LES ORATEURS SACRÉS: BOSSUET, BOURDALOUE, FLECHIER, MASSILLON, FENELON
Publié le 29/03/2012
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Jacques-Bénigne Bossuet naquit à Dijon d'une famille de robe,. ce qui explique peut-être ses tendances gallicanes. Pour le reste, il suffit de savoir qu'il fut l'élève des jésuites et qu'il termina ses études à la Sorbonne, c'est-à-dire à la Faculté de Théologie de l'Université de Paris. Il fut en toutes choses un homme de son te,mps, un ecclésiastique de son époque, mais son génie propre porta à leur degré suprême des qualités qui brillaient d'un moindre éclat chez les meilleurs de ses confrères. Il possédait admirablement les langues classiques. On dit qu'il savait l'lliade par coeur. Ce qui est certain, c'est qu'il doit beaucoup à l'éloquence latine; c'est que la syntaxe même de sa phrase est une syntaxe toute latine. Seulement ce qui chez d'autres, même très grands comme Descartes, demeure lourd et embarrassé, se charge au contraire, chez Bossuet, d'une ampleur et d'une majesté sans égales....

«
BOSSUET 383
gination, à la couleur de son voca-bulaire, à l'audace de· ses métaphores.
«Restait cette redoutable infanterie de_ l'armée d'Espagne,.dont /es bataillons, semblables à autant de tours, mais à.
des tours qui
sauraient réparer leurs brèches, jetaient leurs feux de toute part.
»
J'ai choisi presque au hasard cette phrase célèbre de l'Orai son funèbre de Condé, pour faire comprendre ce que je veux dire.
Il n'y a pas là seulement une image à la fois très juste
et très belle; il y a aussi un usage exquis des sonorités et des timbres, 'qui fait d'une telle phrase l'équivalent d'un poème.
L'on trouverait partout, ainsi, non seulement dans
les morceaux d'apparat qu'étaient les Oraisons funè
bres, mais dans les Sermons, mais dans les ouvrages
polémiques comme
le Traité des variations, ou doctri
naux, comme le Discours sur l'Histoire universelle, dans
les
Méditations ou les Oraisons., des expressions fortes
et originales, qui
très souvent sont passées dans la
langue et devenues comme proverbiales.
Ou plutôt,
elles font partie
de notre patrimoine.
C'est que Bossuet
est
né quand il fallait et qu'il a été l'homme d'Eglise
de cette génération de 1660, où Racine était le dràma
turge, Boileau le législateur du Parnasse, Molière le
co'médien et La Fontaine.
le poète pur.
Il faut joindre
son nom à cette constellation des quatre, pour lui
donner
sa vraie place, qui est au premier rang.
Peu
importe qu'il ait été un contempteur du théâtre et qu'il
semble avoir
peu apprécié, d'une façon générale, l'œu
vre de ses confrères.
Il travaillait, lui, dans une autre
branche, mais il utilisait
le même instrument et il le
faisait avec le même génie.
Non seulement l'Eglise, au
temps de Louis XIV, était étroitement unie au reste de
la société; mais elle y jouissait encore d'une espèce de
primauté, que le roi n'a jamais contestée.
De sorte que
l'importance
de Bossuet en son siècle fut capitale.
On
ne peut dire, à coup sûr, qu'il ait été -~ lui tout seul
l'Eglise
de France, car il n'eut jamais la moindre sym
pathie pour les jansénîstes; mais il n'en avait guère
davantage pour
_les jésuites et il a combattu le qUié·.
»
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