Le titre (analyse) - Une partie de campagne de Maupassant

On peut toutefois s’interroger sur la relation entre cet épisode et la vie des protagonistes. Il est peu probable, en effet, qu’un écrivain comme Maupassant raconte une journée ordinaire où le lecteur retrouverait seulement une vérité de type sociologique. Un tel récit relèverait plutôt du reportage comme on en trouve dans ses Chroniques. Notre auteur n’est pas, comme le premier Huysmans, un tenant du naturalisme gris, il compose des récits qui produisent des effets. C’est dire que, d’emblée, s’instaure une tension entre la banalité de l’événement suggéré par le titre et la surprise attendue du fait même de l’existence de la nouvelle. Cette « partie de campagne >> pourrait bien avoir des répercussions durables sur la vie des protagonistes (c’est le cas dans des nouvelles comme «À cheval » ou «Au printemps >>). Dans sa neutralité même, le titre, rétrospectivement, prendra alors une connotation* ironique.

Société : les plaisirs des petits-bourgeois

Pour le petit-bourgeois parisien de 1881, une partie de campagne est « une partie de plaisir», une parenthèse de bonheur dans une vie vouée à la monotonie du travail. Maupassant en savait quelque chose, lui qui a longtemps trouvé dans ses escapades des bords de Seine une antidote à la triste condition d’employé de bureau (voir ci-dessus p. 4), et il a souvent prêté cette attitude à ses personnages. Tel « commis à quinze cents francs >>, ayant reçu << une gratification extraordinaire de trois