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LE THÉÂTRE ET LE RÉALISME

Publié le 22/02/2012

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Menant contre le romantisme la campagne de l'« école du bon sens«, Émile Augier (1820-1889) ne s'est pas contenté de présenter les événements simples de la vie bourgeoise. Sans aller jusqu'à la satire, car il entend rester dans les limites  permises, il fait mainte allusion à des questions d'actualité : la montée vers 1860 des nouveaux bourgeois gentilshommes (Le gendre de M. Poirier, 1854), la vénalité de la presse (Les effrontés, 1861), l'opposition du « parti de l'ordre « et « du parti de la révolution « (Le fils de Giboyer, 1862).

« - Ce théâtre s'avoue volontiers moralisateur.

Dumas le proclame bien haut : « Toute litté­ rature qui n'a pas en vue la perfectibilité, la moralisation, l'idéal, l'utile en un mot, est une littérature rachitique et malsaine, née morte.

» La thèse est, dans ces pfèces, d'autant plus gê­ nante qu'elle se confond la plupart du temps avec l'apologie de la tradition raisonnable et bour­ geoise ou qu'elle va dans le sens des slogans poli­ tiques du régime impérial.

LE TRIOMPHE DES CONVENTIONS Victorien Sardou (1831-1908) jette lui aussi sur la société de son temps un regard qui, pour être critique, n'en est pas moins chargé de com­ plaisance : c'est la veine des Ganaches (1862), de La famille Benoiton (1865), de ce Rabagas (1872) où l'on a cru reconnaître le portrait cari­ catural de Gambetta.

Mais ces pièces sont aujourd'hui bien oubliées.

On ne connaît plus guère de Sardou que Madame Sans-Gêne (1893), une comédie historique où la cour napoléonienne est sommairement caracté­ risée mais permet de mettre en valeur la verdeur et l'audace de Catherine la blanchisseuse, deve­ nue la maréchale Lefebvre.

Ce n'est pas seule­ ment au triomphe de cette héroïne pittoresque que nous assistons, mais au triomphe des conven­ tions dramatiques.

Car Sardou, ce pseudo-réa­ liste, ne se soucie guère de la réalité.

Son but avoué est de toujours ramener les sujets qu'il traite aux conditions du théâtre, et de tout voir du point de vue de la scène, -qui se confond pour lui avec le point de vue de la salle.

C'est encore faire beaucoup d'honneur aux amuseurs, Meilhac (1831-1897) et Halévy (1834- 1908), Eugène Labiche (1815-1888), ou Édouard Pailleron (1834-1899), que de découvrir dans leur œuvre une satire féroce de la bourgeoisie.

Les vices font partie de l'attirail du vaudevilliste, et il montre à leur égard une indulgence dont son sourire, -et le rire qu'il suscite -, sont l'ex­ pression.

L'amour d'Henriette pour Armand ne sera pas finalement sacrifié à la vanité de M.

Per­ richon, qui a pourtant bien failli l'emporter (Le voyage de M.

Perrichon, 1860).

Tout est entraîné d'ailleurs dans le mouvement d'une intrigue aux mille rebondissements et le mécanisme de la machine comique : qu'on songe à la folle course de la noce Fadinard-Nonancourt après un chapeau de paille d'Italie orné de coquelicots (1851).

Il est si peu antibourgeois, ce théâtre, qu'il finira par passer pour 1 'un des symboles du monde bourgeois, le monde où l'on s'ennuie ( 1), le monde où l'on s'amuse : au début de Nana, Zola nous montre la société parisienne à la première d'une opérette, « La blonde Vénus », qui ressemble étrangement à La belle Hélène (1864), le grand succès d'Offenbach et de ses librettistes ordi­ naires, Meilhac et Halévy.

1.

Le monde où l'on s'ennuie, c'est le titre d'une comédie célèbre de Pailleron (1881) où l'auteur nous présente un grand salon littéraire de la Troisième République qui est «la porte des ministères et l'antichambre des académies».

La gravure représente le beau-pére, Nonan­ court, pépiniériste à Charentonneau, avec bien sür un myrte sous le bras.

Quant au chapeau, ce n'est pas encore ...

le chapeau de paille d'Italie.

BIBLIOGRAPHIE ÉDITIONS : Eugène LABICHE, Thétltre, 2 vol., Livre de Poche.. »

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