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Le trajet de Paris à Bezons - Une partie de campagne de Maupassant

Publié le 14/09/2018

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Société : les bourgeois et la « campagne »

 

L'évolution des sentiments des personnages est d'abord conforme à leur condition sociale. Le texte suggère qu'il est de la nature petite-bourgeoise de s'extasier devant la campagne, dont la valorisation constituait un lieu commun, si l'on en juge par le Dictionnaire des idées reçues de Flaubert : « Campagne. Les gens de la campagne meilleurs que ceux des villes ; envier leur sort. - À la campagne, tout est permis : habits bas, farces, etc. >>. (Les Dufour vont réaliser point par point ce programme, les deux femmes poussant même la farce très loin.) À cet article, Maupassant pourrait ajouter un seul mot : << s'attendrir >>. C'est ce que fait Mme Dufour dès que son mari lui en a donné le << signal >> en déclarant solennellement : «Voici la campagne, enfin ! >>

 

Une chronique d'avril 1881 présente cette campagne suburbaine comme une nature convenue : << La campagne, pour le Parisien, c'est Meudon, Saint-Cloud, Asnières ou Argenteuil. Là, il se dilate, s'amuse. Mais, si on le transportait dans la vraie campagne, au milieu des champs silencieux, tranquilles, immobiles, où poussent les récoltes épaisses, où seuls, un cri d'oiseau, un mugissement de vache traversent parfois la muette solitude, il serait saisi d'inquiétude et redemanderait vite sa petite campagne à canotiers tapageurs, à chemins de fer, à bastringues » 

de << Après avoir suivi >> à << le chemin de halage >>.

Après avoir suivi l'avenue des Champs-Élysées et franchi les fortifications à la porte Maillot, on s'était mis à regarder la contrée. En arrivant au pont de Neuilly, M. Dufour avait dit : " Voici la campagne enfin ! " et sa femme, à ce signal, s'était attendrie sur la nature. Au rond-point de Courbevoie, une admiration les avait saisis devant l'éloignement des horizons. A droite, là-bas, c'était Argenteuil, dont le clocher se dressait ; au-dessus apparaissaient les buttes de Sannois et le Moulin d'Orgemont. A gauche, l'aqueduc de Marly se dessinait sur le ciel clair du matin, et l'on apercevait aussi, de loin, la terrasse de Saint-Germain ; tandis qu'en face, au bout d'une chaîne de collines, des terres remuées indiquaient le nouveau fort de Cormeilles. Tout au fond, dans un reculement formidable, par-dessus des plaines et des villages, on entrevoyait une sombre verdure de forêts. Le soleil commençait à brûler les visages ; la poussière emplissait les yeux continuellement, et, des deux côtés de la route, se développait une campagne interminablement nue, sale et puante. On eût dit qu'une lèpre l'avait ravagée, qui rongeait jusqu'aux maisons, car des squelettes de bâtiments défoncés et abandonnés, ou bien des petites cabanes inachevées faute de paiement aux entrepreneurs, tendaient leurs quatre murs sans toit. De loin en loin, poussaient dans le sol stérile de longues cheminées de fabriques, seule végétation de ces champs putrides où la brise du printemps promenait un parfum de pétrole et de schiste mêlé à une autre odeur moins agréable encore. Enfin, on avait traversé la Seine une seconde fois, et, sur le pont, ç'avait été un ravissement. La rivière éclatait de lumière ; une buée s'en élevait, pompée par le soleil, et l'on éprouvait une quiétude douce, un rafraîchissement bienfaisant à respirer enfin un air plus pur qui n'avait point balayé la fumée noire des usines ou les miasmes des dépotoirs. Un homme qui passait avait nommé le pays : Bezons. La voiture s'arrêta, et M. Dufour se mit à lire l'enseigne engageante d'une gargote : Restaurant Poulin, matelotes et fritures, cabinets de société, bosquets et balançoires. " Eh bien, madame Dufour, cela te va-t-il ? Te décideras-tu à la fin ? " La femme lut à son tour : Restaurant Poulin, matelotes et fritures, cabinets de société, bosquets et balançoires. Puis elle regarda la maison longuement. C'était une auberge de campagne, blanche, plantée au bord de la route. Elle montrait, par la porte ouverte, le zinc brillant du comptoir devant lequel se tenaient deux ouvriers endimanchés. A la fin, Mme Dufour se décida : " Oui, c'est bien, dit-elle ; et puis il y a de la vue. " La voiture entra dans un vaste terrain planté de grands arbres qui s'étendait derrière l'auberge et qui n'était séparé de la Seine que par le chemin de halage.
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« du récit ralentit ensuite avec l'arrivée à l'auberge, marquée par l'emploi du premier passé simple ( ) en le comparant à la présenta­ tion de l'auberge, où la brève pause descriptive est prise en charge par le personnage de Mme Dufour qui .

Les deux tableaux forment un diptyque contrasté.

Dans le premier, la volonté de faire œuvre d'art est visible dans la pré­ cision géographique, la composition solide, le jeu des ligne s et des plans qui visent à suggérer l'immensité du paysage.

S'aff mne dé jà , symboliquement, le pouvoir de la nature sur les personnages qui la contemplent et qui recherchent son contact.

Dans le second, le choix du sl\iet semble un défi à l'art et c'est par antiphrase qu'il est question de la. »

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