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Les progrès de l'instruction féminine avant les Femmes Savantes de Molière

Publié le 07/03/2011

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   Les Femmes Savantes ont été jouées, pour la première fois, le il mars 1672.    Molière venait d'avoir cinquante ans. Son génie était dans sa pleine maturité. Dans les dernières années il avait travaillé surtout pour la cour : Monsieur de Pourceaugnac, comédie-ballet, les Amants Magnifiques, le Bourgeois Gentilhomme, comédie-ballet, Psyché, tragédie-ballet, la Comtesse d'Escarbagnas avaient été composés pour prendre place dans des divertissements royaux ; seule la comédie des Fourberies de Scapin avait été offerte d'abord au public parisien.    A ce public, qu'il avait conquis et qui lui était resté toujours fidèle, Molière apportait maintenant une œuvre de grand prix, à laquelle il attachait beaucoup d'importance, qu'il avait faite comme il l'entendait, s'appliquant, entre tant de soucis et d'affaires, à en soigner l'exécution dans ses moindres détails.

« davantage. Tout au commencement du XVe siècle, une de nos premières savantes et la première qui ait fait métier d'écrire,Christine de Pisan, avait recommandé aux personnes de son sexe de s'élever au niveau des hommes par le savoir,sans espoir d'ailleurs et sans envie de les détrôner.

Mais au xvne siècle on ignorait même son nom.

Au XVIe siècle,un humaniste, Henri-Corneille Agrippa avait protesté avec éloquence contre la tyrannie masculine qui condamnait lafemme à l'oisiveté et ne lui permettait « de toucher autre chose que l'aiguille et le fil..., comme si elle n'était pascapable de plus haut office ».

Mais, quoi qu'on eût réimprimé régulièrement son traité, sa voix était un peu lointaine. Les encouragements de quelques auteurs contemporains eurent beaucoup plus de pouvoir.

Après Mlle de Gournay,fougueuse polémiste, qui avait tenté de réveiller chez les Françaises de son temps le sentiment de leur dignité enleur commentant ce programme d'existence que les hommes leur avaient imposé de toute éternité : « ignorer, fairela sotte et servir », le gros livre du P.

Duboscq, l'Honnête femme, avait apporté aux dames, un peu après 1630, lesrègles de conduite les plus sages et les plus précises, des conseils de direction d'autant plus efficaces qu'ilsvenaient d'un homme qui avait le droit de les donner. Les principes essentiels de ce manuel de morale féminine se résumaient dans cette formule : « Il faut premièrementmettre la vertu dans la volonté ; après, la science dans l'esprit ».

La science n'est pas plus naturelle aux hommesqu'aux femmes ; mais il faut se donner de la peine pour l'acquérir.

Pas de pédantes, mais des épouses, des mèrescapables de tout comprendre et de s'intéresser à tout. Dans la période qui avait suivi, un certain nombre d'écrivains : hommes de lettres comme Gilbert, moralistes commeGrenailles, un docteur en médecine, le sieur Couvay, avaient confirmé les arguments du P.

Duboscq et en avaientajouté d'autres. Et puis l'on parla beaucoup en France de deux femmes, célèbres dans toute l'Europe par l'étendue singulière de leursconnaissances, par leur passion pour la science : la reine Christine de Suède, capable de parler quatre ou cinqlangues, attirée vers les matières les plus abstraites et les plus sévères, s'entourant d'une petite cour de savants,d'érudits, de philosophes ; une fille prodigieuse qui vivait en Hollande, Anne-Marie de Schurman, qui savait l'hébreu,le grec, l'arabe, le latin naturellement et presque toutes les langues modernes, mathématicienne, théologienne,philosophe, qui employait ses loisirs à peindre et à sculpter.

Ces « muses » étrangères, ces « merveilles du siècle »étaient des exemples trop extraordinaires pour que l'on pût avoir l'idée d'en approcher.

Les éloges qu'on leurprodiguait partout devaient cependant éveiller de généreuses émulations parmi les plus intelligentes et les plussérieuses des dames françaises. Mais celle qui a le plus contribué à les décider aux efforts qu'exige toute étude, ç'a été certainement Mlle deScudéry qui était pour beaucoup d'entre elles une amie très admirée, que toute la bonne société entourait d'unerespectueuse sympathie.

On ne peut s'imaginer le prestige qu'elle a eu après les Frondes et encore dans lespremières années du règne de Louis XIV.

Au cours d'une de ces longues conversations qui abondent en ses romanset où elle a abordé presque toutes les questions qui pouvaient alors se poser dans le train ordinaire de la vie, ellen'a pas manqué de donner son avis sur un sujet qui commençait à passer au premier plan, celui de l'instructionféminine.

C'est dans le dixième et dernier volume du Grand Cyrus qu'elle a apporté à son public ordinaire laconsultation qu'il attendait d'elle : Je ne sache rien, écrivait-elle, de plus injurieux à notre sexe que de dire qu'une femme n'est point obligée de rienapprendre...

Sérieusement, y a-t-il rien de plus bizarre que de voir comment on agit pour l'ordinaire en l'éducationdes femmes ? On ne veut pas qu'elles soient coquettes ni galantes, et on leur permet pourtant d'apprendresoigneusement tout ce qui est propre à la galanterie, sans leur permettre de savoir rien qui puisse fortifier leur vertuni occuper leur esprit... Vu la manière dont il y a des dames qui passent leur vie, on dirait qu'on leur a défendu d'avoir de la raison et du bonsens, et qu'elles ne sont au monde que pour dormir, pour être grasses, pour être belles, et pour ne dire que dessottises... Ces sages avis, dont on ne donne ici qu'un extrait trop court, étaient appuyés de raisons très solides, de celles quiétaient alors les plus capables de convaincre : ils n'ont pas été perdus.

Les femmes les plus distinguées de lacapitale et des provinces ont bien compris alors que, si elles n'avaient aucune chance de participer, dans la viecivile, aux droits que les hommes s'étaient réservés, il ne leur était pas interdit d'essayer de les égaler dans lesdomaines de l'intelligence par le progrès de cette raison, qui est « la même chez tous et tout entière chez unchacun ».

Cette formule de Descartes a été souvent reprise, en ce temps, par les dames désireuses de s'instruire ;Fléchier cite ce propos de l'une d'elles qu'il avait entendu à Vichy, en 1665, pendant les Grands Jours d'Auvergne : «Pourquoi veut-on que la nature nous ait bornées à certain agrément extérieur, et qu'elle nous ait retranché laraison, parce qu'elle nous a donné peut-être un peu de beauté ? Il y a de l'injustice d'avoir tenu nos esprits captifsdepuis tant de siècles, et les hommes ont tort de s'imaginer que la raison est toute pour eux ». A partir de 1660, les circonstances ont singulièrement favorisé ces tentatives d'émancipation intellectuelle. En cette époque privilégiée, tandis que notre littérature est illustrée par les plus grands maîtres, tandis que degrands érudits ouvrent la voie à un Mabillon, à un Bernard de Montfaucon, les applications de la science, plus. »

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