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Le roman est-il « une feinte pour tenter d'échapper à l'intolérable », comme l'affirme Romain Gary ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur les œuvres étudiées en classe et vos lectures personnelles.

Publié le 24/06/2012

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2. Le roman peut donner la parole aux bourreaux  Le roman, on l'oublie trop souvent, n'a pas l'obligation de s'ériger en juge de ce qui est bien et de ce qui ne l'est pas. Il peut parfois se placer au-delà de ces clivages confortables en donnant aux bourreaux le statut de narrateur. Ce renversement des valeurs est souvent dérangeant pour les lecteurs, qui ont parfois tendance à confondre la morale du personnage principal et celle de l'auteur. On peut donc imaginer le scandale que fit Lolita de Nabokov lors de sa parution aux États-Unis dans les années 1950. Ce roman se présente en effet sous la forme d'un récit écrit par un homme nommé Humbert Humbert, qui confesse rapidement son attirance pour les « nymphettes «. Les thèmes de la pédophilie et de l'inceste sont ainsi abordés à travers le regard d'un personnage cultivé, intelligent, plein de lucidité et d'ironie vis-à-vis de ses contemporains. Ce récit illustre bien ce que dit Tabucchi à propos du romancier : c'est un « enchanteur «, capable, ici, de brouiller tous nos repères moraux, en donnant à un « monstre «, un bourreau, une évidente humanité. La « feinte « du roman n'est pas entreprise ici pour échapper à l'intolérable, ni non plus pour nous y confronter complaisamment ; il s'agit plutôt d'examiner une réalité difficile à concevoir, au point d'interroger notre conscience.

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« Humbert, qui confesse rapidement son attirance pour les « nymphettes ».

Les thèmes de la pédophilie et de l'inceste sont ainsi abordés à travers leregard d'un personnage cultivé, intelligent, plein de lucidité et d'ironie vis-à-vis de ses contemporains.

Ce récit illustre bien ce que dit Tabucchi à proposdu romancier : c'est un « enchanteur », capable, ici, de brouiller tous nos repères moraux, en donnant à un « monstre », un bourreau, une évidentehumanité.

La « feinte » du roman n'est pas entreprise ici pour échapper à l'intolérable, ni non plus pour nous y confronter complaisamment ; il s'agitplutôt d'examiner une réalité difficile à concevoir, au point d'interroger notre conscience.

Avec Les Bienveillantes, Jonathan Littell prend aussi le parti deconfronter le lecteur au témoignage d'un bourreau : un ancien officier nazi revient sur son passé et relate le génocide juif dont il a été un acteurconvaincu.

Le ton dénué d'émotion du narrateur, son absence de remords immergent le lecteur au cœur de ce que l'histoire a produit de plusinsupportable et l'obligent à s'interroger sur lui-même.

Le titre du roman de Littell n'est pas sans évoquer les déesses de la mythologie, présentesnotamment dans l'Orestie d'Eschyle.

C'est que, à l'image des plus grands romans, Les Bienveillantes va au-delà de la simple relation du plus grandgénocide européen de l'histoire : en donnant à son récit l'aspect d'une réécriture de tragédie antique, cette fiction explore des thèmes universels.ConclusionLe roman peut donc se concevoir comme un moyen pour le lecteur d'échapper aux difficultés d'être au monde, aux aspects intolérables de la vie réelle.L'illusion romanesque, « feinte », par laquelle il nous est possible de troquer notre univers pour un autre, est alors un dérivatif commode, où lessentiments et les hommes semblent délivrés du poids des choses.

Cependant, cette capacité d'illusion peut aussi nous permettre de regarder le mondesous son jour le plus vrai, et donc, parfois, le plus intolérable, afin de mieux dénoncer l'inadmissible.

Les plus grands romanciers, toutefois, sont-ils ceuxqui veulent nous faire échapper – ou affronter – l'intolérable ? Ne cherchent-ils pas, plutôt, à proposer une vision du monde à travers un langage à lafois personnel et universel : le langage de l'art ? Dès lors, l'intolérable devient objet esthétique, non pas banalisé, mais dépassé parce que déplacé etintégré dans l'univers intime du romancier.. »

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