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Le son et le sens dans les Fleurs du mal de Baudelaire

Publié le 07/09/2013

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baudelaire

Cependant, l'important dans un poème n'est pas dans les

idées, forcément générales, qu'il est supposé illustrer, mais

dans la forme organique qui lui confère sa puissance de

suggestion, de fascination, son «charme« au sens fort, au

sens magique. L'intérêt des «Correspondances« comme des

autres grands textes des Fleurs du Mal, est donc de présenter

un «art«, un agencement de mots voulu par Baudelaire

comme autant d'associations condensées, et pourtant ouvertes:

la dissémination du sens constitue le support d'une

combinaison alchimique de «parfums, de couleurs et de

sons«.

baudelaire

« On assiste à une relation perpétuellement biaisée entre le son et le sens.

Par exemple, dans ce deuxième quatrain, le «comme» n'est plus utilisé en tant que simple instrument de comparaison, il vaut beaucoup plus par sa valeur de lien entre des notions contradictoires («la nuit», «la clarté») et plus encore par le jeu des récurrences sonores qui unissent dans l'esprit du lecteur «comme», «échos» et «confondent».

De même, les «longs» échos se justifient par leur effet de paro­ nomase avec «loin»: cette reprise variée a la même fonction qu'en musique, la modulation d'un même motif, elle pro­ longe le mot et le sens dans la mémoire, tout en les dévelop­ pant.

«Les longs échos qui de loin se confondent...», sans parler de la résolution implicite par l'association «phonique» de l'opposition «sémantique» entre l'adverbe et le verbe, désignent à la fois l'agrandissement produit par le souvenir et la transfiguration du réel dans l'imaginaire, l'imaginaire sup­ plantant finalement le réel.

De même, la «profonde» unité serait d'une pâle banalité si cette profondeur n'était actuali­ sée par toute une gamme de sonorités qui orchestrent le mot et le concept : toute la série des syllabes en «on » déjà domi­ nant à la rime («confondent» I «répondent»).

Même si, quant au contenu sémantique direct, littéral, les deux tercets sont centrés sur la série des «parfums», de façon plus dis­ crète, plus cachée, c'est la musique des phonèmes qui guide le jeu, car c'est un truisme de rappeler que la poésie, comme Mallarmé le précisait à Degas, n'est pas faite d' «idées», mais de «mots», c'est-à-dire, avant tout, de «sons».

De même, un mot clef du vocabulaire baudelairien comme le mot « vaste» n'a pas seulement pour fonction d'exprimer l'unité des contraires («la nuit» et «la clarté»), il compte surtout par l'ampleur de sa voyelle centrale «a» que l'on retrouve dans «clarté».

Ce mot rimant avec «unité», le réseau ainsi consti­ tué fond, non plus de manière abstraite, conceptuelle, mais poétique, les termes de cette «unité» qui, par le jeu, familier à Baudelaire, d'une métathèse phonique, est presque l'ana­ gramme du mot «nuit».. »

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