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L'Histoire au XIXe siècle

Publié le 22/02/2012

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histoire

   Abordée par amour du pittoresque ou par conscience scientifique, l'Histoire a donné naissance à des œuvres qui doivent compter parmi les plus beaux monuments de notre littérature. Le rénovateur de l'esprit et du style historiques fut Augustin Thierry; le réalisateur le mieux doué au point de vue de l'art fut Michelet; Guizot, Renan et surtout Fustel de Coulanges se sont signalés par la sévérité croissante de leurs méthodes.    Augustin Thierry a exposé une conception nouvelle de l'histoire.    D'abord professeur, puis journaliste au service du parti libéral sous la Restauration, Augustin Thierry (1795-1856) finit par se vouer à l'étude exclusive de l'histoire.    Ses principes et sa méthode ont été d'abord déterminés par ses idées politiques.

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« Michelet a défini son dessein : faire de l'histoire « une résurrection de la vie intégrale ».

Au lieu d'étudier isolémentles règnes, les institutions, l'histoire politique de la France, il a voulu pénétrer « dans le détail des développementsdivers de son activité (religieuse, économique, artistique, etc.) » ; faire de l'histoire complète en reproduisant lesaspects et les classes de la nation à chaque heure du passé.

En plus des événements, il décrit les conditionsmatérielles de la vie (costumes, monuments) et surtout les conditions morales : croyances, passions, souffrancesdes chefs et de la masse. Pour simplifier, il incarne une époque ou un parti dans un personnage (saint Louis, Luther, Danton) qui en représenteau paroxysme les tendances.

Son symbolisme historique va jusqu'à lui faire prêter intelligence à des institutions, àdes choses, à la terre féodale qui attache l'homme à soi, à l'or, à l'imprimerie, etc.Mais, en dessous de ces grands hommes et de ces facteurs politiques ou physiques, Michelet atteint dans lesprofondeurs de la vie nationale l'évolution des forces morales, l'explosion des passions collectives.

On n'a jamaisréussi à nous arracher plus fortement du présent pour fondre nos façons de sentir avec celles de nos ancêtres. L'Histoire de France de Michelet est une œuvre de divination plutôt que de critique. La nouveauté de sa méthode consiste dans l'étendue de la documentation : examen direct et minutieux desarchives inédites : registres des communes, dossiers, chartes, mémoires, etc.

; recherches particulières sur les à-côtés négligés de l'histoire : questions juridiques, financières, pénales ; études sur le commerce, l'armement, lasorcellerie, etc.

; — renseignements fournis par la géographie, l'archéologie mobilière ou monumentale, la médecine.Avec une ingéniosité étonnante, Michelet tire éclaircissement d'une œuvre d'art, d'un livre, d'un portrait ; il notetoute innovation survenue dans les mœurs (le café, le tabac), observe très diligemment les conditions de la vieprivée : logement, ressources, acquisition de la terre, charges de dettes ou impôts. Pour donner la vie et l'unité à cette poussière de détails, Michelet fait constamment appel à l'imagination.

Il s'en sertnotamment pour deviner la pensée intime, les sentiments des hommes.

Il reconstitue les conflits, les haines, lesespérances d'autrefois : il a, disait Taine, l'imagination du cœur.

L'histoire devient donc œuvre de sympathie.

C'estune constante évocation morale, saisissante mais purement arbitraire.

Michelet n'a pas dissimulé la part de lyrismequ'entraînait une telle conception : « Ma vie fut en ce livre, elle a passé en lui ». Dans la seconde partie de l'histoire apparaissent les inconvénients de semblables principes.

Si la méthode et lavaleur narrative restent à peu près les mêmes, l'interprétation est totalement différente : au parti pris de tout aimerpour mieux comprendre succèdent l'indignation, l'hostilité.

Michelet juge l'Ancien Régime au point de vuedémocratique et révolutionnaire ; aigri par ses déceptions politiques, il n'a que haine pour la monarchie, l'Église, lesJésuites : « J'ai bu trop d'amertumes.

J'ai avalé trop de fléaux, trop de vipères et trop de rois ».Guizot et Tocqueville ont donné, dès l'époque romantique, l'exemple d'un art plus sobre. Les tendances littéraires de Thierry autant que de Michelet décèlent l'influence du romantisme, un souvenir plus oumoins sensible de Walter Scott et de Chateaubriand.

D'autres auteurs ont essayé de réaliser un idéal plusscientifique d'histoire impersonnelle et objective. • Guizot (1787-1874), homme d'État éminent, historien consciencieux, a étudié spécialement l'Histoire de laCivilisation en France et la Révolution d'Angleterre.

Esprit impartial, très solidement informé, il a plutôt décrit lesinstitutions : principes du régime féodal au Moyen Age, origines de la monarchie constitutionnelle en Angleterre. • Alexis de Tocqueville (1805-1859), magistrat distingué, pour définir les principes essentiels d'un régime, dirigeantses recherches sur un pays entièrement neuf, a analysé les causes et les effets de La Démocratie en Amérique;dans un tableau de L'Ancien Régime, il a apporté des clartés décisives sur l'administration centrale et provinciale enFrance avant 1789. Thiers (1797-1877), compilateur actif et « intelligent », a étudié en détail le Consulat et l'Empire, apportant uneattention particulière à la « partie technique » de l'histoire : administration, finances, guerre, diplomatie. Ernest Renan, historien et philosophe, s'est spécialisé dans les questions d'histoire religieuse. Né en Bretagne à Tréguier, Ernest Renan (1823-1892) fut séminariste, puis, renonçant à sa vocation, il se consacraaux études syriaques et hébraïques, indifférent aux discussions passionnées que provoqua la publication de sestravaux sur les faits religieux (1863-1869).

Dans ses dernières années il se tourna en amateur et en artiste vers laphilosophie (1876-1886) et eut une vogue très grande dans les milieux intellectuels. Caractère impressionnable et ondoyant, Renan a conservé l'empreinte des influences très diverses qui ont agi sur lui: celle de son entourage familial (sa mère et sa sœur Henriette), celle de son éducation « cléricale » et studieuse,celles plus profondes encore et contradictoires du mysticisme celtique, de la philosophie allemande (Herder, Strauss)et du positivisme contemporain (cf.

Souvenirs d'enfance et de jeunesse).

Au point de vue moral, il offre un mélangede douceur, de mélancolie et de rêverie chimérique ; au point de vue intellectuel, il a la curiosité scientifique, lapatience, le goût des idées et une répugnance absolue à admettre des convictions arrêtées, des « dogmes », quelsqu'ils soient.. »

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