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L'ÉMILE de Rousseau: étude des livres

Publié le 25/06/2011

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Emile ou de l'éducation fut composé à Montmorency pendant que s'achevaient et s'imprimaient la Nouvelle Héloïse et le Contrat social. Dès mai 1759, Rousseau travaillait au cinquième livre. En juillet 176o il en faisait des lectures quotidiennes à la maréchale de Luxembourg. En décembre 1761 l'ouvrage s'imprimait à Amsterdam. On commence la distribution des exemplaires imprimés en mai 1762. Voyons d'abord quelle méthode d'éducation proposait Rousseau. Nous en déterminerons ensuite l'originalité et l'influence.

LIVRE I. — Le livre I de l'Émile traite des soins à donner à l'enfant en bas âge. Après des considérations générales sur les erreurs de l'éducation courante dont la sagesse « consiste en préjugés serviles «, dont les usages « ne sont qu'assujettissement, gêne et contrainte «, Rousseau proteste avec énergie contre l'usage du maillot. Il exhorte vivement les mères à nourrir et élever elles-mêmes leurs enfants, à se consacrer tout entières aux soins du premier âge ; il y a d'ailleurs pour elles, ajoute-t-il, une juste mesure à garder : l'excès de soins fait des enfants timides, et faibles. Il faut les endurcir : « quand il y aurait quelque risque, encore ne faut-il pas balancer «.

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« caprices.

Chemin faisant on s'attachera surtout à développer sa vigueur et son adresse par les exercices du corps.On lui assurera des vêtements simples et commodes.

Il apprendra à marcher tête nue, à supporter le froid, à dormirsur un mauvais lit, à nager, au besoin à marcher pieds nus.

En même temps, puisqu'il faut lui apprendre non àraisonner ou à discourir, mais à agir, on fera avec soin l'éducation de ses sens.

Des jeux bien compris banniront chezlui la crainte des ténèbres.

Des prix habilement proposés l'endurciront à la course.

L'éducation de l'oeil lui apprendraà mesurer, connaître, estimer les distances ; les amusements du dessin et de la peinture lui feront l'oeil juste et lamain flexible.

Même des expériences pratiques lui donneront les premières notions de géométrie (par exemple uncercle tracé « avec une pointe au bout d'un fil tournant sur un pivot » montre de suite l'égale longueur des rayons).Son oreille sera formée par des exercices de chant.

Ainsi Emile saura juger de tout ce qui concerne les corps, « deleur poids, de leur figure, de leur couleur, de leur solidité, de leur grandeur, de leur distance, de leur température, deleur repos, de leur mouvement ».

Enfin un régime bien compris, pour lequel Rousseau recommande de renoncer à laviande, lui assurera une santé inébranlable.

Le livre se termine par le portrait d'Emile à dix ans. LIVRE III.

— Le livre III de l'Emile aborde l'enseignement positif qui se substitue à partir de dix ou douze ans àl'éducation négative.

Le passage doit être habilement ménagé.

Emile a mené jusque-là une existence toute physiqueet toute égoïste.

Bornons-nous donc aux connaissances « que l'instinct nous porte à chercher ».

C'est par lesobjets physiques, par le spectacle de la nature qu'il faut commencer à s'instruire.

Par exemple s'il s'agit d'apprendreà l'enfant une cosmographie élémentaire, n'allez pas lui chercher une « sphère » céleste à laquelle il ne comprendrien ; marquez-lui la place à laquelle le soleil semble se lever en été et montrez-lui qu'il semble se lever en faced'une place toute différente à Noël.L'enseignement à cet âge suivra toujours la même voie.

Pas d'abstractions, pas de formules vides.

Rien que des faitsà observer aveç les conséquences qu'ils entraînent.

Les sciences seules interviendront, parce que seules ellesdépendent tout entières des faits.

Encore ne s'agit-il pas d'un enseignement suivi et complet :Il ne s'agit point de lui enseigner les sciences, mais de lui donner du goût pour les aimer et des méthodes pour lesapprendre, quand ce goût sera mieux développé. L'anecdote du bateleur donne un exemple de la méthode de Rousseau.

Il s'agit d'un bateleur de foire qui fait mouvoirselon ses ordres dcs canards-jouets sur un bassin d'eau.

Son tour sera le point de départ d'une étude sur lesaimants.Rousseau indique ensuite quels avantages Emile tirera de cette éducation par les choses.

Il les apprendra par lui-même, c'est-à-dire qu'il les comprendra.

Et même la construction des machines l'habituera à l'adresse et à lasagacité.Dans cette première instruction l'enseignement moral ne doit jamais intervenir.

L'enfant n'est pas encore capable dele comprendre.

En lui demandant de s'instruire, on ne doit donc pas faire appel à l'idée du devoir, ni à l'obéissancepassive qu'Emile ignore.

L'enfant doit apprendre pour la seule raison qu'il Y voit son intérêt, parce que desexpériences bien ménagées lui démontrent les funestes conséquences de son ignorance.

Par exemple, à quoi sert-ild'étudier le cours du soleil et de s'orienter ? On emmènera Emile -faite une longue promenade dans les bois après luiavoir fait remarquer la place du soleil au départ.

Le temps passe.

On s'égare.

Emile a faim.

Comment revenir àMontmorency ?Pour aider le maître dans sa tâche, en unissant toujours la recherche avec le besoin et l'utilité, un seul livre vaudratous les autres, le Robinson Crusoé de Daniel de Foë.

Emile y apprendra le prix de l'activité manuelle.

Il apprendra àapprécier les « travaux des hommes » non d'après les préjugés odieux des classes sociales mais « par leur rapportsensible avec son utilité, sa sûreté, sa conservation, son bien-être ».

De la considération des métiers on passeraaisément à quelques réflexions simples sur la vie sociale, sur le commerce, la monnaie.

On veillera seulement àmaintenir toujours entre ces « connaissances bornées » un « strict enchaînement ».

Et l'on profitera de cesréflexions pour montrer à Emile qu'il dépend des autres, que, pour obtenir ce qui lui est nécessaire, il lui faut donneren échange les fruits de son activité, qu'il ne peut vivre qu'en ayant un état.

De ces états, le plus sûr et le plusutile pour l'éducation morale d'Emile c'est le travail des mains. Pour Rousseau, tous les métiers sont bons, sauf ceux qui sont malsains.

Le métier qu'il préférerait pour Emile estcelui de menuisier.La conclusion du livre est qu'Emile, dont on n'avait d'abord formé que les sens, a appris à juger.

Ses jugementsd'ailleurs sont en nombre limité.Plus les hommes savent, plus ils se trompent, le seul moyen d'éviter l'erreur est l'ignorance.Emile ne sort de cette ignorance que lorsqu'une expérience, claire, nette, complète, lui montre et la vérité et laméthode pour la chercher et la connaître.

Il a peu appris, mais il a appris à apprendre :Je lui montre la route de la science, aisée à la vérité, mais longue, immense, lente à parcourir.

Je lui fais faire lespremiers pas pour qu'il reconnaisse l'entrée, mais je ne lui permets jamais d'aller loin. LIVIE IV.

- Jusqu'à quinze ans Emile a formé son corps et son jugement, mais non sa conscience.

Il agit sans avoir lanotion claire de l'obligation morale.

Le moment est venu de développer ce qui n'est en lui qu'en germe.Ce développement doit se faire à l'âge où la sensibilité prend sa place dans l'âme d'Emile, où les passions se forment.On ne peut empêcher les passions de naître, il faut seulement les utiliser et les diriger.

La première passion estl'amour de soi.

La vie sociale en fait un principe de vices en la transformant en orgueil, vanité, jalousie, etc...

Biendirigé au contraire il conduit naturellement à la bienveillance : l'enfant « dans l'état de faiblesse où il est, ne connaîtpersonne que par l'assistance et les soins qu'il reçoit ».

De la bienveillance, à l'âge où l'amour de soi cherche à secompléter par les attachements tendres, on passe aisément à tout ce qui est bienfaisance et pitié.

C'est dans cette. »

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