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Les personnages dans Bérénice de Racine

Publié le 14/03/2020

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Qui ne voit quelle cruauté involontaire il y a chez Titus à faire d'Antiochus le témoin privilégié de son bonheur! Racine a cependant tenu à conserver la plus grande noblesse à ces deux caractères : générosité de Titus à l'égard d'Antiochus (v. 763-767) et loyauté constante d'Antiochus dans son rôle de tiers souffrant et silencieux.

On peut toutefois s'interroger sur la confiance de Ttus et y déceler quelque indifférence au possible pouvoir de séduction d'Antiochus sur Bérénice : faisant de lui le messager du renvoi de Bérénice, il imagine en outre leur départ commun vers l'Orient et le renforcement de leur amitié :

Prince, dans son malheur ne l'abandonnez pas.

[...] 

Qu'une amitié si belle ait d'éternels liens.

(v. 758-761).

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« convention : dans Phèdre, Œnone, confidente de l'héroïne, est bien davantage qu'un faire-valoir; elle joue un rôle dans l'action, et elle subit un destin tragique puisque son suicide pré­ cède celui de sa maîtresse.

Le contraste est frappant avec le personnage de Phénice, confidente de Bérénice: elle est sans doute la plus effacée des confidentes de Racine; dans plusieurs scènes, elle n'est même qu'une présence muette.

LA PRÉPONDÉRANCE DE TITUS Cette prépondérance apparaît surtout en regard du poids des autres personnages.

Considérons le personnage d'Antiochus: il est évident qu'il n'est pas à parité avec Titus et Bérénice, et que le trio des protagonistes répond à la formule 2+ 1.

En effet, l'espoir ou le désespoir d'Antiochus est entièrement suspendu à la décision de Titus concernant Bérénice.

Par bien des côtés, son rôle s'apparente à celui d'un confident de Titus, mes­ sager de la résolution de l'empereur auprès de Bérénice.

Les critiques du xv11e siècle ont été sévères pour le per­ sonnage, ne voyant en lui qu'un « confident monté en grade».

Reste donc, au centre de la pièce, le couple Titus­ Bérénice.

Encore faut-il observer aussitôt que Bérénice ne fait qu'attendre la décision de Titus et que, l'ayant apprise, elle est impuissante à la modifier.

L'action de la pièce et les réactions des personnages dépendent finalement du seul Titus.

Il est vrai que Racine a dédoublé intérieurement le personnage, qui abrite en lui deux êtres : l'homme privé, amoureux de Bérénice, et l'homme public, empereur de Rome, qui ne peut garder sa maîtresse à ses côtés (cf.

ci-dessous, p.

35).

ANTIOCH US-TITUS On s'attachera à la relation complexe de ces deux êtres généreux, à la fois rivaux, doubles l'un de l'autre et unis par l'amitié.. »

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