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L'ENCYCLOPÉDIE ET LA CONTRE-ENCYCLOPÉDIE

Publié le 17/01/2022

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I. - L'ENCYCLOPÉDIE Importance de l'Encyclopédie. — L'Encyclopédie, dictionnaire général des connaissances humaines, qui groupa les « philosophes » représente l'effort capital du XVIIIe siècle et comme la synthèse de son esprit. C'est ici que nous saisissons la pensée maîtresse du siècle : détruire une forme d'être et de penser et jeter les bases d'un monde nouveau. Nous y trouvons en même temps ses procédés d'expression et ses méthodes de combat, ses générosités, ses manies et ses haines. Origine du mouvement encyclopédique. — L'Encyclopédie n'a pas créé un mouvement; elle est un effet autant qu'une cause. Elle est le confluent de courants divers dont nous avons constaté l'existence et la force entre 1600 et 1750. Les principaux sont les suivants :

« Breton, par peur de la police, a modifié le texte des collaborateurs — qui ne s'en sont pas aperçus à la correctiondes épreuves.

Il jette les hauts cris, veut tout abandonner, puis se calme et se remet à l'ouvrage.

En 1766 tout està peu près terminé.

Avec ses compléments, l'ouvrage était définitivement achevé en 1772 C'était une bonne affairepour Diderot, surtout pour Le Breton. L'Encyclopédie.

Le contenu.

— L'Encyclopédie est un dictionnaire alphabétique des connaissances humaines :mathématiques, physique, musique, philosophie, théologie, tout se rencontre, et sur chaque question lesencyclopédistes croient de bonne foi marquer le point où l'humanité est parvenue.

Il faut signaler une nouveauté :Diderot, devinant l'importance qu'allaient prendre les arts mécaniques; rédigea lui-même et inséra dans sondictionnaire de véritables traités sur chaque métier, accompagnés de planches gravées. Tout cela est un chaos.

Il y a de l'excellent; il y a du fatras méprisable.

Beaucoup d'articles, rédigés à la hâte, nesont que de vaines déclamations.

Le développement des articles n'a aucune proportion avec l'importance relative dusujet.

Il y a six lignes sur les Alpes et six pages sur un remède pour les maladies des chevaux.

Littérairementl'Encyclopédie est un « monstre ». L'esprit et la doctrine.

— Ce qui en fait l'unité et l'intérêt, c'est l'esprit qui se retrouve à toutes les pages.

Diderotsut animer ses collaborateurs d'une âme commune ou plutôt il les choisit parmi les « philosophes » qui avaient déjàune âme commune.

C'est l'esprit philosophique de négation et de destruction : suppression de tout absolu, de toutmiracle, de tout mystère, de toute métaphysique, de toute contrainte; liberté de penser, de parler, d'agir et devivre; tolérance universelle. Par prudence, on n'exprime pas directement cette doctrine; mais on l'insinue dans chaque phrase.

Le procédéfamilier aux encyclopédistes consiste à énumérer contre les dogmes et les idées traditionnelles toutes lesobjections, qui sont exposées dans toute leur force, puis à accabler hypocritement ces objections sous desvocables de flétrissure, mais sans les réfuter, ou bien à renvoyer pour la réfutation à un autre article, à un autrevolume, où vous la chercherez vainement.

C'est la méthode de Bayle devenue système.

Un autre procédé consiste,sous couleur de zèle pour la vérité à mettre en relief ce que la doctrine traditionnelle, en théologie, en morale, enpolitique, a de dur, de rigoureux et de heurter ainsi les esprits avec une ironie qui a les yeux baissés. Les collaborateurs et les amis de l'Encyclopédie.

— Tous les grands écrivains du XVIIIe siècle, Montesquieu, Voltaire,Rousseau, collaborèrent à l'Encyclopédie.

Mais les ouvriers principaux furent : Diderot qui dirigea l'entreprise etrédigea les notices sur les arts mécaniques, d'Alembert qui écrivit le Discours préliminaire et les articles sur lesmathématiques, le chevalier de Jaucourt, l'homme à tout faire, qui écrivait sur tous sujets, compilant, recousant,,démarquant nuit et jour.

La grammaire fut traitée par Dumarsais, l'histoire naturelle par Daubenton, la littérature parMarmontel, la musique par J.-J.

Rousseau. Dans ce nombre, il y a beaucoup d'ouvriers utiles.

Et les véritables inspirateurs, quoique nous ayons nommé Diderotet d'Alembert, ne sont pas tous là.

Les amis de l'Encyclopédie sont plus audacieux que les directeurs qui sont tenusà une certaine réserve.

Condillac, le disciple de Locke, Helvétius et d'Holbach poussent jusqu'au matérialisme quiétait aussi la secrète pensée de Diderot.

Et à la fin du XVIIIe siècle, les continuateurs de l'esprit de l'Encyclopédie,Raynal, Volney, Condorcet, ne faisaient pas mystère de leur athéisme matérialiste.

Au fond voilà la doctrine quecachait le vague déisme dilué par les collaborateurs de Diderot.

Le jour où Rousseau s'en aperçut, il sortit de lamaison et combattit l'œuvre néfaste de démolition à laquelle il avait, en aveugle, collaboré. La diffusion de l'Encyclopédie et de la doctrine.

— La diffusion de l'Encyclopédie et des livres qui exposaient sadoctrine fut rapide et facile.

Nous sommes frappés à distance des rigueurs de la censure; elles n'étaientqu'apparentes et souvent elles servaient les livres défendus en les faisant connaître.

C'est la direction même de lalibrairie, avec Malesherbes, qui organisait la vente de certains livres prohibés; ce commerce clandestin était connude la police et soutenu par ses agents.

Souvent d'ailleurs les livres qui portent sur la première page Amsterdam ouCologne ont été imprimés à Paris dans un secret connu de tous.

On peut dire sans paradoxe que la censure de LouisXV servit plus qu'elle n'entrava la diffusion de la doctrine encyclopédique.

D'ailleurs les philosophes s'appliquaient àflatter la Cour et les favorites qui avaient de bonnes raisons pour préférer la morale de Diderot à celle de l'Eglise;l'habileté du parti consista à persuader à la Cour que tous les coups portés aux dévots étaient pour elle des gains;et le pouvoir royal devint ainsi l'allié secret de la secte. Un colportage bien organisé répandait de tous côtés les livres des philosophes.

L Encyclopédie était lue par leshobereaux, les curés de campagne, les bourgeois instruits, les petits avocats et les petits greffiers, en somme par laclasse moyenne.

Lorsque l'esprit de cette classe eut été transformé, la Révolution se fit toute seule. Influence de l'Encyclopédie.

— Car c'est à la Révolution qu'aboutit le mouvement philosophique représenté parl'Encyclopédie.

L'Encyclopédie a fait l'esprit révolutionnaire, esprit sans lequel les actes révolutionnaires, toujourspossibles, n'auraient pas eu de lendemain.

N'exagérons rien : la Révolution aurait peut-être eu lieu sansl'Encyclopédie et les philosophes; mais issue de causes politiques ou économiques; elle n'aurait pas comporté touteune philosophie, toute une conception de la vie.

« La philosophie du XVIIIe siècle, c'est la forme intellectuelle de laRévolution.

» II.

- LA CONTRE-ENCYCLOPÉDIE. »

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