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Les grands prix littéraires

Publié le 16/07/2011

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1962 : Anna langfus : les bagages de sable. 1963 : Armand Lanoux : Quand la mer se retire. 1964 : Georges Conchon : l'Etat sauvage. 1965 : Jacques Borel : l'Adoration. 1966 : Edmonde Charles-Roux : Oublier Palerme. 1967 : André-Pieyre de Mandiargues : la Marge. 1968 : Bernard Clavel : les Fruits de l'hiver. 1969 : Félicien Marceau : Creezy. 1970 : Michel Tournier : le Roi des aulnes. 1971 : Jacques Laurent : les Bêtises. 1972 : Jean Carrière : l'Epervier de Maheux. 1973 : Jacques Chessex : l'Ogre. 1974 Pascal Lainé, la Dentellière. 1975 Emil Ajar : la Vie devant soi. (1) 1976 Patrick Grainville, les Flamboyants. 1977 Didier Decoin : John l'Enfer. 1978 Patrick Modiano : la Rue des boutiques obscures. 1979 Antoine Maillet : Pélagie-la-Charrette. 1980 Yves Navarre : le Jardin d'acclimatation. 1981 Lucien Bodard : Anne-Marie. 1982 Dominique Fernandez : Dans la main de l'ange. 1983 Frédérick Tristan : les Egarés. 1984 Marguerite Duras : l'Amant. 1985 Yann Queffélec : les Noces barbares.

« L'HOMME AUX DEUXCONCOURT Une des règles duprix Goncourt veut qu'un lauréatne soit récompensé qu'une seule fois au cours de sa vie.

Il est pourtant une exception: Romain Cary,qui avaitreçu le prixen 1956 pourLesRacines du ciel, était au débutdes années 1970considéré comme un écrivain dépassé. Agacé par cette image injuste, il décide de se lancer une seconde fois dans lacourse au Concourt, sousle pseudonyme d'Emile Ajar. Avec un titre emblématique, LaVie devant soi(Mercure deFrance), son roman est couronnéen 1975;commence alors une double vie,qu'il garderasecrète jusqu'à la fin, et dont VieetMort d'Emile Ajar raconte à la fois la griserie et l'amertume.

D'autresromans suivront, et un jeune parent de Romain Cary prêtera même son visage àEmile Ajar, pour participer notamment à la célèbre émission Apostrophes... critique et jurés se retrouvent avec La Condition humaine d'André Malraux.

Célinepeut par ailleurs seconsoler avec leRenaudot. Leprix Renaudot, Leprix Théophraste-Renaudot (son vrai nom) a été créé en 1926par dixcritiques littérairesqui attendaient la fin de la délibérationdes jurés du Concourt. On a coutume de dire que ceprix répare les éventuelles injustices du Goncourt : de fait, deux livressont désignés, au cas où le lauréat du Renaudotaurait déjà le Goncourt. Lenom du lauréat est proclamé aurestaurant Drouant, enmême temps que le prix Goncourt. Le prix Renaudot n'est doté d'aucunmontant,mais son prestigeest presque aussi importantque celui du Goncourt,et, au vu du!palmarès, on peut noter queIlesdivers jurys ontsufaire preuve deIclairvoyance. Des écrivains de qualité, tel Georges Perec, souvent plus originauxque ceux du Goncourt, ont étérécompensés : outreCéline, oncompte parmi eux MarcelAymé, Louis Aragon, Michel Butor etJean-MarieGustave leClézio. LeGoncourt a peu à peu pris une telle importance que, sous la pression de leurs éditeurs respectifs, les jurésont quelquefoistendance à faire dulobbying. Dansles années 1970-1980, onparlait ainsi de«Galligrasseuil» pour désigner les trois maisons d'édition(Gallimard, Grasset, lesÉditions du Seuil) qui, comme par hasard,trustaient tous lesprix. Dès les années 1950, certains écrivains ont contesté ouvertement un système qui, enpromouvant des ouvrages choisis par les éditeurs, impose une esthétique médiocre audétriment des bons auteurs et au mépris des lecteurs.

Lepamphlet deJulien Gracq, LaLittérature àl'estomac (Corti, 1950), est sans appel sur ce point. Est-ce un hasard si les jurés, ironiquement, lui attribuent le prix l'annéesuivante pour teRivage des Syrtesl Gracq devient ainsi le premier - etàcette date le seul - auteur àavoir refusé leConcourt. Ce qui n'empêcha pas son livre d'obtenir unsuccès d'ailleurs mérité. Ilfaudra attendre lesannées 1980 et surtout 1990 pour voir le Goncourtrécompenserde petits éditeurs (lesÉditions deMinuit, parexemple) oudes auteurs vraiment originaux. Parmi ceux- ci, certains connaîtront unvéritable triomphe, comme MargueriteDurasqui vend plusieurs millions d'exemplaires de L'Amant en1984, tandis que d'autres, tel Pascal Quignardnetrouveront pas leurslecteurs. Ilest certain entout cas que les jurés ontcherché depuis une quinzaine d'années à regagner enlégitimité, soit en déjouant les pronostics,soit en sélectionnant des auteurs inconnus (Pascale Rozeou Jean Rouault). En récompensant des auteurs francophones d'origine étrangère comme Tahar Ben Jelloun ouAndré) Makine, en accueillant en son sein l'Espagnol Jorge Semprun, l'académie Goncourt fait montred'un souci decrédibilité.Lesgrands succès des années 1990-2000, d'ailleurs, se sont faits en dehorsdusystème des prix, et sur une logique descandale, de «plan médias» plutôt que de récompense :songeons par exemple aux Particules élémentairesdeMichelHouellebecq, àTruismesde Marie Darieussecq, à la sulfureuse Vie sexuelle de Catherine M.de Catherine Millet,ou encore à lanouvelle Inconnu à cette adresse, de Kresmann Taylor, exhumépar les éditions Autrement etqui, par le simple boucheà oreille, s'est vendu à plusieurs centainesde milliers d'exemplaires. Surmédiatisés, le Concourt et leRenaudot ne sont pourtantque deux prix parmides milliers. Attribués par des collectivités locales, des sociétéssavantesou littéraires, des associationsou des fondations, cesprix obéissentà deux logiquestrèsdifférentes.Ily a d'abord ceuxqui ne sont connusque de quelques amateurs, ce qui neles empêche pas de conférerun vraiprestige au sein de la communautéconcernée. Oncitera ainsi leGrand Prix de littérature policière,ou chezles poètes les prix Max-PolFouchet,Apollinaire, le prix Kowalskyde la Ville deLyon ou encore le Grand Prix de poésie de l'Académie française, qui se signalenttous par la qualité desœuvres couronnées et le discernement du jury - quels que soient par ailleurs les querelles de chapelleset les petits jeux d'influencequi opposent telle coterie àtelle autre... Il y a ensuiteles prix d'automne,dont l'emblématiquequoique peu connu prix Décembre, décerné en octobre... Un peu moins médiatisés que le Goncourt, ilsbénéficient cependant d'une grande attention chez les libraires et les éditeurs. Outre leGrand Prix du roman del'Académie française,onciteraainsile prix Interallié décerné par le cercle du même nom, et le prix Médicis(créé en 1958).Leprix Femina fondé en 1904, juste #to un an après l'attributiondu premierGoncourt, a pourparticularité d'être attribué par un jury composé de douze femmes de lettres.

Ce qui ne signifie I pas que le prix soit attribué à des femmes, bien sûr : Bernanos, Romain Rolland ou encore Antoine deSaint- Exupéry figurent parmi les lauréats. Aujourd'hui, l'ensemble des jurysest mixte, ce qui a quelque femmes de lettre peu contribué àmarginaliser leprix Fémina.Àl'instar duGoncourt, certains deces prixse sont dédoublés,en particulier le Médicis, dontle jury a eu l'intelligence de créer en 1970 unprix Médicis du livre étranger, récompensant des auteurs comme MilanKundera (La vie estailleurs, 1973), Julio Cortàzar (Livre de Manuel, î1974), Umberto Ecco (Aunom delaRose, 1982), Eisa Morante (Aracoeli, 1984), PaulAuster (Léviathan, 1993) etPhilip Roth (La Tache, 2002).Il existe aussi un prix Médicis de l'essai. Ilfaut enfinsignaler l'apparitionrécente de prixd'un genre nouveau, dont les plus connus sont le prix des lectrices deElle, leprix du Livre Inter,ou le Goncourt des lycéens.

Toustrois ont en commun d'être attribués par des jurysde lecteurs, qui n'appartiennent pas au monde de l'édition et ont doncpour vertu d'être dégagés des intrigues du milieu, plus proches du goût du public,et sans doute plus audacieux. Un livre comme La Maladie de Sachs, deMartin Winckler (P.O.L.), prix du Livre Inter1998, est ainsidevenu lebest-seller decette année-là. Lesystème des prixsemontre donc en définitive capable d'évoluer et de répondre aux critiques dont il a fait l'objet depuis une cinquantaine d'années. LES GRANDS PRIX ETRANGERS Lesystème des prixn'est pas unespécialité française, loin s'en faut, mais, à l'exception notable du Nobel, lesprincipaux prixétrangers sont mal connus enFrance. Lesdifférents Booker Prize américains sont pourtant une institution, tout comme le prix Georg BùchnerenAllemagne et leprix Cervantes en Espagne,ce dernier récompensant des auteurs de l'ensemble du monde hispanophone. LEPRIX DES PRIX : LE NOBEL On ne pourrait achever ce tour d'horizon sans évoquer ce prix Nobel qui, de tous les prix décernés à l'échelle planétaire, est probablementladistinction la plus convoitée. Quand AlfredNobelmeurt en 1896 (la même annéequ'Edmondnde Goncourt), .'J;9 .'ilestàlatête Vd'une fortune Pconsidérable,accumuléegrâce à uneinvention : la dynamite.

Dans son testament, ilindiqueque ses actifsdevront êtreutiliséspour récompenser, chaque année, la personne qui a conféré à l'humanité le bienfait le plus important dans cinq disciplines : la physique, la chimie,la médecine ou la physiologie, la littérature et la paix (le prix Nobeld'économie sera créé en 1968 par laBanque royale deSuède). Lescinq premiers prix Nobel ont étédécernés en 1901.

Les membres de A l'académie suédoiseeffectuent leursélection annuelle dans le plus grand secretlors de leurs réunions hebdomadaires.

La date del'annonce elle-même n'est révélée que deux jours auparavant.

Outre le prestige que luiconfère le prix, le lauréat reçoitplus de 10 millions de couronnes (soit 1,1million d'euros); à Stockholm où il reçoit son prix, il est invitéà faire un discours, qui est souvent considéré par la suite comme une œuvre à partentière, précisant sa vision du monde et de la littérature.

On cite ainsi, parmi les lauréats français, les discoursd'AlbertCamus(prix Nobel 1957) et de Saint-John Perse (1960). L'histoire du prix Nobel,comme celle du Goncourt, comporte un refus : celui de Jean-Paul Sartre (1964), qui pour le justifier n'argua pas de raisons littéraires, mais politiques,évoquant notamment une compromissionavec le système,dont il ne voulait à aucun prix. Ilest vrai que ce coup d'éclat valut àSartre, alors au faîte de sa célébrité,une prodigieuse publicité...Les prix Nobel de littératuresont généralement attribués à des écrivains déjà reconnus,voire déjà âgés, à ladifférence du Goncourt qui couronne- en principe - de jeunes talents; ils récompensent l'ensemble d'uneœuvre, et non pas un livre en particulier. Moins contesté que le Goncourt, le prix a fait l'objet de quelques critiques feutrées, et notamment de choisir des causes plusque des œuvres : les choix des deux dernières décennies sont eneffet souvent politiques, nombre de lauréats étant manifestement distingués pourleur engagement ou leur capacitéàreprésenter une communauté. Le dernier Nobel français, pour sa part, n'appartient pas à cette catégorie : Claude Simon, récompensé en1985, est l'auteurd'une œuvre exigeante, peuconnue - à telle enseigne que,quand il reçut le prix,et se fiant Isur la notice quelque peu malveillante que lui consacrait uncélèbre dictionnaire, desjournauxtitrèrent : «Un viticulteur français reçoit le prix Nobel.» Leprix apporta quelque notoriété à Claude Simon, mais ses tirages ne se sont pas multipliés : ils sont aujourd'hui de l'ordre de 15000à 20000 exemplaires.. »

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