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LES CARACTERES DANS LA FARCE ET DANS LA COMEDIE CHEZ MOLIERE

Publié le 25/04/2011

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moliere

   Deux groupes de caractères s'affrontent :    • Le groupe de la préciosité et du pédantisme : Madelon, Cathos, Armande, Bélise, Philaminte, Mascarille, Jodelet, Trissotin, Vadius.    • Le groupe du bon sens et de la raison : Du Croisy, La Grange, Clitandre, Gorgibus, Chrysale, Henriette.    Molière donne tort à l'un et approuve l'autre. Nous allons étudier chacun de ces personnages, leurs caractères, et voir comment ils se retrouvent d'une pièce à l'autre, et de quelle façon ils ont évolué en quinze années de temps.    En règle générale nous remarquerons que, dans les Précieuses Ridicules, les caractères considérés en eux-mêmes sont tracés d'un coup de crayon rapide; ce sont des études comme en font les peintres avant de commencer un grand tableau, tandis que dans les Femmes Savantes les personnages sont fortement dessinés. Ce sont les types achevés et parfaits d'un tableau de maître.   

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« préciosité en elle.

Bien sûr, elle se pâme à la lecture des vers de Trissotin, mais tout de suite le raisonnement prendchez elle le dessus, et son programme ne manque pas de grandeur. Nous approfondirons ainsi que la physique, Grammaire, histoire, vers, morale et politique. Mais ceci la pousse à un peu trop d'orgueil malveillant (tout comme Madelon) : Nous serons par nos lois les juges des ouvrages, Par nos lois, vers et prose, tout nous sera soumis, Nul n'aura del'esprit, hors nous et nos amis, Nous chercherons partout à trouver à redire, Et ne verrons que nous qui sachionsbien écrire... Sur le plan sentimental, on la sent blessée inconsciemment dans son amour-propre par le refus de Clitandre.

La voicijalouse, et par là-même dangereuse, essayant de nuire à Henriette et à Clitandre (III, 5 et 6 — IV, 1, 2 et 5).Personnage aigri, et qui ne fut jamais jeune, elle ne sait pas dire un mot aimable.

On la sent méfiante, fière et sansfranchise.

Chaque parole est souvent du fiel.

En vieillissant, Armande deviendra une prude dans le style d'Arsinoé. Molière a forcé le personnage; il ne lui a rien donné pour plaire.

On aurait pu pourtant la comprendre; parfois elle ditdes choses exactes.

Mais elle est trop jeune pour raisonner ainsi, ce qui la rend peu sympathique : elle peutraisonner juste, mais, comme elle raisonne toujours avec arrogance, on a pour elle peu d'indulgence.

Autant Bélisepeut inspirer la pitié, autant Armande nous indispose et nous agace. Bélise.

C'est très exactement Cathos qui a vieilli, un des derniers échantillons de la race précieuse.

Elle connaît tousles romans qu'a lus Cathos en son temps, et tous ceux qui sont parus depuis.

La voilà s'identifiant aux héroïnes deces romans, et devenant héroïne elle-même : il y a chez elle un phénomène permanent de dépersonnalisation et detransposition : le roman pour elle devient réalité.

Le mécanisme consiste à se créer des galants imaginaires, puis àles décourager par des mines pudiques et des exigences absolues (I, 4 entre Bélise et Clitandre). Son savoir.

Elle a étudié, c'est une « savante »; elle parle de grammaire, de latin, d'astronomie et de physique (I, 6— II, 1, 2), mais ses connaissances paraissent rudimentaires et mal assimilées. Sa folie.

On peut la prendre pour une folle, une aimable vieille folle qui a subi l'influence d'un romanesque récent.

Et,tout comme Madelon, elle se demande si elle est du même sang que son frère Chrysale (vers 616 et 619).

Ce qui luivaut cette réflexion peu flatteuse de Chrysale et d'Ariste : Notre sœur est folle, oui, cela croît tous les jours. Il s'agit là, du reste, d'une sorte de folie qui a son nom dans les manuels de psychiatrie : l'érotomanie 1 (acte III,se.

4, vers 107 et acte V, se.

4, vers 1774). Le comte de Bussy écrit à propos de Bélise : « Ce rôle m'a toujours paru dans les bonnes pièces de Molière le seulqui soit réellement ce qu'on appelle chargé.

» Philaminte.

Tout autre nous apparaît Philaminte.

C'est par excellence la femme savante; elle est complètement deson temps et représente bien la femme de 1672 (Madame de la Sablière).

Ce n'est plus comme Bélise et Armande uncas extrême.

C'est un caractère un, parce que plus complet.

Elle n'est que pédante, et tous les autres traits de soncaractère dépendent de ce trait principal. Sa théorie est celle du droit d'égalité des sexes sur le plan intellectuel. Car enfin, je me sens un étrange dépit, Du tort que l'on nous fait sur le plan de l'esprit, Et je veux nous vengertoutes tant que nous sommes, De cette indigne classe où nous rangent les hommes, De borner nos talents à desfutilités, Et nous fermer la porte aux sublimes clartés.

Mais nous voulons montrer à de certains esprits, Dontl'orgueilleux savoir nous traite avec mépris, Que de science aussi les femmes sont meublées, Qu'on peut faire commeeux de doctes assemblées, Conduites en cela par des ordres meilleurs, Qu'on y veut réunir ce qu'on sépare ailleurs,Mêler le beau langage avec les doctes sciences, Découvrir la nature en mille expériences, Et sur la question qu'onpourra proposer, Faire entrer chaque secte et n'en point épouser. Telle est sa ligne de conduite.

Ses projets sont nombreux (acte III, sc.

2); on peut même croire qu'elle les réalisera.Un siècle plus tard, elle serait l'amie des Encyclopédistes; elle fréquenterait chez Mademoiselle de Lespinasse, chezMadame Helvétius, et serait, pour le prix de l'Académie des Sciences, la rivale de Madame du Châtelet.

Clitandre larespecte (vers 227), mais regrette ses exagérations. Son autorité.

Femme d'autorité, elle fait marcher toute sa maison. Chrysale la craint et finit toujours par lui obéir.

L'opposition de caractère entre le mari et la femme est précisée parces deux brèves répliques : Philaminte (n'admettant pas la contradiction). »

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