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LE RÔLE DU NARRATEUR dans Boule de Suif de Maupassant

Publié le 15/03/2015

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La narrativisation du discours

Un autre procédé est fréquemment utilisé : il s'agit de rapporter les discours, non pas tels quels, mais en les racontant, en résumant ou en développant certains passa­ges. Le narrateur ne prétend pas rapporter mot pour mot les paroles prononcées mais les refond dans son propre récit. On parle alors de discours narrativisé : « Elle raconta toutes ses impressions à l'arrivée des Prussiens « (p. 39) ; « Alors Boule de Suif fut entourée, interrogée, sollicitée par tout le monde de dévoiler le mystère de sa visite « (p. 47) ; « ce fut d'abord une conversation vague sur le dévouement « (p. 53). Nous pouvons observer dans ce passage que le narrateur choisit ce qu'il va retenir du discours des protagonistes et le formule à sa façon.

 

Ainsi, bien souvent, la parole n'appartient plus aux personnages mais au narrateur. Comme nous allons le voir, même quand la parole des protagonistes est diverse­ment transcrite, celui-ci se pose parfois en juge de cette parole.

·   L'appropriation de la parole des personnages

À maintes reprises, la parole des personnages est rap­portée de manière directe, souvent sous forme de dialo­gues, de conversations, de remarques où domine le style direct. Mais dans d'autres passages, les paroles, les faits de langage n'existent que sous forme rapportée. Maupas­sant utilise plusieurs techniques.

Le discours indirect

 

« [...] le comte s'interposa [...] en proclamant avec autorité que toutes les opinions sincères étaient respecta­bles « (p. 34) ; « il déclara fièrement qu'il entendait n'avoir jamais aucun rapport avec les Allemands « (p. 45). Remarquons que la présence de verbes d'opinion ou d'adverbes pour introduire le discours permet à l'auteur d'évaluer le ton ou le style de celui-ci.

·  La narrativisation et le style indirect

Le sait que le discours soit en grande partie rapporté permet de percevoir la présence du narrateur. La conver­sation n'est donnée sous forme de dialogue qu'une seule fois (un seul échange entre la sœur et Mme de Bréville, 1. 70-74). Elle est presque toujours énoncée sous forme de discours indirect ou narrativisé ; parfois, on n'a aucune précision sur les termes employés, ni sur le contenu du discours : « une conversation vague « (1. 2), « on parla même en termes voilés « (1. 16), « les grands faits de la vie des saints « (1. 47-48), « elles continuaient ainsi, démêlant les volontés de Dieu « (1. 75-76). 

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« 0 La place du narrateur POINTS DE VUE OU FOCALISATIONS 1 1.

On distingue traditionnellement trois points de vue ou trois types de focalisations : - la focalisation interne : les objets sont comme vus par le regard d'un personnage ; ils sont décrits tels que son regard pourrait les perce­ voir; -la focalisation externe : les objets sont comme vus par le regard d'un témoin ; ils sont décrits tels que pourrait les voir un spectateur.

À la dif­ férence de la focalisation interne, ce regard demeure en quelque sorte anonyme ; - la focalisation zéro : les objets sont vus par un narrateur qui les décrit tels qu'aucun témoin oculaire ne pourrait les voir, puisqu'il ne s'impose aucune restriction : le narrateur voit tout et sait tout.

2.

Mais il faut faire de ces outils un bon usage.

Coller sur un texte l'étiquette focalisation interne ou focalisation zéro n'a aucun intérêt si cela ne débouche pas sur un surplus de signification et de plaisir ; le risque est même grand de n'abou­ tir qu'à une réduction caricaturale.

Pour utiliser ces outils, il ne faut pas oublier: - qu'une description est un fait d'écriture ; quand on dit : le regard du personnage, le regard d'un témoin, le regard du narrateur, ce sont là des expressions métaphoriques qui dési­ gnent en fait des effets produits par le texte ; I...~J ...

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