Le sous-titre du « Misanthrope » de Molière

« pourfendeur des vices et des préjugés, nous le sentons prêt à courber la tête sous l'éventail de Célimène.

Il ne nouseffraie pas : nous savons que la coquette le retourne comme un gant.

Des exemples.b) Analyser à ce point de vue la scène fameuse de l'acte IV.

Vérité humaine du : « il ne me plaît pas, moi ! »Alceste, Georges Dandin, Arnolphe, Bartholo. 7° — Est-ce à dire que l'amour d'Alceste ne soit pas émouvant? Sans doute, il est plus émouvant que celuid'Arnolphe mais il nous rappelle celui d'Arnolphe.

Sincérité de la passion de l'atrabilaire; ses accents nous remuent,sa chaleur nous gagne.

Mais n'exagérons rien, et ne disons pas qu'Alceste est tragique.

Puis, cela posé,reconnaissons que cette jalousie impuissante, que ce sentiment sincère et vrai, nous touche profondément.

C'est cequi donne à la pièce une portée générale : le Misanthrope et la Colère de Samson. 8° — Devons-nous donc regretter que Molière n'ait pas conservé ce sous-titre? Pour quelles raisons l'a-t-ilabandonné ?A) D'abord, la portée de la pièce est beaucoup plus générale que ne l'indique ce sous-titre : l'amour y a sa place,mais il est loin d'occuper toute la place.

Si l'amour d'Alceste pour Célimène est l'intrigue principale, elle occupe 400 à500 vers sur 1.800.B) Le Misanthrope est un « portrait du siècle » (Voyez la Lettre sur la comédie du « Misanthrope » par Donneau deVisé).

(Les types du temps.)C) Le Misanthrope a un sens philosophique d'une haute importance.

Opinions diverses.

(Ne pas se perdre dans unefoule de considérations.

Condenser très brièvement les interprétations de la « philosophie » de la pièce, et conclureque le sous-titre en restreindrait beaucoup trop la valeur.)D) Le caractère principal n'est pas ainsi suffisamment désigné.

Alceste est attaché au monde par son amour, et cetamour irrite son humeur d'atrabilaire.

Mais il y a autre chose en lui :d) Il reste dans le monde, poussé par son orgueil, son entêtement ; des exemples ;d') Et aussi parce qu'il est « jeune », et qu'il a pas mal de naïveté.

On ne dirait pas qu'avant l'action, Alceste aitlongtemps vécu dans le monde : ses étonnements et ses indignations.

Ses vagues projets de réformes.

Alceste estun ingénu.

Des exemples.d") C'est donc un atrabilaire, un amoureux, un misanthrope.

Ce n'est pas le Misanthrope.

Différence entre lespersonnages de Molière et ceux des Moralités.

Reproche qu'on lui adresse d'avoir montré des abstractions.

Alcesten'est pas : misanthropie.

C'est un homme d'une complexion bilieuse, amoureux d'une coquette, mais par-dessus toutun homme d'un tempérament moral qui l'incline à la r9isanthropie.

La comédie de caractère. Conclusion : Le sous-titre auquel Molière a failli s'arrêter ne lui a pas paru assez annoncer tout le sujet de lacomédie.

Mais il nous prouve que l'amour de l'atrabilaire pour la coquette était, dans la pensée de l'auteur, autrechose qu'un épisode comme celui du procès ou du sonnet; il nous prouve encore que cette fois Molière donna àl'amour le rôle que Racine lui donnait dans le drame ; il nous permet, enfin et surtout, de nous rendre compte dessentiments que Molière voulait que son personnage nous inspirât.

Comment un sous-titre pareil met à néant unefoule d'hypothèses ingénieuses sur le personnage d'Alceste (Molière, Montausier, les jansénistes, etc...

etc.).Comment il nous permet de résoudre la question souvent posée : Molière est-il avec Alceste ou avec Philinte ?Molière, peintre de la nature.. »