle a poussés ont bien été compris par le canotier qui la « lutinait >> 

maupassant

« les habitent au moment où ils réapparaissent.

Tout d'abord, il est clair que le canotier a poussé le> jusqu'à son point ultime en devenant l'amant de Mme Dufour.

Celle­ ci ne répond pas aux appels (pour les mêmes raisons que sa fille auparavan t), elle rabat sa (vêtement de dessous, qu'elle portait sous sa ) avant de sortir de >, > ; sa et son > (celui de sa fille qui, dans SB,> puis en lui donnant .

Lui-même a un rire à la fois amusé et moqueur, qui montre qu'il a pris avec elle un plaisir d'un autre ordre.

Le mystère porte donc non pas sur les sentiments actuels de Mme Dufour et du canotier mais sur la manière dont s'est déroulée la scène d'a mour entre des personnages aussi différents par leur phy­ sique et leurs motiva tions.

Le lecteur, comme Henri, est placé en position de voyeur ; le récit grivois, distribuant habile­ ment les ellipses narratives et les indices, sollicite sa partici­ pation et son imaginatio n sans employer un mot inconvenant.

Faut- il supposer que le canotier, à défaut d'être animé par un désir violent, s'est intéressé à> plaisait aux hommes: > ...

Le lecteur reste sur l'image comique des deux couples contrastés marchant l'un derrière l'autre.

Les rapports habi­ tuels entre mère et fille sont ici bizarrement inversés: c'e st Hen­ riette qui semble rappeler Mme Dufour au devoir, celle-ci, comme une jeune fille amoureuse, s'attardant volontairement pour pouvoir donner un dernier baiser en cachette.

Psyc holog ie: des réactions contrastées Reste à interpréter le malaise de la jeune fille et de son com­ pagno n.

On peut faire référence au lieu commun (adapté. »

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