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LECTURE MÉTHODIQUE DE LA SCÈNE 6 - Marivaux

Publié le 05/06/2015

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Dans les dernières répliques citées, Arlequin et Cléan-this rient des aveux consentis par leurs maîtres devant Trivelin; dès les premiers mots de la scène, ils nous rappellent ainsi le fonctionnement caractéristique des scènes précédentes : non seulement, les maîtres ont dû subir la révélation publique et officielle de leurs travers par l'entremise des portraits animés qu'en ont brossés les serviteurs, mais encore, ils ont été contraints de reconnaître que ce portrait était ressemblant. Ce pro­cédé qui provoque une double humiliation (la seconde aggravant sur la première déjà douloureuse) fonctionne pleinement dans la scène 6 : il en est même le prin­cipe.

On pourra trouver ces remarques longues ou inutiles. Elles veulent seulement mettre l'accent sur un aspect essentiel du texte théâtral : le rôle de la mise en scène qui par ses choix oriente une perception de l'oeuvre. Que le metteur en scène rende visible la soumission d'Iphicrate à Arlequin (et il laissera entre la réplique d'Arlequin et celle de Cléanthis le temps à l'ancien maître de porter les lourds fauteuils sur scène, et sous les yeux d'Euphrosine) ou que, respectueux du rythme du texte, il suspende l'ordre et laisse Iphicrate sans agir, et il donnera une force et un sens très différents à la même scène, sans modifier d'aucune sorte le texte de Marivaux. Notons comment, dans la première hypo­thèse, la réplique de Cléanthis sonnant après la docilité forcée d'Iphicrate serait une violente preuve de mépris, une insulte!

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« 84 PARCOURS DE LECTURE : L'Île des esclaves sourira-t-il une nouvelle fois de cette substitution des noms auxquels les anciens maîtres se soumettent, de mauvaise grâce certes, mais sans désobéir.

Quant au lecteur, il est prévenu obligeamment, par la didascalie entre parenthèses, de la singularité de l'appel qui suit.

Ces huit mots posent ainsi le problème de l'énoncia­ tion dans cette scène.

Ici, le texte théâtral apparaît au moins double : -Les didascalies s'adressent au lecteur.

Elles l'infor­ ment sur l'identité du locuteur (Ciéanthis) et des deux destinataires (d'abord Arlequin, ensuite Euphrosine); le metteur en scène, la comédienne traduiront par une gestuelle appropriée devant le spectateur le changement d'interlocuteur.

Elles soulignent de plus la bizarrerie de la situation d'énonciation entre les personnages.

(Cléanthis hèle Cléanthis !).

- La réplique, élément du dialogue théâtral, s'adresse à plusieurs des personnages, répartis différemment sur l'espace scénique, avec lesquels l'émetteur (ici Cléanthis) entretient des rapports différents, signi­ fiés par des indices textuels distinctifs.

(La séche­ resse de )'apostrophe à Euphrosine, la substitution de son nom s'opposent à l'ensemble du discours à Arlequin).

Nous le pressentons : dans cette scène complexe, il est essentiel d'étudier avec quelque minutie les différents éléments de la situation.

Nous verrons que ce qui est dit (le contenu des discours) est bien moins intéressant, moins signifiant que les situations de communication.

• Qui parle? Quatre personnages sont désignés par la didascalie qui ouvre la scène pour en indiquer les participants dans l'ordre suivant : Cléanthis, lphicrate, Arlequin, Euphrosine.

Cet ordre ne correspond ni à celui de prise de parole dans la scène (Cléanthis, Arlequin, lphicrate), ni au « volume » du discours proféré, ni au nouvel ordre. »

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