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Les personnages : essai de typologie

Publié le 27/03/2015

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Le personnage peut remplir une fonction actancielle : il est sujet ou objet, des­tinateur ou destinataire, opposant ou adjuvant. Dans un drame où coups de théâtre et péripéties abondent, ces fonctions ne peuvent donner lieu à des schémas simples. Ainsi, Ruy Blas est à la fois sujet, objet puis opposant de Don Salluste (le destinateur qui a fait de la Reine la destinataire de sa vengeance) ; quant à Don César, il est à la fois adjuvant (de Ruy Blas) et opposant (de Salluste).

« E X P 0 S É S F C H E S Les personnages peuvent être de simples témoins.

spectateurs ou commenta­ teurs de l'action (les marchands dans Lorenzaccio, les compagnons de Lord Talbot dans Chatterton).

Mais ils peuvent aussi prendre une part active à l'intrigue, en être -sinon des protagonistes -du moins des acteurs (le Quaker, Lord Talbot, John Bell, Lord Beckford dans Chatterton ; Don César ou Don Guritan dans Ruy Blas).

Fonction émotive Vecteur de l'émotion tragique ou comique, le personnage du drame suscite la pitié, l'attendrissement, la complicité, la révolte, l'indignation, l'horreur, dans un contexte mouvant qui n'évite pas toujours le pathos, c'est-à-dire l'émotion facile (Marion Delonne).

Cette fonction est héritée du mélodrame où l'on fait« pleurer Margot» ~ Ill -UNE FONCTION MIMÉTIQUE La représentation socio-économique La société, son organisation, sa hiérarchie, son peuple et ses gouvernants sont largement représentés.

Noblesse et bourgeoisie se côtoient et n'excluent pas les ouvriers (Chatterton), les marchands, les artisans et les artistes (Lorenzaccio), les religieux (Lorenzaccio, Chatterton), mais aussi les bossus (Le roi s'amuse), les bâtards ou les bandits (Hernani), les comédiens (Kean), les prostituées (Marion Delorme), les criminels endurcis (Lucrèce Borgia) ...

Cette représentation sociale élargie s'accorde avec le souci de vérité d'une vaste comédie humaine.

La représentation politique À travers la mise en scène de ses personnages, de leurs clans, de leurs opposi­ tions, de l'expression de leurs idéaux, de leurs ambitions, de leurs visées ou de leurs débats intérieurs, le drame rend présent le fait politique : les considérations de Ruy Blas sur ! 'État, l'échec des républicains dans Lorenzaccio, la réflexion sur le pouvoir et ses limites dans Cromwell, Hernani ou Marie Tudor.

IV -UNE FONCTION EMBLÉMATIQUE ET MORALE Les personnages sont aussi des fonctions symboliques et emblématiques : le traître Don Salluste représente le côté sombre de l'homme; Alexandre, le débau­ ché cynique, est la figure emblématique d'un pouvoir corrompu qui flétrit la légiti­ mité politique autant que la légitimité morale; Gennaro (Lucrèce Borgia), la Reine (Ruy Blas) ou Didier (Marion Delorme) sont l'expression d'une pureté hautaine à l'intransigeance si raide ou si obtuse qu'elle en devient inhumaine.

Tout aussi monstrueux est l'égoïsme de John Bell (Chatterton) ou des ministres (Ruy Blas), la vengeance obnubilée de Don Ruy Gomez (Hernani), la suffisance aveugle de Lord Beckford (Chatterton), l'attachement maniaque de la Duchesse à l'étiquette (Ruy Blas).

La fonction morale des personnages est alors étroitement liée à leur fonc­ tion emblématique, qu'ils servent de modèles ou de repoussoirs.

Conclusion : L'identité des personnages du drame n'est pas réductible à quelques données.

Ses composantes sont à la fois souples et variées.

Ses fonctions ouvrent la voie à un théâtre qui n'est plus seulement celui de l'identification ou de la catharsis.

LE DRAME ROMANTIQUE =1J1j. »

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