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Les " Quinze Joyes de mariage "

Publié le 23/03/2018

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mariage
Les \" Quinze Joyes de mariage \"
 
D'auteur inconnu (la charade par laquelle il donne son nom à deviner n'a pas encore été élucidée de façon pleinement satisfaisante), de date incertaine (« tout bien pesé, fin xxve-début xve siècle m·e paraît être une approximation justifiée », écrit J. Rychner 1), les Quinze Joyes de mariage sont aussi d'un genre mal défini; l'intention est ostensiblement satirique, le procédé d'expression est didactique. Pour prouver que le mariage est une « nasse » dans laquelle les hommes se laissent emprisonner pour leur malheur, l'auteur passe en revue quinze situa­tions différentes obtenues par variation successive de chacun des éléments qui déterminent un ménage : le mari est jeune et la femme coquette; la femme est coquette et a un amant; le ménage vient d'avoir un enfant; le ménage a plusieurs enfants; le mari est épuisé de travail, sa femme est plus jeune ou plus riche; la femme refuse ses services au mari qui ne la laisse pas se mêler de ses affaires; la femme cherche à l'extérieur les plaisirs que son mari ne lui dispense plus à son envie; le mari dompté avec le temps est le domestique de sa femme; le mari est un veuf qui a épousé une jeune femme; le mari est un jeune homme qui a épousé une veuve, etc. Tous les chapitres commencent de même : « La premiere joye de mariage, si est quand . . . La seconde joye, si est quand . . . » et concluent de même sur le sort du pauvre mari : il languira dans ses tourments, il y demeurera toujours < et finera misérablement ses jours ». Bien que tous les chapitres soient indépendants, comme dans les premières Joyes la variation porte sur la chro­nologie de la vie conjugale, on voit s'esquisser l'histoire d'un couple, mais cette vague continuité disparaît dès la sixième ou la septième Joye. L'auteur ne fait pas un roman, il illustre une thèse par des exemples; tout est écrit au présent et au futur, temps de l'hypothèse ou de la \"généralité, non de l'événement ponctuel, ou temps de la conséquence découlant de l'hypothèse; dans chaque hypothèse les éléments constituant des variantes sont régulièrement introduits par des for­mules comme < à l'aventure », < aucunesfois », « il avient que ... »; les personnages ne sont pas tel mari ou tel autre, telle ou telle autre femme, mais le mari et la feme, représentant l'espèce. Soit ce passage, tiré de la cinquième Joye : « Et s'il ne lui baille ladicte robe, sachez que puisqu'el a bon cuer et gay, et qu'elle l'a entreprins, elle en aura, de quelque lieu qu'elle doye venir, et quoy qu'elle couste. Et peut-estre qu'elle a ung amy, mais il n'est pas riche pour la donner, quar à l'aventure est-ce un pouvre galant à qui elle tient son estat » • • • Rien n'est plus éloigné d'une narration ayant pour but d'intéresser à une action et à des personnages individualisés, que cette succession d'hypothèses et de conséquences. Néanmoins les historiens de la littérature étudient les Quinze Joyes de mariage

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« Q ]oy g dans le cadre du genre rv:nanesque 1 : en effet chaque fois que l'auteur s'arrête à l'une des éventualités qu'il énumère, il l'actualise et la fait vivre grâce à des détails pittoresques, peignant par exemple les petits soins du mari pour sa femme couchée : « le proudomme escoutera si elle dort, et avisera si elle a les braz bien cou vers, et la couvrera s'il est mestier » ( = s'il est besoin) (La première joye) , ou la robe du pauvre homme qui n'a pas été taillée pour lui, « car les coustures de dessus les espaules en chaient trop bas » (La quarte joye) , ou le couple à un pèlerinage au Puy-en-Auvergne, le bon mari écartant la foule pour frayer un passage à sa femme, « et Dieu sait s'il est bien empressé, et s'il a de bonnes coudées et de bons repoux » ( = s'il reçoit de bons coups de coude et de bonnes bourrades) (La huitième joye); l'exposé est très monotone et très gauche, mais rehaussé par des comparaisons expressives (les commères réunies chez la femme en l'absence du mari boivent du meilleur et font le guet vers le matin « pour corner Anglois de quinze lieues »; la fem e qui a un amant ne reçoit de plaisirs de son mari que « comme un tasteur de vins d'un rippopé après ung bon hypocras ou pineau »;. »

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