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LE VICOMTE DE VALMONT et LA MARQUISE DE MERTEUIL

Publié le 22/02/2012

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Les Liaisons dangereuses, livre unique par sa construction et son thème, a été écrit au XVIII' siècle par un officier désoeuvré. Né à Amiens en 1741, Pierre Choderlos de Laclos devient officier d'artillerie. Il se distrait de la vie de garnison en écrivant poèmes et contes érotiques. En 1782, il est nommé à l'île d'Aix pour contrôler les travaux puis assurer le commandement d'un fortin utilisant des techniques nouvelles. Très vite, Laclos s'ennuie. Pour se distraire, il rédige un roman. Ce sera Les Liaisons dangereuses. Par la suite, Laclos ne réitérera jamais ce coup de maître. Il laissera inachevé un traité sur L'Education des femmes (1783), collaborera avec le duc d'Orléans, jouera un certain rôle dans la victoire révolutionnaire de Valmy (1792). Officier admirateur de Bonaparte, il mourra en Italie lors d'une mission, en 1803. Notons qu'après avoir séduit et engrossé une jeune fille de bonne famille, Laclos l'épousa et mena auprès d'elle une vie respectable d'honnête père de famille.

« un roman.

Ce sera Les Liaisons dangereuses.Par la suite, Laclos ne réitérera jamais ce coup de maître.

Il laissera inachevé un traité sur L'Education des femmes(1783), collaborera avec le duc d'Orléans, jouera un certain rôle dans la victoire révolutionnaire de Valmy (1792).Officier admirateur de Bonaparte, il mourra en Italie lors d'une mission, en 1803.Notons qu'après avoir séduit et engrossé une jeune fille de bonne famille, Laclos l'épousa et mena auprès d'elle unevie respectable d'honnête père de famille.Le roman de Laclos illustre à l'extrême ce que l'on a appelé aux XVII' et XVIII' siècles le libertinage.A l'origine, ce mot désigne une école de pensée.

Les libertins affirment la primauté de la raison sur la foi, s'opposentaux vérités révélées dans la Bible, revendiquent le droit au doute et à l'incrédulité.Accusés d'athéisme par leurs contemporains, ces penseurs préconisent la satisfaction des instincts naturels, enréaction contre les contraintes de la religion.

En fait, ils marquent la transition entre l'humanisme de la Renaissanceet les philosophes du siècle des Lumières (Voltaire, Rousseau, Diderot...).

Les plus célèbres d'entre eux sontThéophile de Viau (1590-1626), Gassendi (1592-1655) qui aura pour disciple Cyrano de Bergerac, et Naudé (1600-1650).Pourtant, cette tendance philosophique va prendre un tour nouveau à la fin du XVII' et au début du XVIII' siècle.C'est que la religion représente le pouvoir, en particulier le pouvoir monarchique.

Pour affirmer leur indépendancepolitique, certains grands seigneurs épousent les thèses libertines.Même, ils en rajoutent dans la critique et la provocation, mangeant au vu de tous de la viande le vendredi ouorganisant des baptêmes de.

chiens.

Ils mènent aussi une vie tellement dissolue qu'à partir de cette époque, le mot« libertin » devient synonyme de « débauché ».Valmont et la marquise de Merteuil appartiennent à cette classe de seigneurs, qui privilégient la satisfaction de leursplaisirs et méprisent les enseignements religieux.

D'un point de vue philosophique, ils se réclament de la nature, quiexige l'obéissance aux instincts et permet au fort d'écraser le faible.

La marquise rappelle ainsi à Valmont, dans l'unede ses lettres, que «les sots sont ici-bas pour nos menus plaisirs ».Poussant la perversion, les héros des Liaisons dangereuses en arrivent à ne trouver plaisir et jouissance que dansl'organisation d'intrigues et la souffrance morale infligée à autrui.

Ils préparent et exécutent leurs perfidies commedes oeuvres d'art, qui leur vaudront l'admiration de leurs camarades.

Sans qu'on aille jusqu'à la souffrance physique,leur conduite annonce pourtant les dérèglements du marquis de Sade (17401814).Sur le plan littéraire, Les Liaisons dangereuses est un livre unique par la qualité de l'analyse psychologique.Il s'agit d'un roman par lettres.

C'est-à-dire que l'auteur nous fait découvrir le cheminement de l'intrigue et lesrapports entre les personnages uniquement par la correspondance qu'ils échangent.

Ce procédé exige à la fois uneremarquable maîtrise, car il faut mener son récit de façon précise et serrée, et d'exceptionnelles qualités de style,pour pouvoir faire écrire chacun selon la manière qui lui convient.Laclos se tire de cette double contrainte avec un brio extraordinaire.

Il se paie même le luxe de faire écrire àValmont une lettre à double sens (lettre XLVIII) ou d'ajouter à son intrigue le récit d'incidents secondaires (lettreLXXI).

De plus, le procédé lui permet d'exacerber le contraste entre la fourberie des héros et la naïveté desvictimes, puisque le lecteur bénéficie tour à tour des confidences de chacun des personnages.Laclos s'est inspiré de Clarisse Harlowe, roman par lettres publié en 1748 par l'Anglais Richardson (1689 - 1761) etdont le personnage principal, le séducteur Lovelace, a servi de modèle à Valmont.

On peut aussi citer, parmi lessources littéraires de l'oeuvre, le roman par lettres de Jean-Jacques Rousseau Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761).Outre ces qualités de construction et de style, Laclos fait preuve d'une remarquable pénétration psychologique.Celle-ci éclate d'abord avec les portraits des héros, Valmont et la marquise de Merteuil.

Ces deux êtres trouventune jouissance dans le mal qu'ils font.

Ils sont toujours à la fois acteurs et spectateurs de leurs actes, ce qui leurpermet ensuite d'en rendre compte avec une lucidité et une précision étonnantes.Diderot avait développé en 1778, dans son Paradoxe sur le comédien, la thèse que les acteurs jouissent d'une sortedeconscience dédoublée et ne sont jamais aussi froids et lucides que lorsqu'ils émeuvent le plus.

Laclos semble avoirretenu la leçon : ses héros sont des modèles, des monstres de conscience dédoublée.

En représentationpermanente, ils allient le cynisme à la cruauté et se regardent agir au plus fort de l'action.C'est d'ailleurs la nécessité première de leur existence, car ils disparaissent dès qu'ils laissent parler leur vraienature.

Valmont périt pour être vraiment tombé amoureux, la marquise de Merteuil est perdue lorsque sesagissements sont connus de la société.Cette fin dramatique est amenée par une lente progression.

Il apparaît très vite que Mme de Merteuil manipuleValmont en jouant sur sa vanité.

Grâce à ce ressort, elle réussit à lui faire rompre avec son unique véritable amour,la présidente de Tourvel.

Mme de Merteuil est diabolique en ce sens que, par plaisir, elle mène Valmont à sa perteen le faisant suivre sa pente.

Lui, de son côté, entretient avec son ancienne maîtresse des rapports ambigusd'admiration, de désir et de jalousie.

Au travers de leurs échanges, nous voyons leurs rapports s'envenimer, chacuntentant de prendre le pas sur l'autre par orgueil autant que par goût du jeu, jusqu'à la catastrophe finale.Laclos nous offre aussi une superbe leçon de séduction, annonçant par certains côtés le Solal d'Albert Cohen.

Parexemple, il montre la marquise de Merteuil dressant sciemment des obstacles entre Danceny et Cécile Volanges,pour que l'ardeur mise à les abattre augmente la passion du chevalier pour la jeune fille.

Autre exemple, ce passaged'une lettre de la marquise de Merteuil parlant de Cécile, qui préfigure la découverte de l'inconscient (lettre LI) :«J'ai remarqué même une de ces ressources qui ne manquent jamais à l'amour, et dont la petite fille est assezplaisamment la dupe.

Tourmentée par le désir de s'occuper de son amant, et par la crainte de se damner en s'enoccupant, elle a imaginé de prier Dieu de le lui faire oublier; et comme elle renouvelle cette prière à chaque instantdu jour, elle trouve le moyen d'y penser sans cesse.

» Tout au long de son livre, Laclos fait ainsi la preuve de ses qualités d'observateur et de psychologue.Reste un paradoxe.

Admirateur de Rousseau, Laclos prétendit avoir voulu faire un portrait effrayant de l'immoralité,. »

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