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Les yoles - de << Une servante >> à << sans se presser >> - Une partie de campagne de Maupassant

Publié le 14/09/2018

Extrait du document

maupassant

Écriture : des motifs symboliques

 

Le passage s'organise autour de trois motifs* successifs et convergents.

 

Le chat fait l'objet d'une longue description, à la mesure de l'intérêt que l'écrivain témoignait pour cet animal. << Sur les chats >> (1886), à la fois chronique et conte, évoque leur sensualité et «l'égoïsme perfide de leur plaisir» (II, 694).

Narration : la présence du narrateur

 

La présentation initiale des personnages s'achève avec ce passage. Lors de la commande du déjeuner, l'ordre et le contenu des répliques donnent un nouvel aperçu sur la hiérarchie familiale : les parents et la fille disent ce qu'ils attendent de leur partie de campagne, affichant naïvement leurs goûts de petits-bourgeois parisiens. La grand-mère et l'apprenti, qui n'ont pas droit à la parole, se font ensuite connaître en manifestant leur intérêt pour le chat et les bateaux.

 

Le narrateur conserve ici une distance critique par rapport aux personnages. La modalisation est manifeste dans les incises (<< articula>>, << répéta gravement >>, << disait il >>), l'emploi, pour rapporter les vantardises de M. Dufour, d'un langage familier (<< il se fichait de >>, << voire même que >>), du discours indirect libre et d'un vocabulaire péjoratif (<< pérorant >>).

Une servante étant venue, on commanda le déjeuner. " Une friture de Seine, un lapin sauté, une salade et du dessert ", articula Mme Dufour, d'un air important. " Vous apporterez deux litres et une bouteille de bordeaux ", dit son mari. " Nous dînerons sur l'herbe ", ajouta la jeune fille. La grand-mère, prise de tendresse à la vue du chat de la maison, le poursuivait depuis dix minutes en lui prodiguant inutilement les plus douces appellations. L'animal, intérieurement flatté sans doute de cette attention, se tenait toujours tout près de la main de la bonne femme, sans se laisser atteindre cependant, et faisait tranquillement le tour des arbres, contre lesquels il se frottait, la queue dressée, avec un petit ronron de plaisir. " Tiens ! cria tout à coup le jeune homme aux cheveux jaunes qui furetait dans le terrain, en voilà des bateaux qui sont chouette ! " On alla voir. Sous un petit hangar en bois étaient suspendues deux superbes yoles de canotiers, fines et travaillées comme des meubles de luxe. Elles reposaient côte à côte, pareilles à deux grandes filles minces, en leur longueur étroite et reluisante, et donnaient envie de filer sur l'eau par les belles soirées douces ou les claires matinées d'été, de raser les berges fleuries où des arbres entiers trempent leurs branches dans l'eau, où tremblote l'éternel frisson des roseaux et d'où s'envolent, comme des éclairs bleus, de rapides martins-pêcheurs. Toute la famille, avec respect, les contemplait. " Oh ! ça oui, c'est chouette ", répéta gravement M. Dufour. Et il les détaillait en connaisseur. Il avait canoté, lui aussi, dans son jeune temps, disait-il ; voire même qu'avec ça dans la main - et il faisait le geste de tirer sur les avirons- il se fichait de tout le monde. Il avait rossé en course plus d'un Anglais, jadis, à Joinville ; et il plaisanta sur le mot " dames ", dont on désigne les deux montants qui retiennent les avirons, disant que les canotiers, et pour cause, ne sortaient jamais sans leurs dames. Il s'échauffait en pérorant et proposait obstinément de parier qu'avec un bateau comme ça, il ferait six lieues à l'heure sans se presser.
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« mince de taille >>, est d' ailleurs explicite.

De même que la jeune fille inspire , les yoles (avec un arrêt à Médan ...

):< < Notre embarcatio n, si légère qu'un seul de nous peut la porter, longue, mince, élégante , vernie à se mirer dedans, membrée d'acajou, pointue comme une aiguille de bois, si plate qu'elle n'entre point dans l'eau et glisse dessus comme si elle patinait, si mince qu'un pied posé hors des planchers la crèverait aussitôt, si étroite qu'un mouvement brusque la ferait chavirer, nous ins­ pire autant d' affection qu'un être humain >> (Chr o., 2, 220) .

Enfin le martin-pêcheur et l'éclair bleu de son envol consti­ tuent un motif récurrent dans les paysages de rivière brossés par Maupassant.

Il figure notamment dans la chronique pré­ cédente : > ( Chr o.

, 2, 22 1), dans celle intitulée. »

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