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Les Iambes de Chénier

Publié le 14/02/2012

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Il n'y a guère longtemps que nous connaissons en entier l'oeuvre inachevée d'André Chénier. Partagée en deux parts inégales par la Révolution, les Iambes y marquent comme l'apogée du génie lyrique de ce grand poète, le seul du xviiie siècle. Avant 1789, il s'inspirait d'une sérénité toute grecque, légèrement égoïste, et vivait, en artiste, des jours paisibles. La Révolution fit de lui un polémiste.

Il était monarchiste constitutionnel; plein d'enthousiasme, il voulut apporter son humble pierre à l'édifice de la liberté. Dès qu'il vit la Révolution dévier dans le sang, par la faute de misérables ambitieux, il s'indigna. Il aurait pu maudire intérieurement la tyrannie et se taire; son amour de la liberté et de la justice l'en empêcha et lui dicta les Odes et les Iambes.....

« Et cette analyse d'une âme de condamné se poursuit, admirable de vérité psychologique.

Toutes les émotions qui agitent un homme menacé de mort prochaine sont rigoureusement traduites.

L'imagination surexcitée par l'angoisse, réalise à l'avance les moindres détails du drame.

Le malheu­ reux cherche un regard d'ami; mais l'arrêt fatal l'a relégué au ban de la société: Mes tristes compagnons reclus Qui me connaissaient tous avant l'affreux message • • • .

• ne me connaissent plus.

Cet égoïsme bouleverse complètement l'âme du malheureux; lui, si humain, il sè détourne des hommes : La peur louche et .blême est ·leur dz'eu; il appelle à lui la sombre libératrice Vienne, vienne la mort/ que la mort me déliv-re.

Mais s'il meurt, qui vengera la justice bafouée? ...

Il faut qu'il vive donc~ .....

Non, non, puissé-je vivre/ Ma vie importe à la vertu:.

· Nul ne resterait donc pour attendrir· l'histoire Sur tant de justes massacrés?· Sublime élan vers l'idéal, qui arrache un moment le malheureux à ses.

angoisses; mais qui le laisse.

retomber e.n~uite lourdement, douloureuse~ ment sur lui-même.

Navré de son impuissance, f!lce à la.

triste r~alité, il_en revient à sa première.

résignation.

Allo mt,· étouffe tes clameurs;- • · ·: · · Souffre, ô cœur gros de haine •.

affo,r,né de justice; T.oi, vertu, pleure si je, miùir~l ·.

· Outre leur vérité psychologique, nous devons· louer dans ces vers la pro­ fondeur et la sincérité de l'inspiration.

Jamais Chénier n'avait été plus personnel.· Ici le poète se dépouille absolument de toute idée antique; c'est ici « qu'il faut aller chercher l'image de .

ce que la poésie devenait entre ses mains :.

• Ainsi le malheur a mftri le génie de .

Oténier et fait vibrer chez lui la véritable corde lyrique; aucun poète avant lui ne fit chanter en des sons plus appropriés les angoisses, les espérances, les co- lères de son âme : · Co~e un .dernier rayon, comme un dernier zéphyre Animent la fin fi' un be(lu.

jour Au pied de l' tchafaud, j'essaye encor ma lyre.

Dans les Iambes, Chénier est ·absolument personne) •.

L'influence antique ne s'y fait senti~ que dans la· forme.

Il a appris.

de ses ..

modèles à la manier de telle façon qu'elle traduise la pensée dans toute son énergie sauvage; quoi, ,nul.·ne r.estera.

•• Pour descendre jusqu'aux enferi .

C~~rcher k triple fouet; le fouet .de la Vellgeance Déjà levé sur ces pervers, Pour cracher sur leurs noms, pour .chanter .leur supplice? .

.

.

Quand on ·a lu .ces.

vers, .on comprend pourquoi ·les romantiques., en les. »

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