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L’écriture poétique est-elle seulement le résultat des maux et de la souffrance du poète ?

Publié le 21/05/2023

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« “La poésie, c’est tout ce qu’il y a d’intime dans tout” écrit Victor Hugo dans la préface de son receuil poétique Odes et Ballades pour exprimer la fonction qu’il accorde à cet art.

Il jette là les bases de la littérature du XIXème siècle, qui laisse des auteurs s’exprimer sur l’homme, son âme et ses maux.

La poésie prend une place importante dans le romantisme, un des mouvements littéraires dominant de l’époque, où le poète, presque à la manière d’une autobiographie, met en scène dans ses écrits un “moi” en souffrance et ne craint pas d’aborder des passions humaines jusqu’alors tues et ignorées.

Les écrivains cassent les règles de la littérature classique, s’interrogent sur la nature profondes de l’homme et l’entièreté de son être, avec une vérité presque brutale.

C’est ainsi, avec l’expression d’une mélancolie et d’un mal intérieur que la littérature évolue, s’interroge sur la nature des sentiments humains. Mais, l’écriture poétique est-elle seulement le résultat des maux et de la souffrance du poète ? Dans un premier temps, nous verrons la place importante que prend la douleur de l’écrivain dans chacun de ses écrits.

Ensuite, nous découvrirons que le poète peut trouver inspiration dans d’autres sentiments que ceux qui lui causent des terribles maux.

Pour finir, nous nous pencherons sur cet art poétique, qui devient le miroir de la vie du poète, avec le tout que forment ses tourments comme ses joies. Dans sa lourde responsabilité de délivrer la vérité et l’entièreté de son âme dans son art, le poète ne peut cacher les sentiments qui l’habitent et qui rodent dans son esprit.

Ainsi, la souffrance, part entière de son être, ne peut être ignorée bien longtemps.

Elle engorge sa poésie, traque ses pensées et s’accroche à ses vers. L’artiste semble maudit par ce mal intérieur qui le ronge mais sur lequel il essaye de mettre des mots, pour mieux le comprendre, l’analyser et le livrer à son lectorat.

Charles Baudelaire partage “Bénédiction”, tiré de son recueil Les Fleurs du Mal et placé à la suite de son poème liminaire adressé au lecteur.

Il décrit un poète rejeté et maudit par tous dès son enfance.

Les premiers vers, emplis de colère, montre le fardeau qu’il semble être pour ceux autour de lui et donne au titre une nature paxadoxale.

Béni par ses talents d’écrivain, le poète est différent du reste des hommes, forcé de les comprendre pour leur apporter la lumière de son esprit perçant et d’être capable de décrypter l’âme la plus opaque.

Lui-même semble guidé par Dieu, mais doit faire face aux difficutés de cette “bénédiction” et embrasser les épreuves qui l’accompagnent.

Baudelaire exprime ici un cadeau divin qu’il accepte dans toute sa grandeur, à l’inverse de certains poètes, qui expriment avec une franchise surprenante leur douleur.

Paul Verlaine dans son poème au titre annonciateur “L’Angoisse”, issu de son œuvre Poèmes Saturniens, exprime le “mal du siècle”, terme caractéristique du XIXème siècle pour une jeunesse qui ne trouve pas sa place dans une société inconnue.

Il décrit son âme comme “lasse de vivre, ayant peur de mourir,” tiraillée entre des sentiments puissants, qui le lance entre la vie et la mort.

Verlaine renit les grandes croyances de la société, “l’Homme”, “l’Art”, “l’Amour” et même “Dieu”, et semble emplit de nonchalence et d’ennui, mais aussi d’une grande tristesse. Le poète est donc inévitablement lié à la souffrance, qui aguiche injustement son esprit et le force à produire des écrits parfois très sombres, dans la quête néanmoins d’une lumière directrice.

Il cherche à se rassurer et à trouver soulagement dans la douleur qu’il ressent, qui ne peut être séparée de son don. Les maux de l’homme proviennent souvent d’évènements bouleversants passés dans sa vie.

Les poètes accordent une obsession presque maladive à la mort, qui elle aussi empiette sur leurs écrits.

La perte d’un être proche, sincèrement aimé et maintenant terriblement manqué, imprêgne dans leurs esprits une marque profonde et douloureuse, rendant le deuil complexe.

En 1856, Victor Hugo publie son recueil Les Contemplations, imprégné du souvenir de sa fille Léopoldine, décédée noyée quelques années auparavant.

Sa colère, sa sollitude et son chagrin poignant sont perceptibles tout au long de la lecture des poèmes, et notamment dans le poème IV du livre “Pauca meæ” dédié à sa fille.

Il écrit dès les premiers vers, “je fus comme fou dans le premier moment” et offre des lignes déchirantes, emplis d’hallucinations qui suivent le choc de la disparition de Léopoldine.

Un Hugo déraisonné s’offre au lecteur, mettant à nu la véritable douleur et le délire d’un père ayant perdu son enfant.

De la même manière, Alphonse de Lamartine décrit dans Les Médiations poétiques la disparition de Julie Charles, une amante adorée, mais elle aussi emportée par la mort.

Elle laisse de la même manière son âme errer dans le recueil, notamment dans “Crépuscule”.

Lamartine se laisse aller à des songes qui l’éloignent de l’existence humaine, et cherche à le rapprocher de la mort.

Il conclut son poème, détenteur de la description d’un paysage propice à la réflexion, avec le vers, “emportez-moi comme elle” et met en avant son manque et sa sollitude. L’homme se rend compte de la douleur de la mort sur le vivant, qui emporte avec les être chers et ne laisse derrière elle que leurs souvenirs et la tristesse de leur disparition.

Le poète ne peut ignorer la douleur qui le saisit et doit se dépêcher de mettre des mots sur ses sentiments, certainement dans un espoir de soulagement. Bien que la douleur charge les écrits du poète, par sa force et la prise paralysante qu’elle détient sur les pensées, il peut tenter inspiration dans des lieux ou des sentiments plus légers, plus heureux. Intimement attaché à la nature, il calque sa pensée sur la description assidue de l’environnement intriguant et lourd de l’esprit divin.

Les végétaux, les animaux et même les éléments immobiles, des roches aux collines sont propices à la réflexion de l’artiste, qui y trouvent les profondeurs de l’univers et les secrets de la vie.

Dans “Crépuscule”, extrait de son recueil Les Contemplations, Victor Hugo emploie la noirceur et la profondeur de la nature, éclairé par la présence du divin pour mettre en évidence la charnalité entre la vie et la mort, ancrée tout autour de l’homme.

La mort est de nouveau évoquée chez Hugo, mais d’une manière plus rassurante où le vivant prend le dessus par rapport à elle et est célébré par l’auteur.

L’animal et l’insecte deviennent aussi source d’inspiration, comme le fait Lamartine avec “Le Papillon”, de son œuvre Les Nouvelles Méditations poétiques.

Il lui donne une figure allégorique pour vanter la beauté d’une vie éphémère et légère, qui ne dure que si peu de temps mais qui permet au papillon de profiter de ses frivolités.

Lamartine évoque un insecte à jamais insatisfait et intrépide, mais aussi l’image de la résurrection avec la transformation de la chenille. Ainsi guidé par l’intriguante nature, pleine de réponses à ses réflexions, le poète s’en inspire pour livrer des poèmes réfléchis et emplis d’images allégoriques.

Il met en évidence la puissance de la Terre, qui renferme toutes les énigmes de la vie, visibles par sa vision aiguisée. En plus de son attâchement prononcé pour la nature, le poète est capable de réanimer son imagination dans un sentiment vital pour son âme, l’amour. Indégnablement amoureux de l’écriture et de l’existence humaine qui rythme son art, il trouve en l’amour sa.... »

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