L'éloquence révolutionnaire : triomphe et fin du classicisme
Publié le 10/09/2018
                            
                        
Extrait du document
lui seul est véritablement éloquent, puisqu'il n’a qu'à montrer ce qu'il sent pour le communiquer à ceux qui l'écoutent »
Cette conception du pathétique, né de la ferveur pour la cause que l’on défend, et de la communion sociale qui rattache intimement, et en quelque sorte charnellement, l’homme à tous les hommes, cette souveraine effusion du sentiment dans la parole et de la parole dans l'action, qu'a rêvée Saint Preux dans la Nouvelle Héloïse, qu'a incarnée Robespierre en 1793, n’est ce pas, peut être, l’âme du romantisme dans ce qu'il a de plus sain et de plus viril ?
Du point de vue esthétique et littéraire, l'objet essentiel d’une étude des orateurs de la Révolution est de montrer comment la transformation économique, politique et sociale de la France a conditionné un renouvellement de l'homme total, une inversion de son attitude à l'égard du monde et de sa propre vie et, par suite, a modifié entièrement le climat humain de l’art et de la beauté. Bref, il s’agit de situer l'éloquence révolutionnaire en analysant son rôle : grâce à elle se consomme la rupture avec les traditions du classicisme dont la décadence s’est prolongée tout au long du XVIII' siècle et s'annonce, dans le titanisme de l'action, la libération romantique de l’humain.
Un style qui évolue avec le climat social et le public
L’atmosphère des débats parlementaires et des joutes oratoires a varié, très profondément, dans les vicissitudes de la lutte. L'éloquence change de caractère selon la classe qui est au pouvoir, selon les phases du drame, et selon le public qui occupe les tribunes.
Sans doute, à aucun moment ne régnera dans l’art oratoire un « sans culottisme » littéraire : même aux heures les plus tragiques, la rhétorique classique ne perdra jamais entièrement
« L’éloquence a grandi », remarquait déjà l’historien et orateur latin Tacite (v. 55120 ap. J...C.), dans tous les orages qui déchiraient la république. Et, en vérité, l’éloquence politique française est née avec le bouleversement le plus profond qu’ait connu notre pays au cours de son histoire. L'extrême tension des sentiments suscités par la Révolution a renouvelé non seulement l’art oratoire, mais aussi tous les genres littéraires, en transformant radicalement les rapports entre la vie des hommes et leurs créations esthétiques.
Un changement profond de la condition humaine, en ces quelques années, est à l'origine d'une mutation artistique.
Une préfiguration du romantisme
On peut trouver chez Rousseau une anticipation de cette métamorphose : au livre IV de l’£mile, il dessine à grands traits son disciple s'exerçant à la parole, et nous pouvons voir en lui le modèle de l'homme nouveau et de l'orateur révolutionnaire au delà de toute rhétorique formaliste, de tout classicisme décadent : « Le noble sentiment qui l'inspire lui donne de la force et de l'élévation : pénétré du tendre amour de l'humanité, il transmet en parlant les mouvements de son âme ; sa généreuse franchise a je ne sais quoi de plus enchanteur que l'artificieuse éloquence des autres ; ou plutôt
«
                                                                                                lui 
seul  est véritablement  éloquent, puisqu'il  n'a qu'à  montrer 
ce  qu'il  sent pour  le communiqu er  à ceux  qui l'écoutent.
                                                            
                                                                                 » 
Cette  conception  du pathétique,  né de la ferveu r pour  la 
cause  que l'on  défend,  et de  la communion  sociale qui rattache 
intimement,  et en  quelque  sorte  charn ellement,  l'homme à 
tous  les hommes,  cette souveraine  effusion du sentiment  dans 
la  parole  et de  la parole  dans l'action,  qu'a rêvée  Saint Preux 
dans  la Nouvelle  Héloïse, qu'a incarnée Robespierre  en 1793, 
n' est ce  pas, peut être,  l'âme  du romantisme  dans ce qu'il  a 
de  plus  sain et de  plus  viril ? 
Du  point  de vue  esthétique  et littéraire,  l'objet  essentiel 
d'une  étude  des orateurs  de la Révolution  est de montrer 
comment  la transfo rmation  économique,  politique et sociale 
de  la France  a conditionné  un renouvellement  de  l'homme 
total,  une  inversion de son  attitu de à l'égard  du monde  et de 
sa  propre  vie et, par  suite,  a modifié  entièrement  le climat 
humain  de l'art  et de  la beaut é.
                                                            
                                                                                Bref,  il s'agit  de situer 
l'él oquence  révolutionnaire  en analysant  son rôle  : grâce  à elle 
se  consomme  la rupture  avec les traditions  du classicisme 
dont  la décadence  s'est prolongée  tout au long  du XVIII' 
siècle  et s'annonce,  dans le titanisme  de  l'action,  la libération 
roma ntique  de l'humain.
                                                            
                                                                                
Un  style  qui évolue  avec le climat  social 
et  le public 
L'a tmosphère  des débats  parlementaires  et des  joutes  oratoires 
a  varié,  très profondément,  dans les vicis situdes  de la lutte.
                                                            
                                                                                
L'éloquence  change de caractère  selon la classe  qui est au 
pouvoir,  selon les phases  du drame,  et selon  le public  qui 
occupe  les tribunes.
                                                            
                                                                                
Sans  doute,  à aucun  moment  ne régnera  dans l'art oratoire 
un  « sans culottisme  » littér aire  : même  aux heures  les plus 
tr agiques,  la rhétorique  classique ne perdra  jamais entièrement.
                                                                                            »
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- FIN DES TERROIRS - TRIOMPHE DES VILLES
 - Le néo-classicisme: Fin du XVIIIe siècle Début du XIXe siècle.
 - L'ÉLOQUENCE RÉVOLUTIONNAIRE
 - «Dans la mémoire des Français, le XVIIe siècle joue un peu le rôle d'une référence par rapport à laquelle on juge tout le reste, comme, avant le classicisme, on jugeait tout par rapport à l'antiquité. Cela tient peut-être au fait que ; par rapport aux siècles qui l'on précédé, il inaugure les temps modernes. Mais on peut croire aussi qu'en dépit des luttes qui ont marqué son histoire il évoque la pensée d'une certaine cohésion : l'approche, par différentes avenues, d'un commun idéal de
 - LA FIN DU CLASSICISME