Devoir de Philosophie

Le visiteur de minuit - VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels

Publié le 09/03/2011

Extrait du document

« En ce moment, l'heure sonna, dehors, à l'église, dans le vent nocturne. - Qui est là? demandai-je à voix basse. La lueur s'éteignit : - j'allais m'approcher... Mais la porte s'ouvrit, largement, lentement, silencieusement. En face de moi, dans le corridor, se tenait, debout, une forme haute et noire, -un prêtre, le tricorne sur la tête. La lune l'éclairait tout entier, à l'exception de la figure : je ne voyais que le feu de ses deux prunelles qui me considéraient avec une solennelle fixité. Le souffle de l'autre monde enveloppait ce visiteur, son attitude m'oppressait l'âme. Paralysé par une frayeur qui s'enfla instantanément jusqu'au paroxysme, je contemplai le désolant personnage, en silence. Tout à coup, le prêtre éleva le bras, avec lenteur vers moi. Il me présentait une chose lourde et vague. C'était un manteau. Un grand manteau noir, un manteau de voyage. Il me le tendait, comme pour me l'offrir !...  

Je fermai les yeux pour ne pas voir cela. Oh ! je ne voulais pas voir cela ! Mais un oiseau de nuit, avec un cri affreux, passa entre nous, et le vent de ses ailes, m'effleurant les paupières, me les fit rouvrir. Je sentis qu'il voletait par la chambre. Alors, - et avec un râle d'angoisse, car les forces me trahissaient pour crier -, je repoussai la porte de mes deux mains crispées et étendues et je donnai un violent tour de clef, frénétique et les cheveux dressés. Chose singulière, il me sembla que tout cela ne faisait aucun bruit. C'était plus que l'organisme n'en pouvait supporter. Je m'éveillai. J'étais assis sur mon séant, dans mon lit, les bras tendus devant moi; j'étais glacé; le front trempé de sueur. « VILLIERS DE L'ISLE-ADAM (1838-1889), Contes cruels (parus en 1883).

 

Sans dissocier la forme et le fond, vous ferez un commentaire composé de cette page. Vous pourrez étudier par exemple les procédés par lesquels l'auteur essaie, dans un récit conté à la première personne, de faire vivre à son lecteur une scène de mystère et d'angoisse.   

Le baron Xavier de la F*** discute avec des amis « des coïncidences extraordinaires, stupéfiantes, mystérieuses, qui surviennent dans l'existence de quelques personnes «. Il raconte alors ce qui lui est arrivé en 1876, au solstice d'automne, à Saint-Maur, petit village de Bretagne. Il s'y était rendu pour retrouver à l'improviste un vieil ami, le savant et pauvre abbé Maucombe, jadis officier de dragons. Malgré la cordialité de l'accueil, le baron est inquiet de l'air «étranger« du presbytère, tout comme lui paraît étranger le visage de son hôte l'installant dans une chambre. Voici qu'il est minuit, on frappe à la porte, une lumière qui n'éclaire pas, espèce de tache sanglante, sort de la serrure.   

« • Car il est évident qu'on est quand même mieux armé pour commenter un passage lorsqu'on possède une certaineconnaissance. • Précisément, il faut partir du principe que malheureusement, même pour des auteurs qui devraient être connus,bien des candidats sont bien peu au courant - au moins de façon précise... • ...

et que le commentaire est justement l'exercice qui permet le mieux de se passer de connaissances puisqu'onpart d'un texte qui peut apporter à lui seul la matière du devoir. 2.

Processus à suivre. • D'abord une lecture très attentive.

Il s'agit de s'imprégner du texte, puisque de lui seul tout doit être découvert.Donc établir un courant affectif - ou mieux sensible - entre le lecteur et ce texte, ou comme aurait dit Rimbaud -qui n'était alors pas plus âgé que bien des candidats - il faut tenter de voir...; c'est-à-dire dégager d'abord du texteentier une image, ou un tableau d'ensemble d'où vont être retirés : - en premier, la situation qui constitue toujours le début de l'Introduction. Comme il n'est possible de situer ni l'auteur ni l'œuvre - à peine au niveau d'une époque, trois dates étant indiquéesici, mais ce n'est pas toujours le cas -, il faut situer dans le ton qui est le leur par rapport aux divers ouvrages etcréateurs littéraires.

Trouver quelques exemples, aussi, qui permettront une situation par comparaison avec d'autresauteurs (plus connus, eux). - Ensuite, s'attacher à l'idée générale du texte et ceci très vite.

Se poser simplement les questions : de quoi s'agit-il? quels sentiments sont exprimés? comment sont-ils traduits et transmis? - On découvre ainsi la valeur formelle de l'ensemble qui fait partie intégrante de l'idée générale et doit être exposéeavec elle dans le centre de l'introduction. - Il reste à sérier deux thèmes d'étude (ou trois à la rigueur) sur lesquels doit se composer le commentaire, c'est-à-dire le développement du devoir.

Il faut obtenir une véritable entente directe, continue, avec le texte.

L'avantagedu commentaire d'un passage d'auteur non connu, c'est justement : d'obliger le candidat à ne pas s'en écarter; delui éviter toute tentation d'histoire littéraire; celle-ci est fort utile, certes, mais à condition de savoir la manier, dene pas la plaquer comme un devoir indépendant, mais seulement de l'utiliser comme un soutien subtil à cetteentente avec le texte. • Ne pas oublier : - que le texte donné en commentaire doit être « vu », puis analysé, non jugé.

Il n'est jamais question de moraliser àson sujet; - que c'est une œuvre littéraire, donc une œuvre d'art; - sa lecture est par conséquent : affective (= sentiments développés par le créateur en lui-même, puis chez lelecteur); esthétique (= effets du langage, de l'écriture, de la métrique [vers] ou stylistique [prose] pour rejoindre ettransmettre le sentiment, le créer même parfois, surtout les émotions.) - l'étude doit donc s'appuyer sur une technique qu'il ne faut pas négliger. Plan détaillé Introduction • Villiers de l'Isle-Adam? bien peu connu, tout juste de nom peut-être... • Ce sont donc les seuls rapports qui se tissent entre la page lue et le lecteur qui permettront de découvrir lecréateur et son art, qui les révéleront. • Ce qui frappe en premier dans cet épisode de prose, c'est que - en quelques lignes, avec simplicité mais une science structurale (savante structure) certaine -, il saisit par sonatmosphère fantastique, presque illuministe, et place celui qui le lit dans une position d'abord de spectateur, puispresque d'acteur même de l'histoire. • L'intérêt du lecteur est tenu en haleine d'un bout à l'autre et ceci grâce en particulier à un style presque dépouillésouvent.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles