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LES PERSONNAGES de Tristan et d'Iseut

Publié le 18/01/2015

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Iseut offre une image double : la reine à la beauté rayonnante, somptueusement parée, est aussi une pri¬sonnière ligotée (v. 1 146 et suiv.) ; ainsi lorsqu'elle s'apprête à traverser la fange du Mal Pas et à affronter l'épreuve du serment (v. 2 887 et suiv.). Cc scra égale¬ment une fugitive hâve, déguenillée et épuisée, qui fuira dans la forêt. Elle est étrangère à la cour (« je suis toute seule dans ce pays », v. 174), en butte, comme Tristan, aux médi¬sances et à la haine de son entourage. Toujours épiée, menacée, elle ne peut recourir qu'à la ruse, pour ména¬ger son mari et ses barons. C'est une habile rhétori¬cienne qui mène le jeu, aussi bien dans la scène du rendez-vous sous le pin qu'au Mal Pas. Elle prend, comme Tristan, un plaisir ludique à se jouer de ses ennemis. Iseut est une femme complexe. Certains commenta¬teurs ont décelé une contradiction chez cc personnage. Inconsciemment, deux forces s'opposent en elle : elle aime Tristan mais elle se révolte contre cette passion dont elle ne veut plus. Dans la forêt du Morrois, elle rêve de deux lions qui la menacent : son union avec Marc et son amour pour Tristan. Elle est émotive et a peur de Marc (w. 340; 388, par exemple) mais elle est heureuse de se réconcilier avec le roi, de retrouver sa position sociale. On insiste avec raison sur sa violence dans l'épisode du serment : elle est exaspérée d'avoir tant sacrifié à son amour. Et il est évident qu'avec tant de désir elle éprouve peu de vraie tendresse. Autres seront les Iseut de Thomas et de Gottfried : révoltées, adeptes d'un amour absolu qui brave la morale et la société, capables de porter un cilice pour partager les douleurs de l'amant.

« cela Béroul qui montre Tristan prenant plaisir à son rôle de lépreux, le jouant à la perfèction et en profitant pour se divertir de ses ennemis.

Cette pétulance du héros est reprise par Gottfried lorsque Tristan débarque en Cornouailles, les chevaliers qui le recueillent trouvent bien mal nornmé cc gai compagnon.

El desdichado Mais les rôles de fou et de lépreux ne sont pas de sin1plcs ruses : ils symbolisent et signifient le trouble profond de l'an1oureux qui vit sa passion comme une maladie honteuse et con1n1c une démence.

L'amour de Tristan le met en perpétuel déséquilibre avec la société.

En exil, il regrette son bannissen1ent qui le prive de ses prérogatives de chevalier.

Déjà, lors du rendez-vous sous le pin, il insistait sur la précarité de sa situation : ...

je ne pensais pas faire une telle perte ni m'enfuir dans un tel état de dénue1nent.

Je n'emporterai ni annes ni cheval.

Je n'aurai pas d'autre compagnon que Gouvernai.

Ah ! Dieu, on fait peu de cas de l'hon1n1e démuni ! Lorsque je serai en pays étranger, si j'entends un chevalier parler de guerre, je n'oserai sonner mot: l'hon11ne dénué de tout n'a pas droit à la parole.

À pré­ sent, il me faudra souffrir les caprices de la fortune.

Elle 111 'a déjà tant accablé de maux et de rancune » ( v.

239 et suîv.).

Tristan est une sorte de déshérité, que Nerval appel­ lerait « el desdichado ».

l)ans certaines versions, le père de Tristan a été dépossédé de ses terres et tué avant même la naissance de son fils, qui sera élevé en secret, pour le dérober aux ennen1is de sa fàmille.

Tristan est un héros de l'échec.

Comme guerrier, il est invaincu 1 1nais sa valeur ne lui sert de rien devant les barons.

C'est par la violence qu'il sauve Iseut 1 dans une 52 TRJSTA,\' ET JSETJT. »

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