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L'écriture de Salammbô de Flaubert

Publié le 23/11/2012

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flaubert

Ce texte ambigu, extrait d'une lettre à Feydau de juillet 1857, donne la mesure de la problématique. Flaubert s'y définit à la fois comme un romancier préoccupé surtout de l'épaisseur de ses personnages, comme un artiste en quête de beauté et non de vérité scientifique, mais également comme un savant tenu à une sorte de probité intellectuelle qui risque de l'égarer hors des voies étroites de la réussite artistique. Flaubert ne cherche nullement à écrire un roman historique, il semble plutôt qu'il soit curieux du résultat engendré par cette triple exigence. Il y a chez lui une obsession de la méthode qui le conduit à définir des règles quasiment intenables pour le seul plaisir...

flaubert

« Salammbô 1 223 bert ne cesse de recomposer.

Dans Salammbô, ce n'est pas tant la psychologie ni la vraisemblance qui comp­ tent que l'architecture.

Rappelons-nous qu'avant de porter le nom de la fille d'Hamilcar, le roman s'intitu­ lait Carthage.

La ville n'est pas seulement l'unique objet du désir des personnages, elle est le centre archi­ tectonique de toute l'œuvre.

Aussi chaque chapitre donne-t-il l'impression d'une unité massive, d'un black au sens anglais du terme.« A moi, puissances de l'émo­ tion plastique!» note-t-il au cours de son voyage en Tunisie.

Le travail de documentation, qui a précédé l'écriture et ne s'achèvera véritablement qu'avec elle, a constitué une carrière de matériaux bruts que Flaubert va com­ poser et recomposer inlassablement pour édifier son livre.

La Bibliothèque nationale possède les quelque quatre mille pages qui aboutiront aux trois cent qua­ rante du manuscrit définitif.

Des pans entiers, dont Flaubert se déclare pourtant satisfait, seront finale­ ment supprimés pour obéir à 1 'exigence de construction interne.

Mieux, il lui arrive« defaire des morceaux qui ne doivent servir à rien dans l'ensemble de l'œuvre», et n'ont d'autre utilité que de l'entraîner à écrire son roman en lui en faisant découvrir jusqu'aux détours où l'action ne s'aventurera pas.

Exactement comme un auteur réaliste ne nous donne à voir qu'une partie de la société qu'il appréhende dans son ensemble, Flau­ bert se doit de ressusciter Carthage au-delà des stricts besoins de la narration.

On retrouve là sa conception de l'auteur-Dieu omniscient qui pour mieux« circuler dans toute la création dont (il] parle» doit en connaître chaque recoin.

Il y a autour de Salammbô tout un monde tu et laissé dans l'ombre dont la seule fonction est de donner du relief à ce qui sera mis en lumière.

On pourrait parler d'une gigantesque tentative d'archéolo­ gie littéraire dont le roman publié présente un assem­ blage des plus belles pièces.. »

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